18 juillet

4e dimanche après la Pentecôte – Saints Pères du IVe Concile œcuménique

Saint Émilien de Durostorum en Scythie, martyr (363) ; saint Hyacinthe de Paphlagonie, martyr (IVème s.) ; saint Pambo, ermite au désert de Nitrie (IVème s.) ; saint Arnoul, évêque de Metz (641) ; saint Gonéry, ermite en Bretagne (VIème s.) ; saint Arnoul, martyr dans les Yvelines (VIème s.) ; saint Jean le grand souffrant des grottes de Kiev (1160) ; saint Pambo des Grottes de Kiev (XIIIème s.) ; sainte grande-duchesse Elisabeth et la moniale Barbara (1918).

SAINT PÈRES DU IVÈME CONCILE OECUMÉNIQUE

Le Quatrième grand et saint Concile Œcuménique réunit à Chalcédoine, en 451, 630 Pères venus principalement des diocèses d’Orient. À leur tête se trouvaient saint Anatole de Constantinople [3 juil.], les légats du pape de Rome saint Léon, Maxime d’Antioche et saint Juvénal de Jérusalem [2 juil.]. Cette assemblée, la plus grande que l’Église ait connue jusqu’alors, avait été convoquée par les pieux empereurs Marcien et Pulchérie [17 fév.], afin de rétablir la paix et l’unité, troublées depuis le faux concile d’Éphèse (449), et de condamner l’hérésie d’Eutychès. À la suite du IIIe Concile Œcuménique, les partisans des Écoles théologiques d’Alexandrie et d’Antioche étaient difficilement parvenus à une conciliation sur la formule de foi concernant l’union en Christ des natures divine et humaine . Archimandrite à Constantinople, Eutychès avait été collaborateur de saint Cyrille. Dans sa volonté d’extirper toute trace de nestorianisme, arguant de la doctrine de ce grand docteur de la foi, il soutenait que les deux natures, divine et humaine, ne pouvaient plus être distinguées l’une de l’autre après l’Incarnation, et que la nature humaine du Christ avait été en quelque sorte « absorbée » par sa nature divine. Alors que Nestorius avait séparé les deux natures, Eutychès, privé par son orgueil de la droite connaissance de la Vérité, qui est la voie royale entre deux extrêmes, tomba dans l’hérésie inverse et parlait de « mélange » ou de « fusion » des deux natures en une seule : la nature divine. De cette conception, dénommée monophysisme strict, il fallait donc déduire que le Sauveur n’est pas vraiment de même nature que le Père et le Saint-Esprit, ou qu’Il n’a pas communié avec notre humanité. Eusèbe de Dorylée ayant décelé dans les opinions d’Eutychès une hérésie qui renversait tout le mystère du Salut, un concile fut réuni à Constantinople, sous la présidence de saint Flavien, qui condamna l’archimandrite (448). Mais, grâce à ses soutiens à la cour, l’hérétique réussit à retourner la situation en sa faveur et, suite à l’intervention violente de l’archevêque d’Alexandrie, Dioscore, lors du Brigandage d’Éphèse (449), il fut innocenté, et saint Flavien se trouva déposé de manière inique et mourut peu après des suites des mauvais traitements qu’on lui avait infligés. À la mort de Théodose II, qui avait soutenu Eutychès, Marcien et Pulchérie furent invités par le pape saint Léon et par tous les orthodoxes à réparer l’injustice et à rétablir la paix par un Concile Œcuménique. D’abord convoqués à Nicée, en septembre 451, les Pères furent transférés à Chalcédoine, dans la basilique de Sainte-Euphémie [11 juil.]. Au cours de seize sessions, du 8 octobre au 1er novembre, ils travaillèrent d’abord à la condamnation du Brigandage d’Éphèse, à la déposition de ses responsables, Eutychès et Dioscore, et à la réhabilitation posthume de saint Flavien ; puis ils réitérèrent la condamnation de Nestorius prononcée par le Concile d’Éphèse et s’attachèrent surtout à réfuter le monophysisme d’Eutychès. Utilisant la même méthode de conciliation et de synthèse, que celle employée par saint Cyrille et Jean d’Antioche (433), ils réussirent à harmoniser les points de vue respectifs d’Alexandrie, d’Antioche et de Rome , et complétèrent l’œuvre du IIIe Concile Œcuménique en définissant de manière précise le dogme de la Personne du Christ Sauveur (dogme christologique). Après avoir examiné les arguments d’Eutychès, au regard de la sainte Écriture et des décisions des Conciles antérieurs, les Pères jetèrent l’anathème sur quiconque ajouterait ou retrancherait quoique ce soit à la foi des trois premiers Conciles Œcuméniques et, se fondant sur la Lettre de saint Léon à Flavien , qu’ils saluèrent comme colonne de l’Orthodoxie, ils rédigèrent une définition de foi, qui fut lue solennellement, en présence de l’empereur, lors de la sixième session, le 22 octobre :

