Le patriarche œcuménique Bartholomée a appelé à la paix en Ukraine après la divine Liturgie du dimanche du Publicain et du Pharisien.
Nous vous proposons de lire le texte de son intervention ci-dessous :
Honorables consuls généraux,
Enfants bien-aimés dans le Seigneur,
En ce dimanche, consacré à la parabole du Publicain et du Pharisien, marquant l’entrée dans une période de pénitence, de jeûne et de luttes ascétiques en préparation de la sainte et grande Pâques, nous sommes invités à prier avec ferveur de tout notre cœur pour le maintien de la paix en Ukraine.
En effet, la possibilité d’une nouvelle guerre en Europe, découlant de l’escalade de la rhétorique violente et de la militarisation des frontières entre la Russie et l’Ukraine, doit être combattue sans hésitation. Nous appelons à une paix durable, à la stabilité et à la justice dans la région.
La paix est une question de choix et doit être partagée par toutes les forces engagées dans ce contexte géopolitique extrêmement complexe et sensible. Notre devoir à tous est de prier et de contribuer activement à la résolution pacifique des situations de conflit et au respect et à la protection inconditionnels des droits et de la dignité de l’homme. Les conflits humains peuvent très bien être une fatalité dans ce monde déchu et brisé, mais la guerre et la violence doivent certainement être combattues de toutes les forces de notre être.
Les Grecs anciens parlaient de la « paix » (εἰρήνη) comme d’un état « excessivement riche et immensément fécond » (βαθύπλουτος καὶ βαθύκαρπος). Ils adoraient la paix comme une déesse, représentée avec son fils Plutos (Richesse) en son sein. Plus proche de notre époque, Benjamin Franklin nous rappelait qu’ « il n’y a jamais eu de bonne guerre ni de mauvaise paix ».
La guerre ne peut paraître douce qu’à ceux qui ne l’ont pas vécue (γλυκὺ δὲ πόλεμος ἀπείροισιν). En effet, si nous permettons à nos cœurs et à nos esprits de s’exprimer librement, sans aucune crainte ni passion, ils ne parleront certainement pas en faveur de la guerre, mais ils loueront sans équivoque la paix.
Nous croyons fermement qu’il n’y a pas de solution possible pour préserver et garantir la paix en dehors de la voie du dialogue, qui abolit les éléments qui conduisent à la violence et à la guerre.
La paix naît du respect mutuel et de la coopération. Dans un environnement d’incertitude croissante concernant les affaires humaines, la parole de l’Église doit être un message clair de réconciliation et de paix, d’amour et de justice, de fraternité et de solidarité.
Nous appelons toutes les parties concernées à poursuivre sur cette voie du dialogue et du respect du droit international, afin de mettre un terme au conflit et de permettre à tous les Ukrainiens de vivre en harmonie. Les armes ne sont pas la solution.
Au contraire, elles ne peuvent que promettre la guerre et la violence, la tristesse et la mort. Comme l’a récemment déclaré notre bien-aimé frère François, le pape de Rome : « N’oublions pas : la guerre est une folie ».
Tous les ministres de l’Église, tous les représentants des traditions religieuses, tous ceux qui sont en position d’autorité, toutes les personnes de bonne volonté, chacun d’entre nous, devraient appeler à une résolution pacifique de cette dangereuse escalade de mots et de moyens qui pèse lourdement et dangereusement sur la tête du peuple ukrainien.
Le silence et l’indifférence ne sont pas une option. Il n’y a pas de paix sans une vigilance constante. Par conséquent, nous sommes tous « condamnés » à la paix, ce qui signifie, destinés à la lutte permanente pour son établissement et sa défense.
Que le Dieu de l’amour et de la paix vous bénisse tous !