Bertrand Vergely, « Notre vie a un sens », éditions du Relié, 332 pages, 2024, 15 euros.
Les éditions du Relié viennent de rééditer « Notre vie a un sens » de Bertrand Vergely dont l’édition originale est parue il y a plus de cinq ans chez Albin Michel. L’ouvrage présente sur sa couverture un sous-titre : « Un peu de sagesse contre le pessimisme ambiant ». Il est vrai qu’aujourd’hui le monde semble singulièrement manquer de sagesse. Tandis que le pessimisme, engendré par bien des inconséquences, des incohérences ainsi que des craintes en grand nombre qui estompent tout futur et gangrène le quotidien. Face à tout cela, Bertrand Vergely appelle dans son ouvrage, qui est à cet égard une sorte d’antidote, à un peu de recul nécessaire pour considérer cette question qui revient régulièrement dans l’existence, et avec bien plus d’insistance dans nos sociétés contemporaines : notre vie a-t-elle un sens ?
À cette question, l’auteur répond par l’affirmative et cela dès le titre du livre : « Notre vie a un sens ». L’ouvrage s’avère donc un plaidoyer convaincant qui examine les différentes facettes du sujet. Il observe d’emblée (p.14) : « La vie qui vient de loin est appelée à aller loin ». Il est vrai que si l’on observe ne serait-ce que les quelques millions d’années (sur plusieurs milliards) qui ont précédé notre temps, et ses incroyables évolutions, on ne peut que souscrire à la première partie de la phrase et supposer sans audace excessive que ce chemin étonnant ne s’arrêtera pas aujourd’hui. C’est le cas pour l’univers, notre monde et pour chacun d’entre nous selon la mesure de notre existence.
Pour bien considérer la question, Bertrand Vergely nous invite à changer notre regard sur nous-mêmes et ce qui nous entoure. Il observe ainsi : « Il y a une manière de parler de la croyance ou du sens qui les ruine » (p.48). Il conduit cet appel au changement en prenant des exemples dans l’histoire et le quotidien de chacun en s’attachant à montrer les limitations que l’on s’impose même lorsque l’on croit s’en libérer ! Il est vrai que souvent les non (ou anti) — conformismes ne sont que des conformismes minoritaires ! Bertrand Vergely fustige cette attitude (p.56) : « Le monde de la postmodernité fait croire que la rébellion, l’insoumission, la révolte, le doute, le non sont le signe d’un esprit libre. Il s’agit là d’une farce, d’un canular, d’une mystification. On ne peut pas dire non systématiquement. Quand on le fait, soumis au non on ne dit pas non. On dit oui sans savoir que l’on dit oui. On est esclave alors que l’on se croit rebelle. »
Mais alors, quoi faire ? Bertrand Vergely s’appuyant sur la tradition philosophique propose pour cheminer sept règles (p. 104-108) : la vie comme art ; la vie comme passion ; la vie comme présence ; la vie comme attention ; la vie comme ascèse ; la vie comme sagesse ; la vie comme douceur. Puis, il s’attaque à quelques « mythes », à quelques idées bien ancrées, qui finalement font office de « non-sens » : le hasard ; la nécessité ; l’athéisme. Tout cela pour vivre la vie aussi comme une aventure personnelle dont le centre est l’aventure spirituelle, « la plus grande aventure qui soit […] qui donne un sens à la vie » (p.297). En somme, l’auteur nous mène avec sagacité, pour affûter notre discernement, de l’extérieur à l’intérieur afin de trouver la lumière qui s’y trouve afin d’éclairer, et même d’illuminer, l’extérieur dans une interrelation féconde et significative avec l’ensemble du vivant.
Christophe Levalois