Une déclaration sur le concept de « Monde russe » – mise à jour

Sur le site de l’Académie de Volos (Grèce) a été publiée une déclaration, en date du 13 mars, de théologiens et de personnalités orthodoxes qui proposent une analyse du concept de « Monde russe » (Russkii mir) (lire la traduction française).

Une déclaration de théologiens orthodoxes sur l’enseignement du « Monde russe » (Russkii mir)

Introduction des Coordinateurs au nom du comité de rédaction

À la suite de l’invasion inadmissible et terriblement destructrice de l’Ukraine par Vladimir Poutine, les chrétiens orthodoxes du monde entier doivent faire face à une question difficile : comment une nation dont la majorité embrasse le christianisme orthodoxe peut-elle justifier le fait d’attaquer et de tuer les habitants d’une nation sœur, qui partagent presque tous la même foi ?

Comment, au début du Grand Carême, alors que notre tradition nous appelle au pardon, au jeûne et à la prière, les chrétiens orthodoxes peuvent-ils déchaîner la violence et l’effusion de sang contre leurs frères et sœurs en Christ ?

La douloureuse vérité, que nous devons affronter en cette période de repentance, est la suivante : nos propres dirigeants, et plus particulièrement les dirigeants de l’Église orthodoxe russe, ont développé et promu un faux enseignement connu sous le nom de Russkii mir ou

« Monde russe », fournissant à M. Poutine le « chèque en blanc » religieux qui sous-tend son invasion et son annexion odieuses du voisin pacifique et démocratique de la Russie qu’est l’Ukraine.

Pendant cette saison propice au repentir, les chrétiens orthodoxes du monde entier doivent déclarer sans équivoque que l’idéologie du « Monde russe » est à la fois fausse et destructrice, alimentant la violence et l’effusion de sang, provoquant scandale et division dans l’Église. Nous ne pouvons pas non plus nous leurrer en pensant que cette idéologie serait une exception dans l’histoire de l’orthodoxie : nous devons condamner toutes les idéologies ethno- phylétistes orthodoxes apparentées au faux enseignement du « Monde russe » à toutes les époques, dans toutes les nations et cultures.

Des érudits et théologiens orthodoxes ont rédigé une puissante Déclaration (ci-jointe) concernant l’idéologie théologiquement condamnable du « Monde russe ». Nous vous invitons à lire cette Déclaration, à la signer et à la partager.

Nous vous exhortons à prier pour la repentance de ceux qui propagent cet enseignement diabolique, qui continue d’alimenter les ambitions mégalomanes de Vladimir Poutine. Priez aussi pour le repentir de chaque chrétien orthodoxe, pour que cesse notre propre complicité avec ce mal par le silence, l’obscurcissement de la raison et le déni.

Ce n’est que si nous affrontons ce mal, qui prospère à la fois à l’intérieur et à l’extérieur de nous, en nous inclinant profondément dans la repentance avec les simples paroles du Canon de saint André de Crète : « Aie pitié de moi, ô Dieu, aie pitié de moi ! », que nous réaffirmons véritablement la nature de notre communauté divisée et ensanglantée comme étant l’Église une, sainte, catholique et apostolique, unie seulement par nos cœurs brisés et contrits dans la personne de Jésus-Christ, qui seul est avec nous dans l’adversité.

Voir la Déclaration dans le texte qui suit, ici : https://bit.ly/3KF49nP ou ici: https://bit.ly/3KD1HOC (en anglais, bientôt dans d’autres langues).

Si vous souhaitez signer et soutenir cette déclaration, veuillez suivre ce lien : https://forms.gle/uCBo8YVhTupjafoA6 et ajouter votre nom.

Les Coordinateurs, au nom du Comité de rédaction Rév. Dr Brandon Gallaher

Dr Pantelis Kalaitzidis

Une Déclaration de théologiens orthodoxes

sur l’enseignement du « Monde russe » (Russkii mir)

« Pour la paix du monde entier,

la stabilité des saintes églises de Dieu, et l’unité de tous, prions le Seigneur. » (Divine Liturgie)

L’invasion russe de l’Ukraine le 24 février 2022 est une agression historique contre une nation de tradition chrétienne orthodoxe. Fait plus troublant encore pour les croyants orthodoxes, la hiérarchie supérieure de l’Église orthodoxe russe a refusé de reconnaître cette invasion, publiant à la place de vagues déclarations sur la paix nécessaire en regard des « événements » et des « hostilités » en Ukraine, tout en soulignant la nature fraternelle des peuples ukrainien et russe dans le cadre de la «Sainte Rus’ », rejetant la faute des hostilités sur l’« Occident méchant », et allant même jusqu’à inciter ses communautés à prier de manière à encourager activement l’hostilité.

