Jean-Claude Noyé, ancien journaliste aux magasines Prier et La Vie, est un ami de l’Orthodoxie. Des quatre livres qu’il a publiés, le premier est un entretien avec Olivier Clément (Mémoires d’espérance), l’autre un entretien avec la Père Placide Deseille (Propos d’un moine orthodoxe). Le troisième, intitulé Le grand livre du jeûne, présente la place et le rôle du jeûne dans toutes le religions, et mentionne évidemment sa pratique dans l’Église orthodoxe où il joue un rôle très important, au point d’occuper plus de la moitié des jours de l’année.
Son dernier livre répond à un projet analogue, mais avec une visée plus large, puisqu’il inclut aussi des portraits de personnes n’appartenant pas au monde religieux, qui ont choisi, pour diverses raisons, de mener une vie de réclusion. Comme le note l’auteur, la récente pandémie a montré que les homme sont inégaux face à la solitude imposée, et il est intéressant de connaître les motivations de ceux qui se sont isolés par choix, car si l’érémitisme se rencontre dans toutes les religions, il reste marginal, même dans les milieux monastiques.
L’ouvrage réserve une trentaine de pages au monde orthodoxe – non seulement au Mont Athos haut lieu de la vie érémitique, où aux endroits de Russie où l’on peut observer un « retour des startsi » (comme le Père Séraphin, un français retiré à Valaam qu’a fait connaître le beau documentaire de François Lespès), mais à la France, où sont successivement dressés les portraits du Père Séraphin puis de son successeur le Père Cassien au Fort de la Repentance à Porquerolles, du Père Cassien du monastère Saint-Antoine-le-Grand (où il s’st retrouvé seul après la dispersion de la communauté), ou de la Mère Thaïs, qui, après plusieurs décennies passées dans une grotte en Ardèche a fini ses jours à proximités du monastère Saint-Silouane près du Mans. Quelques ermites plus anciens sont évoqués (comme saint Séraphin de Sarov, saint Théophane le Reclus ou saint Callinique l’Hésychaste) ce qui permet, avec aussi le rappel de la vie érémitique qui s’est répandue à partir du IVe siècle dans les déserts d’Égypte, de mesurer la permanence d’une tradition très ancienne.
Jean-Claude Noyé, Ils ont choisi la solitude. Ermites d’hier et d’aujourd’hui, Tallandier, Paris, 2022, 332 p.
Jean-Claude Larchet