Jour de jeûne
Saint Moïse l’Éthiopien, ascète au désert de Scété (vers 395) ; synaxe des saints Pères des grottes « éloignées » de Kiev ; sainte Anne la prophétesse, fille de Phanuel, qui reçut le Christ dans le Temple ; saint Julien, martyr à Brioude en Auvergne (304) ; saint Augustin, évêque d’Hiponne (430) ; saint Ambroise (vers 450) et saint Vivien (vers 460), évêques de Saintes ; saint Elmer, évêque de Reims (VIIème s.) ; sainte Chouchanik, reine et martyre en Géorgie (475) ; saint Sabas de Pskov (1495) ; invention des reliques de saint Job de Potchaïev (1659) ; saints nouveaux martyrs de Russie : Alexis Boudrine, prêtre (1918) ; moines martyrs de Kazan : Serge Zaïtsev, Laurent Nikitine, Séraphim Kouzmine, Théodose Alexandrov, Léonce Kariaguine, Étienne, Georges Timofeïev, Hilarion Pravdine, Jean Sretensky et Serge Galine (1918) ; Alexandre Medvedev, diacre (1918) ; Nicolas Gueroguievsky, prêtre (1931) ; Basile Sokolsky, prêtre (1937).
SAINT MOÏSE L’ÉTHIOPIEN[1]
Le bienheureux Moïse était Éthiopien de race et avait l’âme aussi noire que la peau. Il était esclave au service d’un magistrat, qui le chassa à cause des vols et des mauvaises actions qu’il avait commises. Il devint alors chef d’une bande de brigands qui ne reculaient devant aucun moyen — fût-ce le meurtre — pour accomplir leurs larcins. Cependant, à l’occasion d’un accident qui lui survint, la conscience de Moïse se réveilla. Touché par l’amour du Christ, il prit en haine le péché ainsi que sa vie passée, et résolut de montrer un ardent repentir. Après avoir été baptisé, il se retira aussitôt au désert de Scété, dans un lieu solitaire et dépourvu de consolation humaine, au point qu’il n’avait même pas un peu d’eau pour réconforter son corps desséché par le soleil et par les labeurs de l’ascèse. Un jour, quatre brigands se jetèrent sur lui alors qu’il était assis dans sa cellule. Moïse, qui était doté d’une force prodigieuse, les ligota et les portant sur son dos comme un sac de paille, il les amena à l’église, en disant : « Il ne m’est pas permis de faire du mal à quiconque. Qu’ordonnez-vous pour ces gens-là ? » Apprenant qu’il était Moïse, le célèbre chef de bande, les quatre hommes se dirent que si un tel scélérat en était venu à servir Dieu, le salut n’était pas loin d’eux aussi, et ils devinrent moines. Malgré son repentir et ses combats ascétiques, Moïse continuait cependant à être assailli par l’habitude des passions, cette seconde nature, qui était si profondément enracinée en lui qu’il dut mener pendant dix ans un combat implacable contre le démon de la fornication. Un jour, alors qu’il était près de céder au désespoir et d’abandonner la lutte, il rendit visite au grand abba Isidore, le prêtre de Scété. Comme il lui racontait ses épreuves, l’Ancien lui dit qu’il ne fallait pas s’étonner d’avoir à affronter de si violents combats, car le pécheur endurci est semblable au chien de boucherie, qui a coutume de ronger les os, et qui ne peut renoncer à cette habitude que lorsqu’on cesse de l’entretenir et qu’on ferme la boucherie. De même, il ne suffira pas au pécheur de cesser de commettre le péché, il lui faudra aussi chasser la mauvaise habitude par la bonne habitude de la vertu, en mortifiant sa chair pendant de longues années. Le démon, désespéré de se voir ainsi sans matière pour allumer les désirs impurs dans le cœur, abandonnera la lutte. De retour dans sa cellule, Moïse se livra à de grandes austérités : il ne mangeait que douze onces de pain sec, épuisait son corps par le travail et faisait cinquante séries de prières par jour. Mais il avait beau macérer ainsi sa chair, il restait tout embrasé, particulièrement dans les rêves. Il alla donc de nouveau prendre conseil d’un autre grand vieillard, qui lui recommanda d’ajouter à la sobriété corporelle celle de l’intelligence, en la purifiant par les veilles. Moïse associa dès lors à ses jeûnes, les veilles quotidiennes la nuit entière : pendant six ans, il se tint debout toutes les nuits au milieu de sa cellule, priant sans fermer l’œil. Comme les pensées continuaient de l’assaillir, il compléta l’édification en lui de l’homme nouveau par un amour ardent pour ses frères. La nuit, il se rendait dans les cellules des vieux anachorètes qui n’avaient plus la force d’aller chercher de l’eau, et il allait remplir leurs jarres au puits qui se trouvait à plusieurs milles de là. Le démon, furieux de se voir ainsi vaincu de toutes parts par le serviteur de Dieu, l’assaillit une nuit, alors qu’il était penché au-dessus du puits, et lui donna un violent coup de massue sur les reins. Le lendemain, un frère, qui était venu puiser de l’eau, le trouva gisant là à demi mort et alla en informer abba Isidore. Transporté à l’église, Moïse ne recouvra ses forces qu’au