Aux Excellences, au clergé, aux moines, aux moniales et aux fidèles de l’Archevêché des Églises Orthodoxes de Tradition Russes en Europe Occidentale.
Chers Messeigneurs, Pères, Frères et Sœurs bien aimés en Christ,
La Résurrection du Christ, victoire de la vie sur la mort, est le cœur de notre foi, l’essence même du culte divin, de notre manière d’être et de la culture du peuple orthodoxe porteur du nom du Christ. La vie des fidèles orthodoxes est imprégnée et nourrie de la foi en la Résurrection. Cette expérience pascale n’est pas que le souvenir de la Résurrection du Seigneur, mais le vécu de notre propre renouveau et la certitude inébranlable de l’accomplissement eschatologique de notre confession de foi.
Chaque Liturgie eucharistique est intimement liée au « jour parfaitement saint » du dimanche, jour de la Résurrection. Le caractère pascal et joyeux de la Divine Eucharistie est frappant, car celle-ci est toujours célébrée dans une ambiance de joie et d’allégresse, comme figurant le renouveau de toute la création.
Le croyant orthodoxe a une raison propre et un puissant mobile pour lutter contre toute sorte de mal, car il vit intensément le contraste entre l’attente des fins dernières et les données historiques dans lesquelles il vit conformément à la parole du Seigneur: «chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits, qui sont mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait!» (Mt 25, 40); à la pratique de la charité du bon Samaritain (cf. Lc 10, 30- 37) il considère que le blessé, le réfugié, le pauvre est un proche et il lui porte spontanément secours. Cette diaconie caritative, l’aide au frère en situation précaire, vient prolonger et exprimer le sens du partage eucharistique de l’Église et révèle que l’amour est le vécu profond de la vie en Christ, dans le présent et dans le Règne .
L’annonce de la Résurrection, «la fête des fêtes», l’Amour tout-puissant qui a aboli la puissance de la mort retentit aujourd’hui dans un monde meurtri où sévissent une guerre fratricide ainsi que d’autres guerres oubliées, l’injustice sociale et la mise en cause de la dignité de la personne humaine. A notre monde contemporain qui équivaut à un Golgotha pour des milliers de réfugiés d’hommes, de femmes et d’enfants innocents massacrés froidement soit disant pour une raison d’état, la Résurrection annonce que devant Dieu, la vie humaine est une valeur absolue. Elle déclare que les épreuves et les souffrances, la croix et le Golgotha n’ont pas le dernier mot. Ceux qui crucifient ne sauraient triompher de leurs tragiques victoires. Pour l’Église orthodoxe, la Croix est le centre de la piété, mais ce n’est pas la fin ultime qui définit aussi le point final d’orientation de la vie ecclésiale. Le vrai sens de la Croix, c’est qu’elle est le chemin menant à la Résurrection. C’est sur cette base, que nous proclamons: « par la Croix est venue la joie dans le monde entier». L’office de la Passion du Seigneur n’est pas triste, mais mêlé de croix et de résurrection, puisque la Passion est abordée et vécue à travers la Résurrection, qui est «rédemption de nos peines ».
Frères et soeurs bien-aimés, nous les fidèles orthodoxes, remplis de l’expérience de la Résurrection, éclairés par le Ressuscité ,lumière sans déclin, rendant grâce pour tout, recherchant la volonté du Seigneur, nous chantons avec toute l’Église « Christ est ressuscité ! ». Prions le Seigneur supplicié, enseveli et ressuscité, d’éclairer l’intelligence et le cœur de tout homme de bonne volonté; de guider nos actions vers toute œuvre de bien et d’affermir son Eglise pour que celle-ci rende témoignage de l’Évangile de l’Amour «jusqu’aux extrémités de la terre» (Ac 1, 8) et proclame la gloire de Son nom «au-dessus de tout nom».
A vous tous sainte fête de Pâques 2022.