« Suivant les saints Pères, nous enseignons tous unanimement que nous confessons un seul et même Fils notre Seigneur Jésus-Christ, le même parfait dans sa divinité et le même parfait dans son humanité, le même Dieu en vérité et homme en vérité, composé d’une âme raisonnable et d’un corps, consubstantiel au Père selon sa divinité et, le même, consubstantiel à nous selon l’humanité, en tout semblable à nous hormis le péché ; engendré du Père avant les siècles selon la divinité et, le même, dans les derniers temps, né de la Vierge Marie Mère de Dieu, pour notre salut, selon l’humanité : Un seul et même Christ, Fils, Seigneur, Unique-Engendré (Monogène), connu comme étant en deux natures, sans confusion, sans transformation, sans division, sans séparation , la différence des natures n’étant nullement supprimée à cause de l’union, mais la propriété de chacune d’elles étant bien plutôt sauvegardée et rencontrant l’autre dans une unique personne et une unique hypostase ; un seul et même Christ qui n’est pas partagé ou divisé en deux personnes, mais qui est l’unique et le même Seigneur Jésus-Christ, Fils Unique, Dieu Verbe, comme les prophètes jadis l’ont annoncé, comme Jésus-Christ lui-même nous l’a enseigné et comme le Symbole des Pères nous l’a transmis » .

À la question de l’empereur, tous s’écrièrent : « Nous croyons tous ainsi. Une seule foi, un seul jugement. Nous sommes tous dans les mêmes sentiments. Nous avons tous souscrits à l’unanimité. Nous sommes tous orthodoxes. C’est là la foi des Pères. C’est là la foi des Apôtres. C’est cette foi-là qui a sauvé le monde… Dieu donnera la paix à votre règne : Marcien, nouveau Constantin ! Pulchérie, nouvelle Hélène ! Vous êtes les flambeaux de la foi orthodoxe ! Votre vie est la sécurité de tous. Votre foi est la gloire des Églises ! » Par cette définition de foi, unique par sa profondeur et sa précision, les saints Pères confessaient donc l’union véritable des deux natures, divine et humaine, dans l’unique Personne du Verbe de Dieu . Grâce à la foi de Chalcédoine, précisée ensuite par des Pères tels que saint Maxime le Confesseur et saint Jean Damascène, nous, Orthodoxes, comprenons que c’est en vivant dans le Christ Dieu-Homme que nous pouvons être unis à Dieu, déifiés, sans toutefois perdre notre identité naturelle. L’union sans confusion de la divinité et de l’humanité dans le Christ, selon l’hypostase, devient union sans confusion des deux natures, selon la grâce du Saint-Esprit, chez les chrétiens. L’Église, qui est le Christ Dieu-Homme présent parmi nous jusqu’à la fin des âges, a pour but de nous conduire jusqu’à la mesure de la plénitude du Christ (Éph 4, 13), c’est-à-dire à la pleine « divino-humanisation ». Tout part et revient à la Personne du Sauveur, tout y est « divino-humain » : le dogme, la morale, l’ascèse et la prière, la liturgie, l’art de l’icône et la musique. Tout y est humain, sensible et historique, et en même temps pleinement divinisé par l’énergie du Saint-Esprit, de sorte que c’est vraiment le Christ qui « vit » en chacun de ses membres et dans toutes les manifestations de son Corps mystique. Le Dieu-Homme défini par le Concile de Chalcédoine est donc pour nous, chrétiens orthodoxes, la « valeur suprême et le critère ultime de la vérité », car c’est en Lui et par Lui que nous avons accès auprès de Dieu et acquérons la dignité de fils. Dans les sessions suivantes, les Pères réglèrent les questions d’ordre et de discipline ecclésiastiques, et promulguèrent vingt-sept Canons, auxquels fut ajouté un décret confirmant le 3e Canon du IIe Concile Œcuménique et conférant au siège de Constantinople — en tant que capitale — le second rang après Rome et la juridiction patriarcale  sur les diocèses d’Asie, du Pont et de Thrace, ainsi que sur les communautés chrétiennes situées en dehors des limites de l’Empire.

