Carême de la Dormition
Translation de Jérusalem à Constantinople des reliques de saint Étienne diacre, protomartyr (en 428) ; saint Auspice, premier évêque d’Apt (Ier s.) ; saint Étienne, pape de Rome, confesseur (257) ; saints Friard et Secondelle, ermites au diocèse de Nantes (VIème s.) ; saint Basile, fol en Christ, de Moscou (1557) ; saint Basile de Koubensk (XVème s.) ; saint Berthaire, évêque de Chartres (vers 623) ; saint moine martyr Platon Kolegov (1937) .
TRANSLATION DES RELIQUES DE SAINT Étienne [1]
Après la lapidation de saint Étienne par les Juifs [27 déc.], Gamaliel, le maître de saint Paul dans l’étude de la Loi, mais qui, convaincu par les miracles du Seigneur, s’était fait baptiser par les Apôtres, encouragea certains autres chrétiens à l’accompagner pour s’emparer du corps du Premier-martyr, qui avait été abandonné sur la voirie, et l’ensevelir à Caphargamala, propriété qui lui appartenait, à quelques vingt milles de la Ville sainte. Une fois achevé le deuil de quarante jours, Nicodème, le disciple nocturne du Seigneur (Jn 3, 2), qui avait échappé de peu à la persécution déclenchée à Jérusalem, parvint au village de Gamaliel, qui était son oncle, et lui demanda refuge. Il mourut des suites de ses blessures, quelques jours après, et fut enseveli aux côtés de saint Étienne. Gamaliel et son fils de vingt ans, Habib, qui avait été lui aussi baptisé par les Apôtres, ne tardèrent pas à le rejoindre dans la mort. De longues années plus tard, alors que ces sépultures étaient tombées dans l’oubli, Lucien, un prêtre pieux et vénérable du village de Caphargamala, vit saint Étienne lui apparaître à trois reprises . Le saint était vêtu du sticharion de lin des diacres, sur lequel était brodé son nom en lettres rouges et or. La tête couverte d’une longue chevelure blanche, il était chaussé de sandales d’or et tenait en main un bâton doré, avec lequel il frappa légèrement Lucien, en l’appelant par son nom. Il lui ordonna d’avertir l’évêque de Jérusalem, Jean, et de procéder à l’invention de ses reliques, pour que Dieu accomplisse par leur intermédiaire quantité de miracles. Lucien alla aussitôt avertir l’évêque Jean, qui lui commanda de creuser à l’endroit indiqué par le saint, là où se trouvait un amoncellement de pierres. Cette même nuit, saint Étienne apparut de nouveau à Lucien pour lui révéler que cet amas n’était qu’un mémorial élevé lors de ses funérailles, et qu’il devait chercher sa sépulture un peu plus au nord. Après avoir creusé en grande hâte, on découvrit une plaque de pierre, sur laquelle étaient inscrits en lettres hébraïques les noms d’Étienne, de Nicodème et d’Habib. Aussitôt la terre trembla et un suave parfum se répandit alentour, accomplissant soixante-treize guérisons. Et l’on put entendre des voix angéliques chanter : Gloire à Dieu au plus haut des cieux et paix sur la terre, aux hommes la bienveillance. L’évêque Jean, qui présidait alors un synode à Lydda (Diospolis), se rendit sur les lieux, assisté de deux autres évêques, pour reconnaître le corps du Premier-martyr, et il le transféra dans l’église de la Sainte-Sion à Jérusalem, le 26 décembre 415 . Une pluie abondante vint alors mettre fin à la sécheresse qui affligeait depuis longtemps la Palestine. On raconte que quelque temps après , la veuve du fondateur de l’église dans laquelle avait été déposée la relique de saint Étienne voulut transporter à Constantinople la dépouille de son mari. Mais, à cause de la ressemblance des deux sarcophages, ce fut la relique du saint qu’elle emporta. Tout le long du chemin les miracles se multiplièrent à son passage, et quand le navire parvint au port de Chalcédoine, les démons qui étaient cachés dans les flots crièrent qu’un feu insupportable les tourmentait. Quand le navire eut abordé, le sarcophage fut posé sur un chariot traîné par des mules. Mais les bêtes s’arrêtèrent soudainement en un lieu nommé Constantianes, et l’une d’elles prit même une voix humaine pour déclarer qu’il fallait déposer là le corps du saint. On eut beau atteler douze autres mules, il fut impossible de déplacer le chariot. Les précieux restes furent donc déposés, le 2 août, en cet endroit où une église en l’honneur du saint Premier-martyr fut ensuite édifiée.
