Samedi des défunts
Après-fête de la sainte rencontre de notre Seigneur. Sainte Agathe, martyre à Catane (251) ; sainte martyre Théodulie et martyrs Hellade, Macaire et Évagre (vers 304) et martyrs saint Théodose, archevêque de Tchernigov (1696) ; saint Avit, évêque de Vienne (525) ; saint Voue, reclus à Soissons (vers 700) ; saint Antoine d’Athènes, néo-martyr grec (1774).
SAINTE AGATHE
Sainte Agathe, une des plus illustres martyres d’Occident, était issue d’une noble et riche famille de Catane en Sicile. Depuis son plus jeune âge, elle s’était appliquée à rehausser sa rare beauté par l’ornement plus précieux de la vraie foi et des saintes vertus, en se consacrant tout entière au Seigneur. Au temps de la persécution de Dèce (251), alors qu’elle n’était âgée que de quinze ans, elle fut arrêtée sur l’ordre du préfet Quintien et traduite devant son tribunal. Séduit par sa beauté et avide de s’accaparer ses richesses, celui-ci chercha à faire d’elle son épouse et, pour la convaincre, il la livra à une femme de mauvaise vie, Aphrodise, qui pendant un mois entier essaya vainement de la faire céder. Mais, fondée sur le roc inébranlable de la foi, la jeune fille restait imperturbable devant les promesses et les attraits des plaisirs mondains. Comme Aphrodise s’était avouée vaincue, en disant qu’il serait plus facile de changer la nature du fer ou de la pierre que la résolution de cette jeune vierge, Quintien la fit convoquer et l’interrogea sur son origine. « Si tu es de noble condition, dit-il, pourquoi te comportes-tu comme une esclave ? » — « C’est que je suis servante du Christ, reprit Agathe, et tout serviteur du Christ est vraiment la plus libre de toutes les créatures, car il acquiert par sa grâce la maîtrise de soi. » Comme elle continuait de se moquer des dieux qu’on voulait lui faire adorer, le préfet la fit frapper au visage et jeter en prison, en attendant de décider à quels supplices il la livrerait.
Le lendemain, lors du second interrogatoire, la sainte, sommée de sacrifier pour avoir la vie sauve, répondit que c’est le Christ, Fils du Dieu vivant, qui est notre seul salut. Étendue sur le chevalet, elle fut alors flagellée et, tandis qu’on lui labourait le corps avec des crochets de fer et qu’on lui passait des torches sur ses plaies, elle s’écriait : « Ces tortures que tu m’infliges sont pour moi l’occasion d’une grande joie, car, de même qu’on ne range pas le grain dans le silo avant de l’avoir débarrassé de sa balle en le battant sur l’aire, de même pour mon âme, il ne lui sera pas possible d’atteindre la gloire de l’éternelle béatitude si elle n’est pas séparée de mon corps par les tourments. » Le tyran furieux lui fit alors couper les seins et ordonna de la jeter dans son cachot en ne lui procurant aucun soin. Mais, en pleine nuit, le saint Apôtre Pierre lui apparut, précédé de son Ange Gardien, au milieu d’une brillante lumière, et il la guérit complètement de toutes ses blessures.
Le quatrième jour, Quintien fit comparaître de nouveau Agathe devant lui et, sans s’émouvoir de sa guérison miraculeuse, il ordonna de dépouiller la sainte de ses vêtements, et de la rouler sur des fragments de pots cassés et sur des charbons ardents répandus sur le sol. Un tremblement de terre ébranla soudain toute la région et fit s’écrouler une partie du palais. Le peuple de Catane effrayé courut vers le prétoire et menaça le préfet de le faire brûler avec le reste de son palais, s’il ne relâchait pas la sainte martyre, cause de cette vengeance divine. On interrompit le supplice et la sainte fut remise en prison. Elle y pria le Seigneur, qui lui avait donné la grâce de la constance dans les tourments, de lui accorder désormais de voir la gloire de sa Face, et elle rendit son âme.
Aussitôt qu’ils apprirent la nouvelle, les habitants de la cité se précipitèrent vers la prison avec myrrhe et aromates, et procédèrent à ses funérailles. Au moment où ils plaçaient son corps dans un tombeau de porphyre, l’Ange Gardien de la sainte apparut dans la ville, sous la forme d’un brillant jeune homme escorté d’une centaine d’enfants vêtus de blanc, et il vint placer sur le tombeau une plaque de marbre sur laquelle était gravée l’inscription suivante : « Âme sainte, dévouée. Honneur de Dieu. Protection de la patrie. » Puis il disparut.
Comme l’inique Quintien avait entrepris de s’emparer des biens de sainte Agathe, il fut renversé en chemin par ses chevaux et disparut, englouti dans les eaux du fleuve. L’année suivante, au jour anniversaire de la mort de la sainte, l’Etna entra en irruption et une coulée de lave menaça de réduire en cendres la ville de Catane. Les païens eux-mêmes se précipitèrent alors avec les chrétiens vers le tombeau de la sainte, ils prirent le voile qui le recouvrait et le placèrent, tel un bouclier, face au fleuve de feu, qui s’arrêta sur-le-champ. Le même miracle s’est répété bien des fois dans la suite des siècles, c’est pourquoi sainte Agathe est vénérée avec ferveur comme la protectrice de la ville de Catane, et son culte s’est largement répandu tant en Occident qu’en Orient.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la sainte Rencontre, ton 1
Réjouis-toi, ô Pleine de grâce, Vierge Mère de Dieu, car de toi s’est levé le Soleil de Justice, le Christ notre Dieu, illuminant ceux qui sont dans les ténèbres. Sois aussi dans l’allégresse, juste vieillard, qui as reçu sur tes bras Celui qui libère nos âmes et nous donne la Résurrection.
