Carême de la Dormition
Après-fête de la Transfiguration de notre Seigneur, Dieu et Sauveur Jésus-Christ. Saint Matthias, apôtre (vers 63) ; saints Amour et Viateur, martyrs en Franche-Comté ; saint Domitien, évêque de Châlons-en-Champagne (IIIème s.) ; saint Martin, martyr à Brive (407) ; saint Antoine d’Alexandrie, martyr ; saint Psoès, ermite en Égypte (IVème s.) ; saint Auteur, évêque de Metz (Vème s.) ; saint Ernier, moine à Céaucé (VIème s.) ; saints Julien, Marcien, Jean, Jacques, Alexis, Dimitri, Photius, Pierre, Léonce et sainte Marie, patricienne, avec leurs compagnons, martyrs à Constantinople (730) ; sainte moniale Marguerite Gounaronoulos, martyre (1918).
SAINT MATTHIAS [1]
Saint Matthias, dont le nom signifie « don du Seigneur », était, croit-on, originaire d’une famille distinguée de Bethléem. Il était parmi les disciples qui suivirent le Sauveur depuis son Baptême jusqu’à sa Passion salutaire. Après l’Ascension, les Apôtres retournèrent à Jérusalem et se tenaient dans la Chambre Haute, persévérant d’un seul cœur dans les hymnes et la prière dans l’attente du Saint-Esprit. Ils étaient au nombre d’environ cent vingt personnes : la Mère de Dieu, les onze Apôtres, les frères (cousins) du Seigneur, ses disciples de la première heure et les femmes qui l’avaient fidèlement suivi jusqu’au tombeau. En ces jours-là, Pierre se leva au milieu de l’assemblée et déclara que, puisque Judas avait été exclu de leur communion et avait reçu le châtiment de sa trahison, il convenait qu’un autre disciple reçoive sa charge et devienne avec eux témoin privilégié de la Résurrection. On présenta Joseph Barsabbas, surnommé le Juste, et Matthias. Comme on les jugeait également dignes, les Apôtres élevèrent vers Dieu cette prière : Seigneur, toi qui connais le cœur de tous les hommes, montre-nous lequel de ces deux Tu as choisi pour occuper dans le ministère de l’apostolat la place qu’a laissée Judas (Act 1, 24-25). On tira au sort, et Matthias fut élu par la Providence pour compléter le nombre de Douze Apôtres, symbole de perfection. Après la Pentecôte, il alla prêcher le repentir et la maîtrise des passions par l’observation des commandements évangéliques, d’abord en Palestine puis, semble-t-il, jusqu’en Éthiopie, où il subit le martyre .
SAINT ALEXIS D’UGINE
Né en 1861, dans la région de Smolensk, le père Alexis Medvedkov étudia d’abord au séminaire de cette région puis à Saint-Pétersbourg. À l’issue de ses études, ne parvenant pas à se décider sur sa vocation sacerdotale, il alla demander conseil à saint Jean de Cronstadt [20 déc.] qui lui donna sa bénédiction. Cet entretien le marqua tellement que la personnalité de saint Jean resta son modèle pour tout le reste de sa vie et de son ministère pastoral. Ordonné prêtre en 1895, il fut assigné dans petite paroisse de Vroudy, dans la région de Saint-Pétersbourg. Pendant vingt-quatre ans, il se consacra avec zèle à l’édification spirituelle de ses ouailles, particulièrement des enfants. Distingué pour son activité pastorale, il devint une des premières victimes du communisme et fut arrêté par les bolcheviques en 1918. Confessant le Christ sous la torture, il fut condamné à mort, mais échappa de peu au peloton d’exécution, grâce à sa fille aînée qui se livra comme otage pour le sauver. Il parvint à émigrer, avec sa famille, en Estonie, qui venait tout juste de recevoir son indépendance. Réduit à une grande pauvreté, il travailla pendant quelques mois comme mineur, puis comme gardien de nuit. Il fut ensuite attaché comme prêtre à la cathédrale de la Théophanie à Iykhvi, et se dépensa beaucoup pour organiser la petite paroisse