Grand Carême
Saint Théophilacte, évêque de Nicomédie, confesseur (842-845) ; saint Hermès, apôtre (Ier s.) ; saint Dométien (363) ; saint Théodoret, prêtre d’Antioche (vers 363) ; saint Paul de Plousias en Bithynie, confesseur (IXème s.) ; saints Lazare (1391) et Athanase de Mourom (XVème s.) ; saints néo-martyrs de Russie : Jean (Znamensky), prêtre (1923), Vladimir (Ouchkov) (1942).
SAINT THÉOPHYLACTE DE NICOMÉDIE

D’origine modeste, notre saint Père Théophylacte (né vers 765) quitta sa patrie, encore jeune, pour se rendre à Constantinople, où il entra au service de saint Taraise [25 fév.], alors que ce dernier était encore protasécrètis. Lorsque Taraise fut élevé, par la volonté de Dieu, sur le trône patriarcal (784), Théophylacte devint moine dans le monastère que Taraise avait fondé sur la rive gauche du Bosphore, en compagnie de saint Michel, le futur évêque de Synnades [23 mai]. Les deux amis spirituels rivalisaient dans les combats ascétiques, méditant nuit et jour la parole de Dieu et repoussant tout plaisir ou satisfaction de la chair. Un jour d’été, alors que tous les moines étaient accablés par les ardeurs de la soif, ils ouvrirent en grand la citerne du monastère et laissèrent l’eau se répandre à terre, sans en boire une goutte. Ils affinèrent ainsi à tel point la lourdeur de la chair que la grâce de Dieu vint habiter en leur âme et se répandait aussi sur leur corps, faisant des deux saints des images vivantes de la vertu. Saint Taraise, ne voulant pas laisser cacher sous le boisseau la lumière de ses deux disciples, les éleva contre leur gré à la dignité épiscopale : saint Michel comme métropolite de Synnades, en Phrygie, et saint Théophylacte pour l’illustre cité de Nicomédie en Bithynie.
Le nouveau pasteur, imitant l’œuvre accomplie par son père spirituel à Constantinople, ne se contenta pas d’enseigner la vraie foi et de montrer en sa personne le modèle de la conduite évangélique, mais il entreprit aussi avec diligence toute une série d’œuvres de bienfaisance. Comme saint Basile autrefois à Césarée, il fonda à Nicomédie une véritable cité de la charité : il fit construire des maisons à deux étages avec tout ce qui était nécessaire pour l’accueil et le soin des malades, organisa un hôpital avec médecins et infirmiers, dans lequel on se préoccupait aussi bien de la guérison de l’âme que de celle du corps, et il fit édifier à proximité une église dédiée aux saints Anargyres Cosme et Damien. Père des orphelins et protecteur des veuves, il se penchait avec compassion sur les besoins de toutes ses brebis spirituelles. À l’exemple de saint Taraise, il avait fait établir des registres mentionnant les noms de tous les indigents de la cité, afin de leur distribuer une aumône mensuelle. Chaque semaine, à l’issue d’une vigile nocturne, il offrait un bain chaud aux malades de ses hôpitaux et, ceint d’un linge comme le Christ, il allait lui-même essuyer leurs plaies.
Saint Théophylacte gouverna son Église dans la paix jusqu’au jour où une nouvelle persécution contre les saintes icônes fut suscitée à l’instigation du nouvel empereur Léon V l’Arménien (813-820). Dans tout l’Empire, on recommençait à détruire les icônes et à pourchasser les moines, en les soumettant aux pires avanies. En 815, le saint patriarche Nicéphore [2 juin] rassembla dans la capitale une foule de moines, d’higoumènes et d’évêques orthodoxes, parmi lesquels se trouvaient saints Euthyme de Sardes [26 déc.], Émilien de Cyzique [8 août], Joseph de Thessalonique [14 juil.], Eudoce d’Amorium, Michel de Synnades et notre Père Théophylacte. Sans craindre la colère de l’empereur, ils se présentèrent, tel un seul homme, unis par leur foi inébranlable, et lui démontrèrent le bien-fondé de la vénération des saintes icônes. Mais tous leurs efforts se heurtèrent à la mauvaise volonté du souverain et de ses théologiens de cour. En entendant leurs arguments, Léon entra dans une violente colère et ordonna de déposer le patriarche et d’exiler en différents endroits ces vaillants confesseurs. Après avoir eu la barbe arrachée et avoir été cruellement frappé, saint Théophylacte fut envoyé dans la forteresse de Strobilos, dans le thème des Cibyrrhéotes. Il y demeura pendant presque trente ans, sans pouvoir profiter de l’amnistie accordée par l’empereur Michel II lors de son avènement (820), et supporta patiemment tous les mauvais traitements en continuant de prendre soin à distance de son Église. Assidu aux longues prières de nuit pour le salut du peuple et la confirmation de l’Orthodoxie, il entretenait une vaste correspondance dans laquelle il exhortait les uns à renoncer aux avantages matériels et aux vains honneurs que procuraient les iconoclastes pour revenir à la vraie foi et prendre leur croix, et encourageait les autres à tenir bon jusqu’à la mort au moment de la confession. Dans une de ses lettres, saint Théodore Stoudite l’appelle son père : « La colonne de la vérité, le fondement de l’Orthodoxie, le gardien de la piété et le soutien de l’Église » . Malgré sa situation d’exilé, Théophylacte s’informait des besoins des pauvres et des éprouvés, afin de leur venir en aide. Quiconque l’approchait pour jouir du miel de ses paroles en était transformé et le quittait, oubliant son affliction et rendant grâce à Dieu.
