Après-fête de la Théophanie
Saints Hermile et Stratonique, martyrs à Belgrade (vers 315) ; saint Hilaire, évêque de Poitiers (368); saint Pierre, martyr (309-310) ; saint Jacques, évêque de Nisibe (350) ; sainte Eupraxie de Tabenne (393) ; saint Vivence, prêtre (400) ; saint Énogat, évêque d’Aleth (631) ; saint Longis abbé de la Boisselière dans le Maine (v. 653) ; saint Elien, ermite en Bretagne (VIème s.) ; saint Irénarque, reclus de Rostov (1616) ; saint Éléazare d’Anzersk (1656).
SAINT HILAIRE DE POITIERS
Fils d’un illustre patricien de la région de Poitiers (né vers 320), saint Hilaire fut élevé dans le paganisme ; mais son âme inquiète, sentant la nécessité d’un Dieu unique et éternel, restait insatisfaite de tous les systèmes de pensée et opinions qu’on lui proposait. Au cours de ses recherches et de ses lectures, il reçut les premières lueurs de la Vérité en lisant dans l’Ancien Testament le témoignage que Dieu se rend à lui-même : Je suis celui qui suis (Ex 3, 14) . Il progressa encore dans la connaissance de Dieu, en reconnaissant que la beauté des créatures nous rend visible la beauté incompréhensible et combien plus élevée du Créateur. Mais ce n’est qu’en apprenant que le Verbe et Fils Unique de Dieu s’est fait chair pour nous libérer de la mort et que « par le Verbe fait chair, la chair peut monter jusqu’à Dieu le Verbe » que, parvenu au terme de sa recherche et débordant d’allégresse, il embrassa la doctrine de la Sainte Trinité et reçut la nouvelle naissance par le saint Baptême. Brûlant d’enthousiasme, il prêchait sans relâche la vraie foi, exhortait les païens à devenir chrétiens et les chrétiens à devenir des saints. Il convertit aussi son épouse, qui consentit à ne plus l’aimer que comme une fille spirituelle quand il devint prêtre, et persuada sa fille de préférer le mariage mystique avec le Christ à l’union terrestre.
Vers 350, lorsque l’évêque de Poitiers vint à mourir, les fidèles le choisirent unanimement comme père et pasteur. Il menait son troupeau dans la vertu et la vraie foi avec un zèle inlassable. Quand l’empereur arien Constance prétendit imposer l’hérésie en Occident, Hilaire se dressa pour la défense de la vérité. Se concertant avec d’autres évêques, il excommunia ceux qui avaient accepté la déposition de saint Athanase et se rendit auprès de l’empereur, afin de lui témoigner de l’attachement de la Gaule au Concile de Nicée. À la suite du Concile de Béziers (356), au cours duquel Hilaire avait ardemment défendu l’orthodoxie, le tyran punit son audace par le bannissement au fond de l’Asie Mineure, en Phrygie. « On peut bien exiler les évêques, déclara le saint, mais peut-on exiler la vérité ? » Dans son exil, il travailla activement, non seulement à la confirmation de la foi en Occident, par ses traités et sa correspondance, mais aussi à la réconciliation des Orientaux douloureusement divisés. Dans son magistral traité Sur la Trinité , composé entre 356 et 359, il a le premier fait entrer dans la langue latine les subtilités et les délicatesses de la pensée grecque. De tous les Pères latins, saint Hilaire est certainement celui dont la pensée est la plus proche de celle des Pères grecs.
Il se rendit au concile de Séleucie (359) et demanda d’affronter publiquement les évêques hérétiques. Les ariens, effrayés de son influence, ne purent échapper à cette confrontation qu’en demandant à l’empereur son retour en Gaule. C’est ainsi que, grâce aux hérétiques d’Orient, Hilaire put regagner Poitiers, où la population lui réserva un accueil triomphal, et il s’empressa de réparer les ravages causés par l’arianisme dans son diocèse et dans toute la Gaule, en usant d’indulgence et de miséricorde pour réconcilier avec l’Église ceux qui étaient tombés dans l’hérésie. Il alla même jusqu’à Milan combattre l’évêque arien, Auxence, mais les hérétiques parvinrent à l’en chasser. De retour à Poitiers, la paix revenue, le saint guida avec sagesse son troupeau spirituel sur les voies du Salut, en répandant en abondance la grâce de Dieu. Un jour, une femme vint se jeter en larmes à ses pieds, en tenant dans ses bras son enfant mort sans baptême. L’évêque, pris de compassion, se prosterna alors en prière, et bientôt l’enfant ouvrit les yeux et revint à la vie. De temps à autre, saint Hilaire aimait à passer quelques jours au monastère de son disciple saint Martin [11 nov.], à Ligugé. Il adoptait alors le mode de vie des moines et leur ascèse, s’associait à leurs prières et les nourrissait du pain de sa doctrine.
Il s’endormit en paix le 13 janvier 368. Peu avant son trépas, une lumière éblouissante avait rempli sa chambre, puis elle diminua progressivement et disparut à l’instant même de sa mort. Un des plus grands Pères de l’Église latine, saint Hilaire a été justement appelé l’« Athanase de l’Occident ». Il a été particulièrement en honneur en France, où de nombreuses églises lui sont dédiées et où quantité de lieux portent son nom.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Théophanie, ton 1
Lors de Ton baptême dans le Jourdain, Seigneur, fut manifestée l’adoration due à la Trinité : car la voix du Père Te rendit témoignage en Te donnant le nom de Fils bien-aimé, et l’Esprit, sous la forme d’une colombe, confirmait l’irréfragable vérité de cette parole. Christ Dieu qui es apparu et qui as illuminé le monde, gloire à Toi !