de Kohtla-Iarve et éduquer les jeunes. Après la mort de son épouse, le Père Alexis vint s’établir en France, avec ses deux filles et son petit-fils (1930). Le métropolite Euloge (Guéorguievsky) (1868 1946), qui dirigeait à l’époque les paroisses russes en Europe occidentale, le reçut à la cathédrale russe de Paris, puis lui confia la petite paroisse Saint-Nicolas d’Ugine en Haute-Savoie, près de Grenoble, pour subvenir aux besoins spirituels des ouvriers russes qui travaillaient à l’usine métallurgique. En plus d’une situation économique précaire, la paroisse s’avéra être une communauté difficile, divisée entre plusieurs tendances. Certains paroissiens ne ménageaient pas leurs critiques à l’égard du Père Alexis pour ses offices liturgiques, qu’ils jugeaient trop longs, ou pour sa façon très modeste de s’habiller. Ils portèrent plainte contre lui auprès du métropolite qui le convoqua à Paris, mais le prélat se rendit bien vite compte que le vieux prêtre, humble et débordant de bonté, était victime de calomnies, et il remplaça le conseil paroissial. Écrasé par les difficultés de la paroisse et dans sa famille, mais remerciant Dieu pour tout, sans rien demander, le Père Alexis se vouait à la prière et distribuait le peu d’argent dont il disposait à ceux qui étaient encore plus que lui dans le besoin. Il célébrait quotidiennement la Divine Liturgie, et se tenait ensuite à la disposition de ses paroissiens, se rendant volontiers chez eux pour célébrer des offices privés. En plus de ses sermons, pleins de sève patristique, il aimait rassembler les enfants et leur parler des merveilles de Dieu. Au bout de quatre ans, il fut atteint d’un cancer des intestins et, son état de santé se dégradant rapidement, il fut transféré à l’hôpital d’Annecy. Ses enfants spirituels venaient l’assister, et il leur demanda de convoquer les paroissiens qui s’étaient opposés à lui, pour leur demander pardon et se réconcilier avec eux avant sa mort. Il s’endormit dans le Seigneur, le 22 août 1934. Sur le conseil du médecin, qui craignait que son corps ne se décompose rapidement, il fut enterré sans retard, en présence de toute la population russe d’Ugine. Vingt-deux ans plus tard, le 22 août 1956, à l’occasion de travaux dans le cimetière, on procéda à l’exhumation, et les ouvriers restèrent stupéfaits de trouver son corps intact, ainsi que les vêtements liturgiques dans lesquels il était enveloppé, comme s’il reposait là depuis quelques jours, alors que le cercueil avait été réduit en poussière. La translation de la sainte relique au cimetière russe de Sainte-Geneviève-des-Bois, près de Paris, le 4 octobre 1957, en présence de fidèles de toutes les juridictions de l’émigration, fut un véritable triomphe de l’Orthodoxie. Elles furent ensuite déposées dans la crypte de l’église, et depuis elles ont accompli de nombreux miracles pour les fidèles qui venaient solliciter l’intercession de saint Alexis.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de la Transfiguration, ton 7
Tu t’es transfiguré sur la montagne, ô Christ notre Dieu, laissant tes Disciples contempler ta gloire-autant qu’ils le pouvaient: fais briller aussi sur les pécheurs que nous sommes ton éternelle clarté, par les prières de la Mère de Dieu; Source de lumière, gloire à toi.
Tropaire du saint apôtre Matthias, ton 1
Tiré au sort par grâce de l’Esprit, tu complétas la douzaine des Apôtres divins; avec eux ayant prêché le Verbe qui pour nous s’est anéanti dans la chair, tu fus comblé de merveilles par le Seigneur; à tes chantres, illustre apôtre Matthias, prie-le d’accorder le pardon de leurs fautes et la grâce du salut.