Ajoutant au martyre non sanglant de la confession de la Foi celui d’une longue maladie qu’il endurait sans murmure, saint Théophylacte rendit son âme au Seigneur vers l’an 840. Lorsque la pieuse impératrice Théodora entreprit de restaurer l’Orthodoxie et de rappeler d’exil les confesseurs (843), le patriarche saint Méthode fit ramener les reliques de saint Théophylacte à Nicomédie, où elles furent déposées dans l’église Saints Cosme-et-Damien, et son nom fut placé parmi les confesseurs de la foi dans le Synodikon de l’Orthodoxie.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Théophylacte, ton 6
Tu menas une vie cachée, Bienheureux, / mais à tous les hommes le Christ te montra / en te plaçant comme un flambeau / annonçant la divine clarté / et te remit les tables des enseignements spirituels: / par eux, Théophylacte, nous t’en prions, éclaire-nous.
Kondakion de saint Théophylacte, ton 2
De ta lumière tu éclairas l’univers, / pontife Théophylacte, comme un flambeau; / proclamant le Verbe consubstantiel au Père et à l’Esprit, / tu fis resplendir l’assemblée des saints Pères / et te montras un serviteur de la divine Trinité; / en sa présence, intercède sans cesse pour nous.
Lectures de l’Ancien Testament
Isaïe XXV, 1-9
Seigneur Dieu, je Te glorifierai, je louerai Ton nom, parce que Tu as fait des choses merveilleuses, selon Ton conseil antique, fondé sur la vérité. Qu’il en soit ainsi. Tu as réduit des villes en des monceaux de ruines, des villes fortes, dont les fondations ne devaient point faillir ; la ville des impies ne sera point réédifiée dans l’avenir. C’est pourquoi un peuple pauvre Te bénira, et les villes des hommes Te béniront. Car Tu es le protecteur de toute humble cité, Tu es l’abri du pauvre en son indigence; Tu les sauveras des méchants, Toi, abri de ceux qui ont soif, Toi, rafraîchissement des opprimes. Nous étions défaillants dans Sion, comme des hommes consumés par la soif, à cause des impies auxquels Tu nous as livrés. Et le Seigneur Dieu des armées préparera un festin pour tous les gentils; sur cette montagne ils boiront la joie, en buvant le vin, ils se parfumeront de myrrhe. Sur cette montagne, ils seront livrés à la transmission [de la doctrine]. Donnez toutes ces choses aux gentils ; car sur les gentils repose le conseil de Dieu. La mort, ayant prévalu, dévorera les hommes, et de nouveau le Seigneur séchera les larmes de tous les visages; Il effacera sur toute la terre l’opprobre de son peuple; car la bouche du Seigneur a parlé. Et en ce jour on dira : Voici notre Dieu, en qui nous espérons, Il nous sauvera. Voici le Seigneur, c’est Lui que nous attendions ; et nous avons tressailli d’allégresse, et nous nous réjouirons en Celui qui est notre salut.
Genèse IX, 8-17
Et Dieu parla à Noé et à ses fils, disant : Je rétablis mon alliance avec vous, avec votre postérité, Avec toute âme vivante, oiseaux et bestiaux, et avec toutes les bêtes fauves de la terre qui sont sorties de l’arche avec vous. J’établirai mon alliance en votre faveur ; la chair ne périra pas de nouveau par le déluge, et il n’y aura plus de déluge qui détruise la terre. Et le Seigneur Dieu dit à Noé : Voici le signe de l’alliance que j’établis entre moi et vous et toute âme vivante, pour toutes les races futures : Je place mon arc dans la nue, et il sera le signe de mon alliance avec la terre. Lorsque Je rassemblerai les nuées sur la terre, l’arc paraîtra dans la nue. Et Je me souviendrai de mon alliance avec vous et avec toute âme vivante et toute chair, et il n’y aura plus de déluge qui détruise toute chair. Mon arc sera dans la nue ; et à sa vue je me souviendrai de l’alliance éternelle entre moi et la terre, et toute âme vivante et toute chair qui est sur la terre. Dieu dit à Noé : Tel est le signe de l’alliance que j’ai établie entre moi et toute chair qui est sur la terre.

Proverbes XII, 8-22
On loue la bouche d’un homme intelligent ; les esprits vains sont moqués. Mieux vaut être obscur et utile à soi-même, que se glorifier en manquant de pain. Le juste est compatissant, même pour la vie de ses bestiaux ; les entrailles des impies sont sans pitié. Qui travaille à sa terre se rassasiera de pain ; mais ceux qui poursuivent des vanités sont dépourvus d’intelligence. Celui qui se plaît aux assemblées des buveurs léguera la honte à sa maison. Les désirs des impies sont mauvais ; les racines des hommes pieux sont indestructibles. Par le péché même de ses lèvres, le pécheur tombe en des filets ; le juste y échappe, et celui dont l’œil est bon excite l’indulgence ; celui qui se dispute aux portes irrite les âmes. L’âme de l’homme sera remplie de biens provenant de sa bouche, et ses lèvres recevront leur récompense. Les voies des insensés sont droites à leurs yeux ; le sage écoute les conseils. L’insensé à l’instant même montre sa colère ; l’homme habile renferme en lui-même l’outrage qu’il a reçu. Le juste déclare la pleine vérité ; le témoin des méchants est trompeur. Il en est dont les paroles blessent comme des glaives ; la langue des sages guérit. Des lèvres véridiques n’ont point de détours sans leur témoignage ; le témoin précipité a une langue inique. La fraude est dans le cœur de celui qui machine le mal ; ceux qui veulent la paix seront dans la joie. Rien d’injuste ne plaira au juste ; les impies sont remplis de mal. Les lèvres trompeuses sont en abomination au Seigneur ; Il agrée l’homme de bonne foi.