Jean Tchékan s’est endormi dans le Seigneur mercredi 21 juillet au terme d’une longue maladie. Né en 1933, fils du père Alexandre et de Marie de Miller, père de deux garçons et grand-père plusieurs fois, Jean Tchékan a été pour beaucoup un phare, un guide dans l’orthodoxie du XXe siècle. Il a étudié à l’Institut Saint-Serge. Il a enseigné le russe à l’université des Langues orientales (aujourd’hui Inalco). Parallèlement à sa vie familiale et professionnelle, il a démarré très jeune le « journalisme orthodoxe » en créant ou en participant activement à différentes revues, entre autres le journal des scouts russes ou, toujours en russe, le bulletin « Le Clou », puis le bulletin de la Jeunesse orthodoxe en langue française. C’est ainsi que naturellement il a co-fondé le Service orthodoxe de presse (SOP), qui est devenu très rapidement une référence dans l’orthodoxie non seulement francophone mais aussi internationale.
Il avait une grande soif de connaissance de l’Église. Sa connaissance de la théologie, de l’ordo et de la pratique liturgique faisait de lui un véritable passeur. Il avait un véritable don pour la pédagogie. Un certain nombre de ses élèves de russe ont été affermis dans leur foi ou ont rencontré l’orthodoxie par son intermédiaire.
Les funérailles seront célébrées mardi prochain, 27 juillet, au monastère de la Protection de la Mère de Dieu à Bussy en Othe.
08h00 : divine liturgie
10h30 : funérailles
Voici quelques extraits de témoignages de sa grande présence spirituelle :
De Y. P. :
« J’ai apprécié son écoute, son attention, sa compréhension. Et aussi sa clarté, sa précision dans l’exposition des faits, son objectivité et son discernement, et surtout, l’absence de jugement de valeur sur les personnes évoquées. »
« Jean était le contraire d’un hypocrite. Il prenait les gens tels qu’ils étaient et non pas comme il aurait voulu qu’ils soient. »
« Tout ce que disait Jean était toujours solidement étayé et fondé. Il ne se contentait jamais de dire: « c’est la tradition, c’est comme ça! » Il y avait toujours une explication, une source. Il y avait chez lui à la fois une grande rigueur, un solide enracinement dans la tradition, mais une tradition vivante et non figée, donc une véritable ouverture d’esprit, sans compromission, et une vision de l’Église que nous sommes encore nombreux à partager avec lui, malgré toutes les difficultés.
Disons encore que ses connaissances, théologiques et autres, étaient aussi des connaissances vivantes. En fait, ce que disait Jean tenait la route, parce qu’il le vivait vraiment. Il y avait une véritable adéquation entre ce qu’il disait et ce qu’il vivait. »
« J’allais écrire: ll vient de s’éteindre. Mais je n’en suis pas sûr. (…) La mort est souvent associée à l’idée de repos éternel. Mais je ne marche pas. Et aujourd’hui, j’aurai encore une chose à dire à Jean: « Non, Jean. Pas question de te reposer. Tu vas continuer à travailler. Tu vas continuer à briller dans la nuit, comme le phare que tu as été, que tu es encore, et que tu seras toujours. »
De Carol Saba :
« Que de dîners chez lui, chez nous, chez Antoine (Nivière) et tant d’autres du petit monde orthodoxe parisien et/ou de la Fraternité orthodoxe en Europe occidentale, pour refaire le monde orthodoxe, pour éviter le pire, pour gérer les crises et pour oeuvrer pour le bien et le bon … Des souvenirs inoubliables avec notre chère Xenia son épouse qui a été avec une sainte patience, la complice de tous ses combats, jusqu’au bout… »
« Jean était aussi un excellent pédagogue et catéchète avec doigté … La transmission tant pour lui que pour Xenia était au coeur du témoignage de l’orthodoxie et de sa mission dans le monde d’aujourd’hui, ici et maintenant ! Que de personnes, jeunes et moins jeunes, étudiantes et étudiants, qui étaient en recherche, ont été introduits en Orthodoxie par des échanges et des discussions autour d’un verre chez lui, ou d’un repas devant sa belle bibliothèque murale où les icônes, les photos de famille et les livres se faisaient concurrence pour être et paraître. »
« Ces quelques paroles d’hommage à mon ami pour l’accompagner avec nos prières à la Maison du Père pour retrouver la Sainte Face du Ressuscité, ne constituent pas encore le bel hommage que mérite ce serviteur INFATIGABLE du Christ et de l’Église. »
« Entre, serviteur de Dieu Jean, dans la joie de ton Maître ! Mémoire éternelle ! »
Du père Michel Kubler, ancien rédacteur en chef du journal « La Croix » :
« J’ai connu dans le monde ecclésial peu d’hommes à la fois si fidèles et si libres. Ancien informateur religieux, chargé notamment de l’orthodoxie, j’ai une dette de reconnaissance infinie envers Jean, à la fois pour le positionnement exemplaire et la fiabilité remarquable du SOP, et pour sa disponibilité de tous les instants, avec une patience méritoire pour expliquer les mystères de l’Orient chrétien et les arcanes inter-orthodoxes à l’hétérodoxe invétéré que j’étais. A Dieu, mon frère ! »