Tropaire de saint Alexis d’Ugine, ton 3
Pasteur bien-aimé du Christ Dieu, tu fus une règle de foi et un exemple de miséricorde. Tu brillas par ta sollicitude envers ton troupeau à l’étranger, et tu fus révélé comme étant glorifié par Dieu. C’est pourquoi reposant avec ton corps dans l’incorruptibilité, et en esprit te tenant devant le trône divin, prie le Christ Dieu de nous affermir dans l’orthodoxie et la piété et de sauver nos âmes.
Kondakion du saint apôtre Matthias, ton 4
Tel un soleil aux rayons lumineux sur le monde entier ton message s’est levé, dans la grâce illuminant l’Église formée par les nations, admirable apôtre Matthias.
Kondakion de saint Alexis d’Ugine, ton 4
Règle de foi et exemple de miséricorde, par ta vie pieuse tu t’es montré parmi les prêtres le prêtre du Dieu-Roi. C’est pourquoi tu te réjouis maintenant avec les choeurs angéliques, jubilant dans les demeures célestes. Ô Père Alexis, glorieux pasteur, prie le Christ Dieu d’affermir en notre pays l’orthodoxie, la paix et la piété et de sauver nos âmes.
Kondakion de la Transfiguration, ton 4
Sur la montagne tu t’es transfiguré et tes Disciples contemplèrent ta gloire, ô Christ notre Dieu, pour autant qu’ils le pouvaient, afin qu’en te voyant sur la croix ils comprennent que ta Passion était voulue et proclament à la face du monde que tu es en vérité le reflet de la splendeur et de la gloire du Père.
1 Cor. XIV, 6-19
De quelle utilité vous serais-je, si je venais à vous parlant en langues, et si je ne vous parlais pas par révélation, ou par connaissance, ou par prophétie, ou par doctrine ? Si les objets inanimés qui rendent un son, comme une flûte ou une harpe, ne rendent pas des sons distincts, comment reconnaîtra-t-on ce qui est joué sur la flûte ou sur la harpe ? Et si la trompette rend un son confus, qui se préparera au combat ? De même vous, si par la langue vous ne donnez pas une parole distincte, comment saura-t-on ce que vous dites ? Car vous parlerez en l’air. Quelque nombreuses que puissent être dans le monde les diverses langues, il n’en est aucune qui ne soit une langue intelligible ; si donc je ne connais pas le sens de la langue, je serai un barbare pour celui qui parle, et celui qui parle sera un barbare pour moi. De même vous, puisque vous aspirez aux dons spirituels, que ce soit pour l’édification de l’Église que vous cherchiez à en posséder abondamment. C’est pourquoi, que celui qui parle en langue prie pour avoir le don d’interpréter. Car si je prie en langue, mon esprit est en prière, mais mon intelligence demeure stérile. Que faire donc ? Je prierai par l’esprit, mais je prierai aussi avec l’intelligence ; je chanterai par l’esprit, mais je chanterai aussi avec l’intelligence. Autrement, si tu rends grâces par l’esprit, comment celui qui est dans les rangs de l’homme du peuple répondra-t-il Amen ! à ton action de grâces, puisqu’il ne sait pas ce que tu dis ? Tu rends, il est vrai, d’excellentes actions de grâces, mais l’autre n’est pas édifié. Je rends grâces à Dieu de ce que je parle en langue plus que vous tous ; mais, dans l’Église, j’aime mieux dire cinq paroles avec mon intelligence, afin d’instruire aussi les autres, que dix mille paroles en langue.