SAINTE GRANDE-DUCHESSE ÉLISABETH

18 juillet

La grande-duchesse sainte Élisabeth Feodorovna naquit en 1864. Fille du duc de Hesse-Darmstadt et sœur de la tsarine Alexandra, elle se convertit du protestantisme à l’Orthodoxie lors de son mariage avec le grand-duc Serge Alexandrovitch. Dès les premiers jours de sa vie matrimoniale, elle commença à pratiquer largement l’aumône et à se consacrer à des œuvres philanthropiques ; et pendant la guerre russo-japonaise, elle organisa des convois d’ambulances et des hôpitaux pour recevoir les blessés. Le 18 février 1905, son époux fut assassiné par un terroriste. La grande-duchesse accepta le deuil avec résignation et, deux jours après, elle rendit visite à l’assassin en prison, pour l’exhorter au repentir. Elle adressa au tsar une demande de grâce, et tout le reste de sa vie, elle pria pour cet homme. Ayant décidé de se consacrer tout entière à Dieu, sainte Élisabeth vendit les nombreuses œuvres d’art qu’elle possédait et fonda à Moscou le monastère de Marthe-et-Marie, dédié aux œuvres de miséricorde et multiplia les œuvres de bienfaisance. Au printemps 1918, elle fut arrêtée par les bolcheviques en compagnie de deux moniales de ce monastère, Catherine et Barbara. La première fut libérée peu après, mais Barbara réussit à rester auprès de la grande-duchesse et partagea son martyre. La nuit du 18 juillet 1918, lendemain de l’assassinat de la famille impériale, sainte Élisabeth et d’autres membres de la famille Romanov, qui n’avaient pas pu entrer en contact avec le tsar, furent précipités vivants dans une galerie des mines d’Alapaïevsk, profonde de 80 m, où l’on fit éclater des grenades. Leurs corps furent retrouvés au mois d’octobre suivant, après que des chants et des prières eussent été entendus sur les lieux. Le corps de sainte Élisabeth avait été retenu sur une corniche, à environ 20 m de la surface, il était intact et incorrompu, manifestant qu’elle n’avait pas été atteinte par les grenades et était restée en vie longtemps. On envoya alors ses précieuses reliques, avec celle de la moniale Barbara, à Jérusalem, via la Sibérie et la mission russe de Pékin, où elles furent déposées dans l’église du monastère de Sainte-Marie-Madeleine, qui avait été construite par l’empereur Alexandre III.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire du dimanche, ton 3

Que les cieux soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande Miséricorde.

Tropaire des Saints Pères, ton 8

Infiniment glorifié es-Tu, Christ notre Dieu, car Tu as établi nos Père comme des luminaires sur terre. Par eux, Tu nous as amenés vers la vraie foi. Très miséricordieux, gloire à Toi !

Kondakion du dimanche, ton 3

Aujourd’hui, ô Miséricordieux, Tu es ressuscité du Tombeau et Tu nous ramènes des portes de la mort. Aujourd’hui, Adam exulte, Ève se réjouit. Tous ensemble, prophètes et patriarches, ne cessent de chanter la force divine de Ta puissance !

Kondakion des Saints Pères, ton 8

La prédication des Apôtres et les dogmes des Pères ont donné à l’Église la foi une ; portant la tunique de la vérité, tissée par la théologie qui vient d’en haut, elle confirme et glorifie le grand mystère de la piété.

ÉPITRE DU JOUR

Rom. VI, 18-23

Frères, ayant été affranchis du péché, vous êtes devenus esclaves de la justice. – Je parle à la manière des hommes, à cause de la faiblesse de votre chair. – De même, donc, que vous avez livré vos membres comme esclaves à l’impureté et à l’iniquité, pour arriver à l’iniquité, ainsi maintenant livrez vos membres comme esclaves à la justice, pour arriver à la sainteté. Car, lorsque vous étiez esclaves du péché, vous étiez libres à l’égard de la justice. Quels fruits portiez-vous alors ? Des fruits dont vous rougissez aujourd’hui. Car la fin de ces choses, c’est la mort. Mais maintenant, étant affranchis du péché et devenus esclaves de Dieu, vous avez pour fruit la sainteté et pour fin la vie éternelle. Car le salaire du péché, c’est la mort ; mais le don gratuit de Dieu, c’est la vie éternelle en Jésus Christ notre Seigneur.