[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Étienne, ton 4
Sur ton front tu reçus le diadème royal à cause des souffrances supportées pour le Christ notre Dieu, premier à combattre parmi les Martyrs; tu confondis l’assemblée des impies, à la droite du Père tu vis le Sauveur. Sans cesse prie-le pour que nos âmes soient sauvées.
Kondakion de saint Étienne, ton 6
Premier sur terre semé par le céleste Jardinier, le premier sur terre tu versas, bienheureux Étienne, ton sang pour le Christ; le premier, dans le ciel tu ceignis de sa main le diadème des vainqueurs comme l’aîné des Athlètes couronnés, le premier à combattre parmi les Martyrs.
ÉPITRE DU JOUR
Rom. XIII, 1-10
Que toute personne soit soumise aux autorités supérieures ; car il n’y a point d’autorité qui ne vienne de Dieu, et les autorités qui existent ont été instituées de Dieu. C’est pourquoi celui qui s’oppose à l’autorité résiste à l’ordre que Dieu a établi, et ceux qui résistent attireront une condamnation sur eux-mêmes. Ce n’est pas pour une bonne action, c’est pour une mauvaise, que les magistrats sont à redouter. Veux-tu ne pas craindre l’autorité ? Fais-le bien, et tu auras son approbation. Le magistrat est serviteur de Dieu pour ton bien. Mais si tu fais le mal, crains ; car ce n’est pas en vain qu’il porte l’épée, étant serviteur de Dieu pour exercer la vengeance et punir celui qui fait le mal. Il est donc nécessaire d’être soumis, non seulement par crainte de la punition, mais encore par motif de conscience. C’est aussi pour cela que vous payez les impôts. Car les magistrats sont des ministres de Dieu entièrement appliqués à cette fonction. Rendez à tous ce qui leur est dû : l’impôt à qui vous devez l’impôt, le tribut à qui vous devez le tribut, la crainte à qui vous devez la crainte, l’honneur à qui vous devez l’honneur. Ne devez rien à personne, si ce n’est de vous aimer les uns les autres ; car celui qui aime les autres a accompli la loi. En effet, les commandements : Tu ne commettras point d’adultère, tu ne tueras point, tu ne déroberas point, tu ne convoiteras point, et ceux qu’il peut encore y avoir, se résument dans cette parole : Tu aimeras ton prochain comme toi-même. L’amour ne fait point de mal au prochain : l’amour est donc l’accomplissement de la loi.
Ac VI,8-VII,5,47-60 (S. Étienne)
En ces jours-là, Étienne, plein de grâce et de puissance, faisait des prodiges et de grands miracles parmi le peuple. Quelques membres de la synagogue dite des Affranchis, de celle des Cyrénéens et de celle des Alexandrins, avec des Juifs de Cilicie et d’Asie, se mirent à discuter avec lui ; mais ils ne pouvaient résister à sa sagesse et à l’Esprit par lequel il parlait. Alors ils soudoyèrent des hommes qui dirent : « Nous l’avons entendu proférer des paroles blasphématoires contre Moïse et contre Dieu ». Ils émurent le peuple, les anciens et les scribes, et, se jetant sur lui, ils le saisirent, et l’emmenèrent au sanhédrin. Ils produisirent de faux témoins, qui dirent : « Cet homme ne cesse de proférer des paroles contre le lieu saint et contre la loi ; car nous l’avons entendu dire que Jésus, ce Nazaréen, détruira ce lieu, et changera les coutumes que Moïse nous a données ». Tous ceux qui siégeaient au sanhédrin ayant fixé les regards sur Étienne, son visage leur parut comme celui d’un ange. Le souverain sacrificateur dit : « Les choses sont-elles ainsi ? » Étienne répondit : « Hommes frères et pères, écoutez ! Le Dieu de gloire apparut à notre père Abraham, lorsqu’il était en Mésopotamie, avant qu’il s’établît à Charran ; et il lui dit : “Quitte ton pays et ta famille, et va dans le pays que je te montrerai”. Il sortit alors du pays des Chaldéens, et s’établit à Charran. De là, après la mort de son père, Dieu le fit passer dans ce pays que vous habitez maintenant ; il ne lui donna aucune propriété en ce pays, pas même de quoi poser le pied, mais il promit de lui en donner la possession, et à sa postérité après lui, quoiqu’il n’eût point d’enfant.
