– Mgr Léonide, envisagez-vous de vous rendre en Afrique dans un avenir proche pour organiser les affaires de l’exarchat ?
– Je prévois une visite pastorale en Afrique. Pour l’instant, il n’est pas possible de se rendre dans un certain nombre de pays en raison des restrictions épidémiologiques. Néanmoins, la structure de l’exarchat va se développer, des ressources humaines seront nécessaires, la question du personnel étant l’une des plus grandes priorités aujourd’hui.
Le noyau de l’exarchat sera créé à Moscou. Il s’agit d’une structure puissante absolument nouvelle à l’échelle continentale, qui nécessite une étude et une élaboration scrupuleuses et détaillées.
– Les cent deux prêtres de l’Église d’Alexandrie qui sont passés à l’Église russe, sont-ils passés avec leurs paroisses ou non ?
– Oui, avec leurs paroisses et leurs ouailles. Et selon nos prévisions, ce n’est que le début.
– Où sera située le siège du nouvel exarchat et de nouvelles cathédrales seront-elles construites en Afrique, par exemple au Caire ?
– Pour les besoins administratifs de l’exarchat, Sa Sainteté le patriarche Cyrille a affecté la cathédrale patriarcale de Tous-les-Saints dans le quartier de Koulichki à Moscou (qui a servi de 1999 à 2019 comme représentation du Patriarcat d’Alexandrie NdT). Des lieux de culte de l’Église orthodoxe russe seront construites dans les pays africains en fonction des besoins. L’attribution d’un terrain au Caire pour y construire une cathédrale est à l’étude. À Johannesburg, siège du diocèse d’Afrique du Sud, il y a une paroisse de l’Église orthodoxe russe depuis 1999. Le complexe religieux comprend, outre l’église, plusieurs salles supplémentaires pour les besoins de la paroisse. Il s’agit d’une base matérielle à part entière pour la création d’un centre diocésain avec une cathédrale à cet endroit.
– Comment les perspectives de notre Église en Afrique changent-elles à la suite des décisions du Synode ?
– À notre avis, il s’agit d’une étape historique. L’Église orthodoxe russe acquiert un statut différent et assume la responsabilité associée à cet événement historique. Nous ne sommes pas prêts à tolérer l’injustice et le piétinement des canons de l’Église, peu importe par qui ils sont violés.
En outre, l’Église orthodoxe russe a toujours été préoccupée et attentive à la situation des minorités chrétiennes dans le monde, et l’Afrique ne fait pas exception. Nous nous exprimons sur ce sujet depuis toutes les plateformes. Les droits des chrétiens ne doivent pas être enfreints et nous faisons de notre mieux pour les protéger et les respecter.
– Puisqu’il y a deux diocèses dans l’exarchat, les prêtres locaux qui sont entrés dans l’église russe peuvent-ils y devenir évêques ?
– La question du personnel est l’une des plus importantes, comme cela a déjà été dit. Nous n’excluons pas la possibilité d’élargir la structure de l’exarchat si nécessaire. La question de la possibilité de créer d’autres diocèses et de nommer des évêques parmi le clergé russe et africain peut être soumise à l’examen du Saint-Synode. Nous n’excluons pas non plus la possibilité que certains des évêques du Patriarcat d’Alexandrie déclarent leur désir de faire partie de l’Église orthodoxe russe.
– Avez-vous des suggestions sur la manière dont les dirigeants et le clergé de l’Église d’Alexandrie pourraient réagir à la création de l’exarchat – parce qu’il apparaît sur son territoire canonique ?
– Après la décision anti-canonique, perfide et unilatérale du primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie de reconnaître le groupe schismatique dit « Église orthodoxe d’Ukraine », nous avons eu une longue pause, attendant que le primat de l’Église orthodoxe d’Alexandrie réalise la profondeur, la tragédie et le caractère irréparable de son erreur, mais cela ne s’est pas produit. Aucun synode n’a été convoqué, dont les membres auraient pu se prononcer sur la seule décision du patriarche Théodore, la soutenir ou la rejeter. Nous avons attendu deux ans, plus que ce qui était possible. Maintenant, la question de la réaction des dirigeants de l’Église d’Alexandrie a cessé d’exister pour nous.
Les chiffres parlent d’eux-mêmes quant à la réaction du clergé. Cent deux ecclésiastiques ont déjà demandé à être reçus sous l’omophore de l’Église orthodoxe russe. Il s’agit d’un pourcentage significatif du nombre total de membres du clergé. Certains d’entre eux l’attendent depuis 2019. Nous prévoyons une augmentation du nombre de demandes.