Actes I, 12-17,21-26 (S. Apôtre Matthias)
Alors ils retournèrent à Jérusalem, de la montagne appelée des oliviers, qui est près de Jérusalem, à la distance d’un chemin de sabbat. Quand ils furent arrivés, ils montèrent dans la chambre haute où ils se tenaient d’ordinaire ; c’étaient Pierre, Jean, Jacques, André, Philippe, Thomas, Barthélemy, Matthieu, Jacques, fils d’Alphée, Simon le Zélote, et Jude, fils de Jacques. Tous d’un commun accord persévéraient dans la prière, avec les femmes, et Marie, mère de Jésus, et avec les frères de Jésus. En ces jours-là, Pierre se leva au milieu des frères, le nombre des personnes réunies étant d’environ cent vingt. Et il dit : Hommes frères, il fallait que s’accomplît ce que le Saint Esprit, dans l’Écriture, a annoncé d’avance, par la bouche de David, au sujet de Judas, qui a été le guide de ceux qui ont saisi Jésus. Il était compté parmi nous, et il avait part au même ministère. Il faut donc que, parmi ceux qui nous ont accompagnés tout le temps que le Seigneur Jésus a vécu avec nous, depuis le baptême de Jean jusqu’au jour où il a été enlevé du milieu de nous, il y en ait un qui nous soit associé comme témoin de sa résurrection. Ils en présentèrent deux : Joseph appelé Barsabbas, surnommé Justus, et Matthias. Puis ils firent cette prière : Seigneur, toi qui connais les coeurs de tous, désigne lequel de ces deux tu as choisi, afin qu’il ait part à ce ministère et à cet apostolat, que Judas a abandonné pour aller en son lieu. Ils tirèrent au sort, et le sort tomba sur Matthias, qui fut associé aux onze apôtres.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XX, 17-28
Pendant que Jésus montait à Jérusalem, il prit à part les douze disciples, et il leur dit en chemin : Voici, nous montons à Jérusalem, et le Fils de l’homme sera livré aux principaux sacrificateurs et aux scribes. Ils le condamneront à mort, et ils le livreront aux païens, pour qu’ils se moquent de lui, le battent de verges, et le crucifient; et le troisième jour il ressuscitera. Alors la mère des fils de Zébédée s’approcha de Jésus avec ses fils, et se prosterna, pour lui faire une demande. Il lui dit: Que veux-tu? Ordonne, lui dit-elle, que mes deux fils, que voici, soient assis, dans ton royaume, l’un à ta droite et l’autre à ta gauche. Jésus répondit: Vous ne savez ce que vous demandez. Pouvez-vous boire la coupe que je dois boire? Nous le pouvons, dirent-ils. Et il leur répondit: Il est vrai que vous boirez ma coupe; mais pour ce qui est d’être assis à ma droite et à ma gauche, cela ne dépend pas de moi, et ne sera donné qu’à ceux à qui mon Père l’a réservé. Les dix, ayant entendu cela, furent indignés contre les deux frères. Jésus les appela, et dit: Vous savez que les chefs des nations les tyrannisent, et que les grands les asservissent. Il n’en sera pas de même au milieu de vous. Mais quiconque veut être grand parmi vous, qu’il soit votre serviteur; et quiconque veut être le premier parmi vous, qu’il soit votre esclave. C’est ainsi que le Fils de l’homme est venu, non pour être servi, mais pour servir et donner sa vie comme la rançon de plusieurs.
Lc IX, 1-6 (S. apôtre Matthias)
Jésus, ayant assemblé les douze, leur donna force et pouvoir sur tous les démons, avec la puissance de guérir les maladies. Il les envoya prêcher le royaume de Dieu, et guérir les malades. Ne prenez rien pour le voyage, leur dit-il, ni bâton, ni sac, ni pain, ni argent, et n’ayez pas deux tuniques. Dans quelque maison que vous entriez, restez-y; et c’est de là que vous partirez. Et, si les gens ne vous reçoivent pas, sortez de cette ville, et secouez la poussière de vos pieds, en témoignage contre eux. Ils partirent, et ils allèrent de village en village, annonçant la bonne nouvelle et opérant partout des guérisons.