Tropaire de saint Hilaire, ton 3
Comme un des piliers de l’Orthodoxie tu soutins dans l’Église, l’enseignement d’Athanase, le champion de la vraie foi : proclamant toi aussi, le fils consubstantiel du père, de l’arianisme tu as préservé l’Occident. Intercède saint Hilaire, auprès de notre Dieu pour qu’Il accorde à nos âmes la grâce du salut.
Tropaires des saints martyrs ton 4
Tes Martyrs, Seigneur, pour le combat qu’ils ont mené * ont reçu de toi, notre Dieu, la couronne d’immortalité; * animés de ta force, ils ont terrassé les tyrans * et réduit à l’impuissance l’audace des démons; * par leurs prières sauve nos âmes, ô Christ notre Dieu.
Kondakion de saint Hilaire, ton 3
Sans ménager tes peines et la sueur de ton front, tu extirpas de ton domaine les ronces de l’hérésie ; et comme un gai laboureur, Hilaire, joyeusement en bonne terre tu as semé, au souffle de l’Esprit, la semence de la vraie foi: arrosée par l’eau vive du Verbe de même nature que le Père divin, elle a nourri les adorateurs de l’indivisible Trinité.
Kondakion des saints martyrs, ton 2
De ce monde ayant fui la confusion, * vous êtes passés vers la sereine condition, * couronnés pour votre sang de Témoins * et pour vos efforts ascétiques; * aussi vous partagez la demeure des Moines et des Martyrs.
Kondakion de la Théophanie, ton 4
Tu es apparu au monde en ce jour, Seigneur, et Ta lumière s’est manifestée à nous qui, Te connaissant, Te chantons : Tu es venu, Tu es apparu, Lumière inaccessible.
ÉPITRE DU JOUR
Jc IV, 7 – V, 9
Soumettez-vous donc à Dieu ; résistez au diable, et il fuira loin de vous. Approchez-vous de Dieu, et il s’approchera de vous. Nettoyez vos mains, pécheurs ; purifiez vos cœurs, hommes irrésolus. Sentez votre misère ; soyez dans le deuil et dans les larmes ; que votre rire se change en deuil, et votre joie en tristesse. Humiliez-vous devant le Seigneur, et il vous élèvera. Ne parlez point mal les uns des autres, frères. Celui qui parle mal d’un frère, ou qui juge son frère, parle mal de la loi et juge la loi. Or, si tu juges la loi, tu n’es pas observateur de la loi, mais tu en es juge. Un seul est législateur et juge, c’est celui qui peut sauver et perdre ; mais toi, qui es-tu, qui juges le prochain ? À vous maintenant, qui dites : Aujourd’hui ou demain nous irons dans telle ville, nous y passerons une année, nous trafiquerons, et nous gagnerons ! Vous qui ne savez pas ce qui arrivera demain ! Car, qu’est-ce votre vie ? Vous êtes une vapeur qui paraît pour un peu de temps, et qui ensuite disparaît. Vous devriez dire, au contraire : Si Dieu le veut, nous vivrons, et nous ferons ceci ou cela. Mais maintenant vous vous glorifiez dans vos pensées orgueilleuses. C’est chose mauvaise que de se glorifier de la sorte. Celui donc qui sait faire ce qui est bien, et qui ne le fait pas, commet un péché. À vous maintenant, riches ! Pleurez et gémissez, à cause des malheurs qui viendront sur vous. Vos richesses sont pourries, et vos vêtements sont rongés par les teignes. Votre or et votre argent sont rouillés ; et leur rouille s’élèvera en témoignage contre vous, et dévorera vos chairs comme un feu. Vous avez amassé des trésors dans les derniers jours ! Voici, le salaire des ouvriers qui ont moissonné vos champs, et dont vous les avez frustrés, crie, et les cris des moissonneurs sont parvenus jusqu’aux oreilles du Seigneur des armées. Vous avez vécu sur la terre dans les voluptés et dans les délices, vous avez rassasiez vos cœurs au jour du carnage. Vous avez condamné, vous avez tué le juste, qui ne vous a pas résisté. Soyez donc patients, frères jusqu’à l’avènement du Seigneur. Voici, le laboureur attend le précieux fruit de la terre, prenant patience à son égard, jusqu’à ce qu’il ait reçu les pluies de la première et de l’arrière-saison. Vous aussi, soyez patients, affermissez vos cœurs, car l’avènement du Seigneur est proche. Ne vous plaignez pas les uns des autres, frères, afin que vous ne soyez pas jugés : voici, le juge est à la porte.
ÉVANGILE DU JOUR
Mc XI, 27-33
Ils se rendirent de nouveau à Jérusalem, et, pendant que Jésus se promenait dans le temple, les principaux sacrificateurs, les scribes et les anciens, vinrent à lui, et lui dirent : Par quelle autorité fais-tu ces choses, et qui t’a donné l’autorité de les faire? Jésus leur répondi t: Je vous adresserai aussi une question; répondez-moi, et je vous dirai par quelle autorité je fais ces choses. Le baptême de Jean venait-il du ciel, ou des hommes ? Répondez-moi. Mais ils raisonnèrent ainsi entre eux : Si nous répondons : Du ciel, il dira: Pourquoi donc n’avez-vous pas cru en lui? Et si nous répondons : Des hommes… Ils craignaient le peuple, car tous tenaient réellement Jean pour un prophète. Alors ils répondirent à Jésus: Nous ne savons. Et Jésus leur dit: Moi non plus, je ne vous dirai pas par quelle autorité je fais ces choses.