bout d’une année. Isidore l’engagea à cesser de provoquer les démons au combat, car il y une mesure en tout, mais le vaillant soldat du Christ lui répondit : « Il m’est impossible de cesser, tant que les imaginations suggérées par les démons me troubleront. » L’Ancien lui annonça qu’il serait désormais délivré des rêves, et que cette épreuve avait été permise par Dieu pour qu’il ne se vante pas d’avoir surmonté la passion par ses propres forces. Moïse retourna donc dans sa cellule, et au bout de deux mois, il revint voir Isidore auquel il déclara ne plus éprouver aucun trouble. En plus de la grâce de l’impassibilité, Dieu lui accorda le pouvoir contre les démons, et transforma son caractère violent en une charité et une douceur sans pareille. Un jour, un frère ayant commis une faute à Scété, les Pères se rassemblèrent pour le juger et invitèrent abba Moïse à se joindre à eux ; mais celui-ci refusa de se rendre à cette assemblée. Comme tout le monde l’attendait, et qu’on avait l’habitude de ne point commencer une synaxe avant que tous les ascètes fussent réunis, le prêtre l’envoya chercher. Moïse se leva, prit une corbeille percée, la remplit de sable et se rendit au conseil. Les moines sortis à sa rencontre lui demandèrent : « Qu’est-ce que ceci, Père ? » L’Ancien leur répondit : « Mes péchés s’écoulent derrière moi et je ne les vois pas, et je viens aujourd’hui pour juger la faute d’un autre ! » Entendant cela, les Pères se repentirent, ne dirent rien au frère fautif et lui pardonnèrent. Un frère s’était rendu à Scété pour visiter les Anciens, et il voulut d’abord voir l’illustre abba Arsène, mais celui-ci n’accepta pas de le recevoir. Il alla ensuite chez abba Moïse qui l’accueillit avec joie et prévenance. Troublé par cette différence d’attitude, il pria Dieu et lui demanda comment il se faisait que l’un des Anciens fuyait les hommes à cause de son Nom et que l’autre les recevait à bras ouverts pour la même raison. Il lui fut alors montré deux grandes barques sur un fleuve, et il vit abba Arsène et l’Esprit de Dieu naviguant sur l’une en toute paix, et sur l’autre abba Moïse et les anges de Dieu qui le nourrissaient de gâteaux de miel . Ayant acquis une grande faveur auprès de Dieu et devenu prêtre, abba Moïse convertit par l’exemple de ses vertus soixante-dix de ses anciens compagnons de brigandage, qui devinrent ses disciples. Il leur enseignait à se débarrasser des passions par les combats de l’ascèse et à demeurer dans leur cellule, comme s’ils étaient au tombeau, morts à tout homme. Il disait : « Reste assis dans ta cellule, et ta cellule t’enseignera toutes choses (Jn 14,26) ». Quand on lui demandait ce que signifie mourir à tout homme, il répondait : « Mourir à son prochain, c’est porter tes fautes et ne te soucier de personne pour savoir s’il est bon ou mauvais. Si nous sommes attentifs à voir nos fautes, nous ne verrons pas celles de notre prochain. Car c’est folie pour l’homme qui a un mort chez lui, de le laisser là et de partir pleurer celui du voisin ». Quand on lui demandait à quoi servent toutes les mortifications auxquelles s’astreignent les moines, ces jeûnes et ces veilles pendant toute une vie, il répondait : « Ils rendent l’âme humble. Car, si l’âme se donne tout ce mal, Dieu la prendra en pitié ». Abba Moïse était âgé de soixante-quinze ans quand on annonça que les barbares Maziques allaient assaillir Scété (407). Tous les moines s’apprêtaient à prendre la fuite, sauf abba Moïse. Les frères lui ayant demandé pourquoi il restait ainsi, paisible, il leur répliqua : « J’attends ce jour depuis tellement d’années, afin que s’accomplisse la parole du Seigneur Jésus-Christ qui a dit : « Tous ceux qui prennent l’épée périront par l’épée (Mt 26, 52) ». Édifiés par cette réponse, les frères déclarèrent : « Nous non plus nous ne fuirons pas, mais nous resterons pour mourir avec toi. » L’Ancien leur dit : « Cela n’est pas mon affaire. Que chacun juge ses propres actes et fasse selon ce que le Seigneur l’éclairera. » Les barbares saccagèrent le fameux centre monastique de Scété, tuant sans merci tous ceux qu’ils trouvaient. Quand ils arrivèrent à la cellule d’abba Moïse et de ses sept disciples, un des moines put se cacher derrière un tas de cordes et, quand ils massacrèrent les saints Pères, il vit sept couronnes descendre du ciel pour reposer au-dessus de leurs corps.
[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Moïse l’Éthiopien, ton 5
Père ayant quitté l’Égypte des passions, tu gravis la montagne des vertus, Moïse, dans l’ardeur de ta foi, prenant sur tes épaules la croix du Christ ; et, glorifié divinement, tu devins le modèle des moines, le sommet des Pères saints ; avec eux sans cesse intercède auprès de Dieu pour qu’il prenne nos âmes en pitié.