Ce fut Salomon qui édifia pour Dieu une maison. Mais le Très Haut n’habite pas dans ce qui est fait de main d’homme, comme dit le prophète : “Le ciel est mon trône, Et la terre mon marchepied. Quelle maison me bâtirez-vous, dit le Seigneur, Ou quel sera le lieu de mon repos ? N’est-ce pas ma main qui a fait toutes ces choses ?…” Hommes au cou raide, incirconcis de cœur et d’oreilles ! Vous vous opposez toujours au Saint Esprit. Ce que vos pères ont été, vous l’êtes aussi. Lequel des prophètes vos pères n’ont-ils pas persécuté ? Ils ont tué ceux qui annonçaient d’avance la venue du Juste, que vous avez livré maintenant, et dont vous avez été les meurtriers, vous qui avez reçu la loi d’après des commandements d’anges, et qui ne l’avez point gardée ! » En entendant ces paroles, ils étaient furieux dans leur cœur, et ils grinçaient des dents contre lui. Mais Étienne, rempli du Saint Esprit, et fixant les regards vers le ciel, vit la gloire de Dieu et Jésus debout à la droite de Dieu. Et il dit : « Voici, je vois les cieux ouverts, et le Fils de l’homme debout à la droite de Dieu. » Ils poussèrent alors de grands cris, en se bouchant les oreilles, et ils se précipitèrent tous ensemble sur lui, le traînèrent hors de la ville, et le lapidèrent. Les témoins déposèrent leurs vêtements aux pieds d’un jeune homme nommé Saul. Et ils lapidaient Étienne, qui priait et disait : « Seigneur Jésus, reçois mon esprit ! » Puis, s’étant mis à genoux, il s’écria d’une voix forte : « Seigneur, ne leur impute pas ce péché ! » Et, après ces paroles, il s’endormit.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XII, 30-37
Celui qui n’est pas avec moi est contre moi, et celui qui n’assemble pas avec moi disperse. C’est pourquoi je vous dis: Tout péché et tout blasphème sera pardonné aux hommes, mais le blasphème contre l’Esprit ne sera point pardonné. Quiconque parlera contre le Fils de l’homme, il lui sera pardonné; mais quiconque parlera contre le Saint Esprit, il ne lui sera pardonné ni dans ce siècle ni dans le siècle à venir. Ou dites que l’arbre est bon et que son fruit est bon, ou dites que l’arbre est mauvais et que son fruit est mauvais; car on connaît l’arbre par le fruit. Races de vipères, comment pourriez-vous dire de bonnes choses, méchants comme vous l’êtes? Car c’est de l’abondance du cœur que la bouche parle. L’homme bon tire de bonnes choses de son bon trésor, et l’homme méchant tire de mauvaises choses de son mauvais trésor. Je vous le dis: au jour du jugement, les hommes rendront compte de toute parole vaine qu’ils auront proférée. Car par tes paroles tu seras justifié, et par tes paroles tu seras condamné.
Matth. XXI, 33-42 (S. Étienne) Car le royaume des cieux est semblable à un maître de maison qui sortit dès le matin, afin de louer des ouvriers pour sa vigne. Il convint avec eux d’un denier par jour, et il les envoya à sa vigne. Il sortit vers la troisième heure, et il en vit d’autres qui étaient sur la place sans rien faire. Il leur dit: Allez aussi à ma vigne, et je vous donnerai ce qui sera raisonnable. Et ils y allèrent. Il sortit de nouveau vers la sixième heure et vers la neuvième, et il fit de même. Étant sorti vers la onzième heure, il en trouva d’autres qui étaient sur la place, et il leur dit: Pourquoi vous tenez-vous ici toute la journée sans rien faire? Ils lui répondirent : C’est que personne ne nous a loués. Allez aussi à ma vigne, leur dit-il. Quand le soir fut venu, le maître de la vigne dit à son intendant: Appelle les ouvriers, et paie-leur le salaire, en allant des derniers aux premiers. Ceux de la onzième heure vinrent, et reçurent chacun un denier. Les premiers vinrent ensuite, croyant recevoir davantage ; mais ils reçurent aussi chacun un denier. En le recevant, ils murmurèrent contre le maître de la maison, et dirent: Ces derniers n’ont travaillé qu’une heure, et tu les traites à l’égal de nous, qui avons supporté la fatigue du jour et la chaleur. Il répondit à l’un d’eux: Mon ami, je ne te fais pas tort; n’es-tu pas convenu avec moi d’un denier? Prends ce qui te revient, et va-t’en. Je veux donner à ce dernier autant qu’à toi. Ne m’est-il pas permis de faire de mon bien ce que je veux? Ou vois-tu de mauvais œil que je sois bon? – Ainsi les derniers seront les premiers, et les premiers seront les derniers.