C’est le 19 novembre que Monseigneur Pierre L’Huillier s’est endormi dans le Seigneur. Aujourd’hui, 7 décembre, il aurait eu 81 ans. Nous nous sommes connus il y a bien longtemps, à la fin des années quarante du siècle dernier quand, tout jeune homme, il est entré dans l’Eglise orthodoxe. C’est ensemble que nous avons fréquenté les congrès annuels du « Fellowship » de Saint Alban et de Saint Serge en Angleterre et que nous avons fait nos études de théologie à l’Institut Saint Denis à Paris dont le recteur était le père Eugraph Kovalevsky et le doyen, mon père, Vladimir Lossky qui nous enseignait la théologie dogmatique et l’histoire de l’Eglise. Pour moi, je faisais parallèlement une licence d’anglais à la Sorbonne et des études de théologie orthodoxe à Saint Denis.
Paul L’Huillier, comme il s’appelait alors dans le monde, connaissait fort bien le grec et aimait profondément la Grèce. Devenu moine sous le nom de Pierre, il fut ordonné hiérodiacre, puis hiéromoine et enfin archimandrite. C’est ainsi qu’il est devenu le second recteur de notre paroisse Notre-Dame-Joie-des-Affligés et Sainte Geneviève, fondée en 1936, succédant au père Michel Belsky quand celui-ci décida de se retirer. Il resta notre recteur jusqu’à ce que Monseigneur Antoine (Bloom), métropolite de Souroge, ancien paroissien de notre chapelle et alors exarque du patriarche de Moscou, fasse consacrer Pierre L’Huillier évêque de Chersonèse en 1968. Une dizaine d’années plus tard, Monseigneur Pierre fut invité par le métropolite Théodose à venir rejoindre « l’Eglise orthodoxe en Amérique » (OCA). Il reçut alors son congé du patriarche Pimène de Moscou et est parti en Amérique où il devint bientôt archevêque de New York et du New Jersey. Entre temps, il a soutenu une brillante thèse de doctorat en droit canonique à l’Académie de théologie de Moscou. Cette œuvre fut d’abord publiée en russe, puis traduite en anglais. Monseigneur Pierre est par ailleurs l’auteur de nombreux articles très utiles dans le domaine surtout du droit canon qu’il enseigna au Séminaire de Saint Vladimir dans la banlieue de New York. Au début, il visitait la France durant ses vacances et puis, il y a environ cinq ans, il est tombé gravement malade et ne répondait plus aux lettres. Le bruit courait qu’il était mourant. C’est donc sans surprise que nous avons appris son décès, il y a deux semaines. Notre paroisse et notre diocèse gardent le souvenir de ce grand canoniste et pour moi, d’un très cher ami.
P. Nicolas Lossky