Alors que l’Église orthodoxe entrait hier, dimanche du Pharisien et du Publicain, dans la période dite du Triode, le patriarche Daniel a exhorté, depuis la chapelle de la résidence patriarcale à Bucarest, à apprendre du pharisien la bonne action, et du publicain, l’humilité, afin d’être agréable à Dieu.
Le Patriarche Daniel a souligné que les orthodoxes sont entrés dans une période préparatoire, mais très intense, « une période de repentance, de préparation spirituelle, d’ascension vers la résurrection. D’abord, vers la résurrection de l’âme de la mort causée par le péché, puis vers la résurrection en tant que fête de la Sainte Pâque ». « La période du Triode est une période d’intense préparation spirituelle, et les quatre premiers dimanches préparatoires nous montrent que pendant cette période, il y a quatre grandes œuvres : la prière humble, le repentir sincère, la charité généreuse et le jeûne ou la maîtrise de soi. » « Ces quatre œuvres sont imbriquées », a poursuivi le patriarche. « Elles sont toujours présentes pendant cette période, et l’Église a ordonné ces dimanches préparatoires pour nous accoutumer à la période de tout le Carême de Pâques, en ce sens que ces quatre grandes œuvres signifient des œuvres spirituelles de l’âme et du corps. Pendant cette période, nous prions davantage, nous nous repentons et nous communions plus intensément, nous faisons l’aumône et nous nous abstenons de manger et de commettre des péchés ».
« Cette période de jeûne est une école spirituelle », a ajouté le patriarche. C’est pourquoi le premier dimanche de la période du Triode nous présente l’humble prière du publicain pécheur, en contraste avec la prière arrogante et méprisante du pharisien, qui se considérait comme un homme juste et remerciait Dieu de ce qu’il n’était pas comme les autres.
Le patriarche a qualifié d’impressionnante la manière dont l’Évangile du premier dimanche du Triode décrit, en très peu de mots, les états spirituels et aspects différents des deux personnes de la parabole : « Le pharisien, au moment de la prière, se tient debout, hautain, avec impudence, et prie en lui-même, c’est-à-dire que, sans paroles, il prie en pensée et pour lui-même. Le pharisien transforme l’action de grâces envers Dieu en satisfaction de soi. Il ne remercie pas Dieu de l’avoir aidé à faire de bonnes œuvres, mais le remercie d’avoir l’occasion de se comparer à d’autres, qu’il juge et méprise. C’est donc un homme qui prie formellement, mais en fait, pendant la prière, il se loue lui-même et non pas Dieu. D’autre part, à une certaine distance, le publicain ne voulait pas même lever les yeux vers le ciel, mais se frappait la poitrine en signe d’humilité et de tristesse, en disant : « Dieu, sois miséricordieux envers moi, pécheur ! » Tout ce qu’il dit est que seule la miséricorde de Dieu peut lui pardonner et le sauver. Il ne dit pas quels péchés il a commis, rien sur lui-même, mais demande seulement la miséricorde de Dieu ». « C’est pourquoi le Sauveur dit que le publicain est descendu dans sa maison plus justifié que le pharisien », a souligné le patriarche Daniel.
Celui qui s’élève lui-même sera humilié, et celui qui s’abaisse s’élèvera, telle est la conclusion de la fin de la parabole. « Cette réflexion utilisée ici peut être traduite comme suit : « Celui qui s’élève sera humilié, et celui qui s’abaisse sera élevé par Dieu », a déclaré le patriarche.
« L’Évangile d’aujourd’hui ne veut pas dire que Jésus préfère le publicain pécheur mais humble et rejette le pharisien vertueux mais orgueilleux », a souligné Sa Béatitude, mais « il veut montrer que l’humilité est plus grande que la bonne action ». Paraphrasant un chant de l’office de Matines du premier dimanche du Triode, le patriarche Daniel a exhorté : « Faisons de bonnes actions et cultivons l’humilité. Apprenons du pharisien la bonne action, et du publicain l’humilité, et en unissant les bonnes œuvres à l’humilité, nous parviendrons à plaire à Dieu ». « Cette synthèse entre les bonnes œuvres et l’humilité est l’enseignement qui nous montre le bon chemin vers le salut. » « L’humilité est préférable à une bonne action si celle-ci s’accompagne d’orgueil, de la louange de soi, du jugement et du mépris des autres », a déclaré le patriarche Daniel. « Pourquoi ? Quand une personne qui a fait de bonnes actions juge les autres et se loue elle-même, il n’y a que de l’amour de soi dans son âme. Et parce qu’il n’a pas une prière humble, l’amour miséricordieux de Dieu ne rentre plus en lui ». « Quand l’homme prie dans l’humilité, sa prière apporte la grâce de l’amour humble et miséricordieux du Christ », a souligné Sa Béatitude.
Le Patriarche de Roumanie a dit enfin que la prière humble est « le premier échelon des œuvres spirituelles pendant le Carême » et qu’à travers elle, l’homme « commence à se remettre des blessures produites par les péchés et les passions, à se relever de la chute ». Les métanies en sont une illustration. Elles « montrent que l’homme s’incline le front vers la terre, reconnaissant que ses péchés sont souvent des pulsions passionnelles envers les choses terrestres, tandis que lorsque l’on se relève, cela signifie s’élever par le repentir, la confession et la communion eucharistique, comme résultat de la grâce du Christ dans l’âme de l’homme ».