Au cours de la divine liturgie célébrée le 14 décembre dernier dans la cathédrale Saint-Alexandre-Nevski à Paris, l’archimandrite Augustin (McBeth) a été ordonné évêque de Taldom par l’imposition des mains du métropolite Jean de Doubna et des évêques concélébrants Mgr Simon de Bruxelles et de Belgique et Mgr Siméon de Domodedovo.
Le déroulement de l’ordination
L’entrée solennelle
Au chant du Trisaghion (« Saint Dieu, saint Fort, saint Immortel »), l’archimandrite élu, accompagné du protopresbytre et du protodiacre, est entré dans le sanctuaire pour recevoir la bénédiction du métropolite. Après être ressortis par la porte nord, deux évêques l’ont accueilli devant les portes royales pour le conduire vers la sainte table.
La prosternation et l’imposition de l’Évangile
L’ordinand a alors ôté sa mitre et s’est agenouillé devant l’autel, croisant les mains et posant la tête sur celles-ci dans un geste d’humilité et d’offrande totale. Le métropolite et les évêques ont posé sur sa tête l’évangéliaire ouvert, les pages tournées vers le bas – geste symbolique puissant signifiant que le nouvel évêque sera jugé selon l’Évangile et devra conformer toute sa vie à la parole de Dieu.
La proclamation de l’élection
Le deuxième évêque a alors proclamé : « Soyons attentifs ! » Et le métropolite Jean a solennellement déclaré :
« Par l’élection et l’approbation des évêques bien-aimés-de-Dieu et de toute la sainte assemblée, la Grâce divine, qui guérit toujours les faiblesses et supplée aux déficiences, promeut l’archimandrite aimé-de-Dieu Augustin, élu évêque de la cité gardée-de-Dieu de Taldom. Prions donc pour lui, afin que vienne sur lui la grâce du Très-Saint-Esprit. »
Cette formule exprime une théologie essentielle : ce n’est pas l’Église qui confère l’épiscopat par ses propres forces, mais la grâce divine qui agit par le ministère des évêques.
L’épiclèse et la prière d’ordination
Tandis que les évêques tenaient l’évangéliaire, le métropolite a tracé un triple signe de croix sur la tête de l’ordinand, invoquant la Sainte Trinité. Puis tous les évêques ont posé la main droite sur la tête de celui qui allait recevoir la grâce épiscopale – geste qui manifeste la succession apostolique ininterrompue depuis les apôtres.
Le métropolite a alors prononcé la première prière d’ordination, invoquant le Christ qui a institué les différents degrés du ministère ecclésial : « Toi-même, Seigneur de toute chose, comme Tu as revêtu de force les saints apôtres et les prophètes, oint les rois et sanctifié les hiérarques, par l’imposition de nos mains, nous les évêques ici présents, fortifie celui qui a été élu et jugé digne de porter le joug de l’Évangile et la dignité épiscopale… »
L’ecténie et la seconde prière
Pendant qu’un évêque proclamait une ecténie spéciale pour le nouvel ordonné, le métropolite, maintenant toujours sa main sur sa tête, a dit la seconde prière d’ordination, demandant à Dieu de faire du nouvel évêque un imitateur du Christ, le Bon Pasteur : « Fais de celui qui a été désigné comme intendant de la grâce épiscopale – ton imitateur, Toi le Pasteur véritable qui donnes sa vie pour ses brebis et guides les aveugles… »
La remise des insignes épiscopaux : les « Axios »
Après les prières d’ordination, le nouvel évêque a été revêtu des ornements qui distinguent l’épiscopat dans la tradition orthodoxe. À chaque remise d’insigne, le métropolite l’a présenté au peuple en proclamant « Axios ! » (« Il est digne ! »), acclamation reprise avec force par le clergé et les fidèles.
Ont ainsi été remis successivement :
- Le sakkos, tunique liturgique propre aux évêques, ornée de croix et de clochettes
- Le grand omophore, large bande de tissu portée sur les épaules, symbolisant la brebis perdue que le Bon Pasteur porte sur ses épaules
- La panaghia (icône de la Mère de Dieu) avec la croix pectorale
- La mitre, coiffe épiscopale que le métropolite a posée lui-même sur la tête du nouvel évêque
Ces « Axios » constituent un moment d’une intensité liturgique et spirituelle particulière, l’assemblée acclamant et reconnaissant la grâce qui vient de descendre sur le nouvel évêque.
La dimension synodale
L’ordination manifeste que l’évêque n’agit jamais seul : il est ordonné par plusieurs évêques (au moins deux selon les canons, généralement plus), il appartient au collège épiscopal, il exerce son ministère en communion avec ses pairs et sous l’autorité du métropolite et du Saint-Synode.
Une nouvelle étape pour l’Archevêché
Avec l’ordination de Mgr Augustin de Taldom, évêque vicaire pour la Grande-Bretagne et les pays scandinaves, l’Archevêché des églises de tradition russe en Europe occidentale affirme sa présence pastorale dans ces régions. Il prouve également sa capacité à répondre aux besoins spirituels des fidèles orthodoxes qui y résident.
Le métropolite Jean de Doubna peut désormais s’appuyer sur un évêque auxiliaire pour la visite des paroisses, la célébration des ordinations et des dédicaces d’églises, et l’accompagnement pastoral des communautés éloignées de Paris.