Tropaire du samedi des défunts, ton 8
Ô Toi qui, dans Ta profonde sagesse disposes toutes choses avec amour des hommes et distribues à chacun ce qui lui convient, ô seul Auteur de la création, donne le repos, Seigneur, aux âmes de Tes serviteurs. Car en Toi ils ont placé leur espérance, Toi le Créateur, l’Artisan de la création et notre Dieu.
Kondakion des défunts, ton 8
Fais reposer avec les Saints, ô Christ, les âmes de tes serviteurs, là où il n’y a ni douleur ni tristesse, ni gémissements, mais la vie éternelle.
Kondakion de la fête de la Ste Rencontre, ton 1
O Toi qui as sanctifié par Ta naissance le sein virginal et qui as béni, comme il le fallait, les bras de Siméon, Tu es venu, Christ Dieu, nous sauver en ce jour. Dans ses guerres, donne la paix à Ta cité et affermis les chrétiens orthodoxes que Tu as aimés, Toi seul Ami des hommes.
ÉPITRE DU JOUR
1 Cor. X, 23-28
Tout m’est permis, mais tout n’est pas profitable ; tout m’est permis, mais tout n’édifie pas. Que personne ne cherche son propre intérêt, mais que chacun cherche celui d’autrui. Mangez de tout ce qui se vend au marché, sans vous enquérir de rien par motif de conscience ; car la terre est au Seigneur, et tout ce qu’elle renferme. Si un non-croyant vous invite et que vous vouliez aller, mangez de tout ce qu’on vous présentera, sans vous enquérir de rien par motif de conscience. Mais si quelqu’un vous dit : Ceci a été offert en sacrifice ! N’en mangez pas, à cause de celui qui a donné l’avertissement, et à cause de la conscience.
I Thess. IV, 13-17 (défunts)
Nous ne voulons pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance au sujet de ceux qui dorment, afin que vous ne vous affligiez pas comme les autres qui n’ont point d’espérance. Car, si nous croyons que Jésus est mort et qu’il est ressuscité, croyons aussi que Dieu ramènera par Jésus et avec lui ceux qui sont morts. Voici, en effet, ce que nous vous déclarons d’après la parole du Seigneur: nous les vivants, restés pour l’avènement du Seigneur, nous ne devancerons pas ceux qui sont morts. Car le Seigneur lui-même, à un signal donné, à la voix d’un archange, et au son de la trompette de Dieu, descendra du ciel, et les morts en Christ ressusciteront premièrement. Ensuite, nous les vivants, qui seront restés, nous serons tous ensemble enlevés avec eux sur des nuées, à la rencontre du Seigneur dans les airs, et ainsi nous serons toujours avec le Seigneur.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc XXI, 8-9, 25-27, 33-36
Jésus répondit: Prenez garde que vous ne soyez séduits. Car plusieurs viendront en mon nom, disant: C’est moi, et le temps approche. Ne les suivez pas. Quand vous entendrez parler de guerres et de soulèvements, ne soyez pas effrayés, car il faut que ces choses arrivent premièrement. Mais ce ne sera pas encore la fin. Il y aura des signes dans le soleil, dans la lune et dans les étoiles. Et sur la terre, il y aura de l’angoisse chez les nations qui ne sauront que faire, au bruit de la mer et des flots, les hommes rendant l’âme de terreur dans l’attente de ce qui surviendra pour la terre; car les puissances des cieux seront ébranlées. Alors on verra le Fils de l’homme venant sur une nuée avec puissance et une grande gloire. Le ciel et la terre passeront, mais mes paroles ne passeront point. Prenez garde à vous-mêmes, de crainte que vos cœurs ne s’appesantissent par les excès du manger et du boire, et par les soucis de la vie, et que ce jour ne vienne sur vous à l’improviste; car il viendra comme un filet sur tous ceux qui habitent sur la face de toute la terre. Veillez donc et priez en tout temps, afin que vous ayez la force d’échapper à toutes ces choses qui arriveront, et de paraître debout devant le Fils de l’homme.
Jn V, 24-30 (défunts)
En vérité, en vérité, je vous le dis, celui qui écoute ma parole, et qui croit à celui qui m’a envoyé, a la vie éternelle et ne vient point en jugement, mais il est passé de la mort à la vie. En vérité, en vérité, je vous le dis, l’heure vient, et elle est déjà venue, où les morts entendront la voix du Fils de Dieu; et ceux qui l’auront entendue vivront. Car, comme le Père a la vie en lui-même, ainsi il a donné au Fils d’avoir la vie en lui-même. Et il lui a donné le pouvoir de juger, parce qu’il est Fils de l’homme. Ne vous étonnez pas de cela; car l’heure vient où tous ceux qui sont dans les sépulcres entendront sa voix, et en sortiront. Ceux qui auront fait le bien ressusciteront pour la vie, mais ceux qui auront fait le mal ressusciteront pour le jugement. Je ne puis rien faire de moi-même: selon que j’entends, je juge; et mon jugement est juste, parce que je ne cherche pas ma volonté, mais la volonté de celui qui m’a envoyé.