Le patriarche de Jérusalem Théophile s’est rendu mercredi 29 janvier à Tirana pour dire le « dernier adieu » à l’archevêque de Tirana, Durrës et de toute l’Albanie, Monseigneur Anastase.
Le Primat de l’Église de Sion a assisté jeudi 30 janvier au service funèbre présidé par le Patriarche œcuménique Bartholomée, en la Cathédrale de la Résurrection du Christ à Tirana. Après l’office, l’éloge funèbre du Bienheureux Patriarche de Jérusalem Théophile a été remis au Locum tenens du Trône, le métropolite de Korçë, Monseigneur Jean.
Le patriarche de Jérusalem déclare dans son éloge funèbre :
« Éminentissime métropolite de Korçë, Monseigneur Jean, Locum tenens du Trône archiépiscopal de l’Église d’Albanie, Très Saint, Béatissimes Primats des Églises orthodoxes autocéphales, Bien-aimés frères dans le Christ,
Les Primats des Églises orthodoxes autocéphales, unis dans le Christ par le lien de la paix, partageons aujourd’hui le deuil de l’Église orthodoxe autocéphale d’Albanie pour le départ vers le Seigneur de son Pasteur, le bienheureux archevêque de Tirana, Durrës et de toute l’Albanie, Monseigneur Anastase. Nous partageons ce deuil en participant à ce service funèbre autour de sa dépouille vénérable et en priant pour le repos de son âme au séjour des vivants. « Affligés comme il se doit par la séparation », nous sommes consolés par les paroles de notre Seigneur Jésus-Christ qui, par une miséricorde ineffable, s’est incarné, a été crucifié et est ressuscité pour nous : « Je suis la résurrection et la vie ; celui qui croit en moi, même s’il meurt, vivra » (Jn 11, 25-26).
Dans nos prières, nous considérons comme digne et juste d’ajouter cette mention élogieuse : le Seigneur, dispensateur des dons, l’avait doté de nombreux charismes, lui avait confié de nombreux talents, qu’il a, en « bon et fidèle serviteur » (Mt 25, 21), cultivés, accrus et multipliés.
Tout d’abord, en tant que missionnaire pionnier, il a transmis la foi chrétienne orthodoxe sur le continent africain. Comme professeur d’Histoire des religions à la Faculté de théologie de l’Université d’Athènes, il a eu une pléiade d’étudiants, et Notre Humilité a eu la chance de l’avoir comme enseignant et professeur, ainsi que d’autres Pères du Saint-Sépulcre.
Cependant, il a mis les qualités de sa personnalité talentueuse, jouissant d’une reconnaissance internationale, au service de l’Église d’Albanie pendant trente-trois années consécutives, mission que lui avait confiée le Patriarcat œcuménique. Il y a accompli une œuvre missionnaire véritablement incomparable, imitant les grands Pères de l’Église. Il a soigné cette Église des blessures de la cruelle persécution du régime athée antichrétien et l’a ressuscitée et réorganisée de ses cendres. Il a érigé des centaines d’églises, ordonné et formé des prêtres, fondé des hôpitaux, des centres médicaux, des établissements universitaires d’enseignement et une multitude d’institutions caritatives qui offrent aide et soulagement à toute personne dans le besoin, indépendamment de sa classe sociale, de sa religion ou de sa nationalité.
Il a organisé par le système synodal l’Église d’Albanie avec respect envers le Patriarcat œcuménique, toujours soucieux et luttant pour l’unité de l’Église orthodoxe. Il a orné la ville de Tirana de la Cathédrale de la Résurrection, cet édifice d’une extraordinaire beauté architecturale en son centre, comme héraut éclatant de la foi orthodoxe. Il en a célébré la consécration en 2014 avec une participation panorthodoxe, à laquelle le Patriarcat de Jérusalem a été fraternellement invité et a participé à travers Notre humilité, déposant notamment un fragment de pierre du Très Saint Sépulcre vivifiant.
Le départ vers le Seigneur de l’archevêque d’Albanie Anastase a privé l’Église d’Albanie et toute l’Orthodoxie de sa présence vivante, mais ses bonnes œuvres demeurent comme un puissant héritage, particulièrement pour l’Église d’Albanie. Le Patriarcat de Jérusalem, partageant sa peine, lui souhaite de continuer, par son exemple et ses prières, à parcourir le chemin escarpé qu’il a tracé pour elle. On peut dire de lui que, accomplissant son nom, il a vécu une vie ressuscitée avant son repos et la Résurrection commune.
« Le temps nous manquerait pour parler encore » (He 11, 32) de ses bonnes œuvres, c’est pourquoi, les laissant à la conscience de l’Église dans le Christ, nous prions Dieu de lui pardonner tout péché qu’il aurait pu commettre volontairement ou involontairement comme homme, et de le placer au séjour des vivants avec les saints et les justes, car « il a combattu le bon combat, il a achevé la course, il a gardé la foi. Désormais lui est réservée la couronne de justice que lui remettra le Seigneur en ce jour-là, non seulement à lui, mais à tous ceux qui auront aimé sa manifestation » (2 Tm 4, 7-8). Qu’il en soit ainsi.
Éternelle soit sa mémoire ! »