Sa Béatitude Daniel, patriarche de l’Église orthodoxe roumaine, a adressé un message lundi à l’occasion de la réunion fondatrice de la Commission pour le dialogue entre l’État et les confessions religieuses. L’événement a eu lieu au Victoria Palace à Bucarest. Nous publions ci-après ce message in extenso :
« La création de la Commission pour le dialogue entre l’État et les cultes représente un moment important dans la coopération actuelle entre l’État et les confessions religieuses, signe du désir du Gouvernement roumain de trouver, par le dialogue, des solutions pour l’exercice naturel de la liberté de religion par les citoyens, mais aussi pour certains projets communs, dans un esprit de respect mutuel. Les trois dernières décennies ont connu un développement sans précédent dans l’histoire de la coopération entre l’État et les cultes en Roumanie, fondée sur les principes démocratiques de la liberté de conscience et de la liberté de croyance religieuse, ainsi que sur les dispositions de l’article 29 par. 5) de la Constitution roumaine, selon laquelle ‘les cultes religieux sont autonomes par rapport à l’État et bénéficient de son soutien…’ L’État roumain, bien que neutre envers les cultes religieux, a compris leur rôle important dans l’histoire nationale de la Roumanie et dans la vie de la société roumaine.
En outre, sur la base de l’article 7 alinéa (1) de la loi n° 489/2006 sur la liberté religieuse et le régime général des cultes, selon laquelle ‘l’État roumain reconnaît les confessions religieuses pour leur rôle spirituel, éducatif, socio-caritatif, culturel et de partenariat social, ainsi que leur statut de facteurs de paix sociale’, les autorités centrales et locales ont constamment soutenu leur activité d’un point de vue financier, urbain, culturel et éducatif. Ainsi, avec l’appui constant du gouvernement roumain par l’intermédiaire du Secrétariat d’État aux cultes et d’autres autorités publiques centrales et locales, les monuments historiques des confessions religieuses ont été consolidés et restaurés, de nouveaux lieux de culte ont été construits, une importante structure d’assistance sociale et médicale de l’Église est actuellement fonctionnelle, des établissements d’enseignement théologique et confessionnel ont été créés dans tout le pays.
Et les Roumains à l’étranger sont aidés dans leurs efforts pour maintenir leur identité religieuse, culturelle et linguistique. La contribution spirituelle des cultes à la vie de la société est particulière, mais elle doit être davantage soutenue. Notamment, l’augmentation pratiquement annuelle du salaire minimum génère une pression financière particulière sur les budgets des unités religieuses, car de nombreux employés des confessions religieuses sont employés à ce niveau. Par conséquent, nous demandons également à cette occasion l’augmentation du soutien salarial pour le personnel non clérical des cultes reconnus au niveau du salaire minimum dans l’économie, comme c’était le cas jusqu’en 2017. Les moments les plus importants de la coopération institutionnelle entre les cultes reconnus et l’État roumain après 1990 ont été les réunions qui ont abouti à la rédaction du texte de la Déclaration des confessions religieuses de Snagov en 2000 pour l’intégration de la Roumanie dans l’Union européenne et de la loi actuelle n° 489/2006 sur la liberté religieuse et le régime général des cultes (en 2005).
Parallèlement, ces dernières années, notamment pendant la pandémie, plusieurs réunions de travail conjointes ont été organisées avec la participation des autorités publiques centrales, avec la volonté d’identifier des solutions aux défis sanitaires qui se sont apparus. D’autre part, les confessions religieuses elles-mêmes ont pris des mesures pour établir leur propre plate-forme de dialogue, le Conseil consultatif des cultes de Roumanie, établi le 14 avril 2011 au Palais du Patriarcat, auquel 13 des 18 confessions religieuses reconnues en Roumanie ont adhéré en tant que membres. Toutefois, la Commission pour le dialogue entre l’État et les cultes est la bienvenue, car le dialogue entre les confessions religieuses est nécessaire pour que soit complété le dialogue entre les confessions religieuses et l’État. C’est pourquoi l’Église orthodoxe roumaine est convaincue qu’en coopération avec les institutions de l’État, elle est appelée à apporter, avec d’autres confessions religieuses, une contribution permanente et multiple à la vie de la société roumaine, en particulier sur le plan spirituel, culturel, éducatif et social-caritatif.
Cette mission découle non seulement des besoins du contexte social d’aujourd’hui, mais surtout du message de l’Évangile du Christ, qui ne sépare pas l’amour pour Dieu de l’amour pour les hommes, précisément parce que Dieu aime tous les hommes et désire leur salut. En conclusion, en remerciant le gouvernement roumain de l’appui qu’il a accordé jusqu’à présent aux cultes religieux, nous exprimons notre satisfaction pour la création de la Commission pour le dialogue entre l’État et les cultes, ainsi que notre conviction que, grâce à la coopération nécessaire et naturelle entre l’État et les cultes religieux, des possibilités seront certainement trouvées pour répondre aux défis religieux, sociaux, culturels et éducatifs qui ont un impact sur la vie du peuple roumain.
† Daniel
Patriarche de l’Église orthodoxe roumaine