Tropaire de saint Job de Potchaïev, ton 4
Avec la patience de l’antique Job qui eut tant à souffrir et rivalisant de tempérance avec Jean le Précurseur, de l’un et l’autre tu t’approprias le zèle pour Dieu et fus digne d’en porter les noms successivement; tu prêchas sans crainte la vraie foi, en laquelle tu as affermi les croyants et tu menas une multitude de moines vers le Christ; vénérable Père Job, intercède pour le salut de nos âmes.
Kondakion de saint Moïse l’Éthiopien, ton 3
Ayant trouvé la divine illumination, tu dissipas les ténèbres des passions et par tes prières de toute la nuit tu mis fin au soulèvement de la chair ; alors tu montas vers la suprême cité; vénérable Père, prie le Christ notre Dieu de nous accorder la grâce du salut.
Kondakion de saint Job de Potchaïev, ton 4
Tu fus un pilier de la vraie foi, toi qui suivis les préceptes angéliques fidèlement; tu repris les superbes sévèrement, mais des humbles, tu fus le secours et l’instructeur; pour ceux qui te disent bienheureux demande la rémission de leurs péchés et garde ton héritage de tout mal, vénérable Père Job, imitateur de celui qui eut tant à souffrir.
ÉPÎTRE DU JOUR
I Cor. XVI, 4-12
Si la chose mérite que j’y aille moi-même, elles feront le voyage avec moi. J’irai chez vous quand j’aurai traversé la Macédoine, car je traverserai la Macédoine. Peut-être séjournerai-je auprès de vous, ou même y passerai-je l’hiver, afin que vous m’accompagniez là où je me rendrai. Je ne veux pas cette fois vous voir en passant, mais j’espère demeurer quelque temps auprès de vous, si le Seigneur le permet. Je resterai néanmoins à Éphèse jusqu’à la Pentecôte; car une porte grande et d’un accès efficace m’est ouverte, et les adversaires sont nombreux. Si Timothée arrive, faites en sorte qu’il soit sans crainte parmi vous, car il travaille comme moi à l’œuvre du Seigneur. Que personne donc ne le méprise. Accompagnez-le en paix, afin qu’il vienne vers moi, car je l’attends avec les frères. Pour ce qui est du frère Apollos, je l’ai beaucoup exhorté à se rendre chez vous avec les frères, mais ce n’était décidément pas sa volonté de le faire maintenant; il partira quand il en aura l’occasion.
2 Cor. I, 1-7 (pour jeudi)
Paul, apôtre de Jésus Christ par la volonté de Dieu, et le frère Timothée, à l’Église de Dieu qui est à Corinthe, et à tous les saints qui sont dans toute l’Achaïe: que la grâce et la paix vous soient données de la part de Dieu notre Père et du Seigneur Jésus Christ! Béni soit Dieu, le Père de notre Seigneur Jésus Christ, le Père des miséricordes et le Dieu de toute consolation, qui nous console dans toutes nos afflictions, afin que, par la consolation dont nous sommes l’objet de la part de Dieu, nous puissions consoler ceux qui se trouvent dans quelque l’affliction! Car, de même que les souffrances de Christ abondent en nous, de même notre consolation abonde par Christ. Si nous sommes affligés, c’est pour votre consolation et pour votre salut; si nous sommes consolés, c’est pour votre consolation, qui se réalise par la patience à supporter les mêmes souffrances que nous endurons. Et notre espérance à votre égard est ferme, parce que nous savons que, si vous avez part aux souffrances, vous avez part aussi à la consolation.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XXI, 28-32
Que vous en semble ? Un homme avait deux fils; et, s’adressant au premier, il dit: Mon enfant, va travailler aujourd’hui dans ma vigne. Il répondit : Je ne veux pas. Ensuite, il se repentit, et il alla. S’adressant à l’autre, il dit la même chose. Et ce fils répondit : Je veux bien, seigneur. Et il n’alla pas. Lequel des deux a fait la volonté du père ? Ils répondirent : Le premier. Et Jésus leur dit: Je vous le dis en vérité, les publicains et les prostituées vous devanceront dans le royaume de Dieu. Car Jean est venu à vous dans la voie de la justice, et vous n’avez pas cru en lui. Mais les publicains et les prostituées ont cru en lui; et vous, qui avez vu cela, vous ne vous êtes pas ensuite repentis pour croire en lui.
Matth. XXI, 43-46 (pour jeudi)
C’est pourquoi, je vous le dis, le royaume de Dieu vous sera enlevé, et sera donné à une nation qui en rendra les fruits. Celui qui tombera sur cette pierre s’y brisera, et celui sur qui elle tombera sera écrasé. Après avoir entendu ses paraboles, les principaux sacrificateurs et les pharisiens comprirent que c’était d’eux que Jésus parlait, et ils cherchaient à se saisir de lui; mais ils craignaient la foule, parce qu’elle le tenait pour un prophète.