Aux Excellences, au clergé, aux moines, aux moniales et aux fidèles de l’Archevêché des églises orthodoxes de tradition russe en Europe occidentale.
Par la fête de la Résurrection du Christ et la période pascale, l’Église inaugure la perspective de l’éternité et son propre temps pour le Salut de chacun et de chacune. La Promesse est enfin accomplie. Le Fils a accompli la volonté du Père et le Nom du Père est sanctifié et glorifié. Le mystère de la Révélation du Dieu trinitaire est achevé en ouvrant à ceux qui désirent l’accès au Royaume de Dieu. Et maintenant l’Église proclame cette Bonne Nouvelle dans le monde entier : « Le Christ est ressuscité des morts, par la mort il a vaincu la mort, à ceux qui sont dans les tombeaux Il a donné la vie ! (Matthieu 28:6).
La phase nouvelle de la Résurrection consiste à découvrir l’enseignement du Christ comme initiation, éveil au mystère du Salut qui renouvelle l’homme et la création en vue de Dieu. Par Sa Résurrection, le Verbe de Dieu, a recréé l’homme pour la vie nouvelle, l’être humain blessé par le péché et contaminé par la mort, pour l’éternité (1 Co, 15, 53-55). Les chrétiens croient et confessent, selon apôtre Paul : « S’il n’y a pas de résurrection des morts, le Christ non plus n’est pas ressuscité. Mais si le Christ n’est pas ressuscité, vide alors est notre message, vide aussi votre foi. Il se trouve même que nous sommes des faux témoins de Dieu, puisque nous avons attesté contre Dieu qu’il a ressuscité le Christ, alors qu’il ne l’a pas ressuscité, s’il est vrai que les morts ne ressuscitent pas » (1 Co, 15, 13-15). La Résurrection du Christ est un fait historique et fait partie de l’histoire de l’humanité. Il résulte de cette œuvre de Salut que nous sommes, désormais habités maintenant par la Divinité et rendus « participants de la nature divine » (2 Pierre 1.4) dans la mesure où l’homme adhère à l’expérience spirituelle et eucharistique que lui propose le Christ Sauveur.
Par la Résurrection, la création entière a reçu la liberté absolue. Elle n’a pas de vie privée, comme notre vie n’a pas de sens privé, mais est seulement en lien avec le Corps du Christ (1 Co 12,12-27). C’est pour cette raison que l’Église proclame toujours que le Salut est possible seulement dans le Christ Ressuscité. Elle invoque la paix du Christ pour chacun de ses membres et pour le monde entier. Dieu dans la Résurrection du Christ ne ressort pas d’une affaire privée, mais bien d’une œuvre commune pour la création et la lumière de la Résurrection et repartie sur toute création.
Cette lumière continue toujours à illuminer le monde contemporain déchristianisé. Aujourd’hui, nous en voyons les effets – la culture d’un monde enfermé dans sa propre immanence, un monde se déclarant et se voulant autonome de Dieu, prêchant sa sécularisation dans laquelle à la fois Dieu et l’homme ont été privatisés. Dieu relève d’une affaire privée et non plus communautaire. Le monde est devenu une pure mécanique coupée des Énergies Divines, les éléments constituant les matières existantes par eux-mêmes, la science ayant toutes les peines à lire le monde comme relation, comme réalité intégrée, comme totalité. L’homme contemporain coupant le lien avec son Créateur, perd l’image à laquelle il a été créé et risque de répéter le chemin d’Adam, ce qui le conduira vers la mort. On voit bien qu’il y a, aujourd’hui, une grande différence entre la culture des chrétiens et la culture contemporaine. En effet, la culture chrétienne prend toujours Dieu comme point de départ, tandis que la culture contemporaine commence avec l’homme.
La culture chrétienne montre que le monde est fondé sur un ordre logique (du Logos) (Jean 1:1), sur une vie interne liée aux Énergies Divines qui dépasse l’artificielle séparation entre l’esprit et la matièreь introduisant ainsi une vision toute nouvelle de la cosmologie. Par la résurrection du Christ, Dieu a renouvelé définitivement et complètement la créature et l’être humain. La Résurrection du Christ a donné la Vie, se manifestant dans la concordance de l’ensemble du créé, qui a été défini par nos Pères comme harmonie.
Seule, une véritable foi peut amener l’homme à une telle vision sans renier la quête du sens et des raisons de la création. Pâques nous convie et surtout nous fournit les clefs de compréhension qui nous permettent non pas simplement de posséder le monde d’une manière égoïste mais bien de contempler en lui l’œuvre de Dieu, de Son Salut, qui se révèle à nous et nous fait remonter de la création au Créateur tout en usant de cette création faite pour nous.
Voilà pourquoi, pour nous, les croyants, il est fondamental de vivre toujours plus dans la perspective de l’éternité et d’attendre la venue du Christ car « nous avons notre citoyenneté dans les cieux, d’où nous attendons comme sauveur le Seigneur Jésus Christ » (Ph 3:20-21). Vivre Pâques est une véritable joie et une vraie espérance car le Christ est avec nous « tous les jours jusqu’à la fin des temps » (Mt 28, 20) et que « la Vie règne » embrassant l’être humain. Vivre Pâques, c’est comprendre que Jésus Christ est La Vraie Lumière et qu’en Lui était la vie, et la vie était la lumière des hommes. (Jean 1, 3-4).
Que la lumière du Christ, la paix et la joie de Ressuscité vous accompagnent tous !