Hébr. XIII, 7-16 (Saints Pères)

Frères, souvenez-vous de vos chefs qui vous ont annoncé la parole de Dieu ; considérez quelle a été la fin de leur vie, et imitez leur foi. Jésus Christ est le même hier, aujourd’hui, et éternellement. Ne vous laissez pas entraîner par des doctrines diverses et étrangères ; car il est bon que le cœur soit affermi par la grâce, et non par des aliments qui n’ont servi de rien à ceux qui s’y sont attachés. Nous avons un sacrifice dont ceux qui font le service au tabernacle n’ont pas le pouvoir de manger. Les corps des animaux, dont le sang est porté dans le sanctuaire par le grand prêtre pour l’expiation des péchés, sont brûlés hors du camp. C’est pour cela que Jésus aussi, afin de sanctifier le peuple par son propre sang, a souffert hors de la porte. Sortons donc pour aller à lui, hors du camp, en portant son opprobre. Car nous n’avons point ici-bas de cité permanente, mais nous cherchons celle qui est à venir. Par lui, offrons sans cesse à Dieu un sacrifice de louange, c’est-a-dire le fruit de lèvres qui confessent son nom. Et n’oubliez pas de faire du bien et de partager, car c’est à de tels sacrifices que Dieu prend plaisir.

ÉVANGILE DU JOUR

Matth. VIII, 5-13

Comme Jésus entrait dans Capernaüm, un centenier l’aborda, le priant et disant: Seigneur, mon serviteur est couché à la maison, atteint de paralysie et souffrant beaucoup. Jésus lui dit: J’irai, et je le guérirai. Le centenier répondit: Seigneur, je ne suis pas digne que tu entres sous mon toit; mais dis seulement un mot, et mon serviteur sera guéri. Car, moi qui suis soumis à des supérieurs, j’ai des soldats sous mes ordres; et je dis à l’un: Va! et il va; à l’autre: Viens! et il vient; et à mon serviteur: Fais cela! et il le fait. Après l’avoir entendu, Jésus fut dans l’étonnement, et il dit à ceux qui le suivaient: Je vous le dis en vérité, même en Israël je n’ai pas trouvé une aussi grande foi. Or, je vous déclare que plusieurs viendront de l’orient et de l’occident, et seront à table avec Abraham, Isaac et Jacob, dans le royaume des cieux. Mais les fils du royaume seront jetés dans les ténèbres du dehors, où il y aura des pleurs et des grincements de dents. Puis Jésus dit au centenier:Va, qu’il te soit fait selon ta foi. Et à l’heure même le serviteur fut guéri.

Jn XVII, 1-13 (Saints Pères)

Après avoir ainsi parlé, Jésus leva les yeux au ciel, et dit: Père, l’heure est venue! Glorifie ton Fils, afin que ton Fils te glorifie, selon que tu lui as donné pouvoir sur toute chair, afin qu’il accorde la vie éternelle à tous ceux que tu lui as donnés. Or, la vie éternelle, c’est qu’ils te connaissent, toi, le seul vrai Dieu, et celui que tu as envoyé, Jésus Christ. Je t’ai glorifié sur la terre, j’ai achevé l’œuvre que tu m’as donnée à faire. Et maintenant toi, Père, glorifie-moi auprès de toi-même de la gloire que j’avais auprès de toi avant que le monde fût. J’ai fait connaître ton nom aux hommes que tu m’as donnés du milieu du monde. Ils étaient à toi, et tu me les as donnés; et ils ont gardé ta parole. Maintenant ils ont connu que tout ce que tu m’as donné vient de toi. Car je leur ai donné les paroles que tu m’as données; et ils les ont reçues, et ils ont vraiment connu que je suis sorti de toi, et ils ont cru que tu m’as envoyé. C’est pour eux que je prie. Je ne prie pas pour le monde, mais pour ceux que tu m’as donnés, parce qu’ils sont à toi; et tout ce qui est à moi est à toi, et ce qui est à toi est à moi; -et je suis glorifié en eux. Je ne suis plus dans le monde, et ils sont dans le monde, et je vais à toi. Père saint, garde en ton nom ceux que tu m’as donnés, afin qu’ils soient un comme nous. Lorsque j’étais avec eux dans le monde, je les gardais en ton nom. J’ai gardé ceux que tu m’as donnés, et aucun d’eux ne s’est perdu, sinon le fils de perdition, afin que l’Écriture fût accomplie. Et maintenant je vais à toi, et je dis ces choses dans le monde, afin qu’ils aient en eux ma joie parfaite.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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