Le soutien d’une grande partie de la hiérarchie du Patriarcat de Moscou à la guerre du président Vladimir Poutine contre l’Ukraine s’enracine dans une forme d’intégrisme religieux ethno-phylétiste orthodoxe, à caractère totalitaire, appelé Russkii mir ou Monde russe, un faux enseignement qui attire beaucoup de membres de l’Église orthodoxe et qui a même été repris par l’extrême droite ainsi que par des fondamentalistes catholiques et protestants.

Les discours du président Vladimir Poutine et du patriarche Cyrille (Goundiaïev) de Moscou (Patriarcat de Moscou) ont à plusieurs reprises invoqué et développé l’idéologie du Monde russe au cours des vingt dernières années. Depuis 2014, lorsque la Russie a annexé la Crimée et lancé une guerre par procuration dans la région du Donbass en Ukraine, jusqu’au début de la guerre à part entière contre l’Ukraine et après, Poutine et le patriarche Cyrille ont utilisé l’idéologie du Monde russe comme principale justification de l’invasion. Cet enseignement affirme qu’il existe une sphère ou une civilisation russe transnationale, appelée Sainte Russie ou Sainte Rus’, qui comprend la Russie, l’Ukraine et la Biélorussie (et parfois la Moldavie et le Kazakhstan), ainsi que les Russes de souche et les russophones du monde entier. D’après une telle idéologie, ce « Monde russe » a un centre politique commun (Moscou), un centre spirituel commun (Kiev comme « mère de toutes les Rus’ »), une langue commune (le russe), une Église commune (l’Église orthodoxe russe, Patriarcat de Moscou), et un patriarche commun (le patriarche de Moscou), qui travaille en « symphonie » avec un président/dirigeant national commun (Poutine) pour gouverner ce monde russe, ainsi que pour défendre une spiritualité, une moralité et une culture communes qui lui sont propres.

Face à ce « Monde russe » (poursuit cet enseignement) se dresse l’Occident corrompu, mené par les États-Unis et les nations d’Europe occidentale, qui ont capitulé devant le

« libéralisme », la « mondialisation », la « christianophobie », les « droits des homosexuels » promus dans les défilés gays, et la « laïcité militante ». Au-dessus et contre l’Occident et les Orthodoxes tombés dans le schisme et l’erreur (comme le patriarche œcuménique Bartholomée et les autres Églises orthodoxes locales qui le soutiennent) se dresserait le patriarcat de Moscou, aux côtés de Vladimir Poutine, tous deux véritables défenseurs de l’enseignement orthodoxe, dont ils ont une vision qui relève de la moralité traditionnelle, promouvant une compréhension rigoriste et inflexible de la tradition qui va de pair avec la vénération de la Sainte Russie.

Depuis l’intronisation du patriarche Cyrille en 2009, les grandes personnalités du patriarcat de Moscou, ainsi que les porte-paroles de l’État russe, n’ont cessé de puiser dans ces principes pour contrecarrer le fondement théologique de l’unité orthodoxe. Le principe de l’organisation ethnique de l’Église a été condamné au Concile de Constantinople en 1872. Le faux enseignement de l’ethno-phylétisme est à la base de l’idéologie du « Monde russe ». Si nous tenons ces faux principes pour valides, alors l’Église orthodoxe cesse d’être l’Église de l’Évangile de Jésus-Christ, des Apôtres, du Credo de Nicée-Constantinople, des Conciles œcuméniques et des Pères de l’Église. L’unité devient intrinsèquement impossible.

Par conséquent, nous rejetons l’hérésie du « Monde russe » et les actions honteuses du gouvernement russe déclenchant une guerre contre l’Ukraine, qui découle de cet enseignement ignoble et indéfendable en connivence avec l’Église orthodoxe russe, comme profondément non orthodoxe, non chrétienne et tournée contre l’humanité, qui est appelée à être « justifiée… illuminée… et lavée au Nom de notre Seigneur Jésus-Christ et par l’Esprit de Dieu » (rite baptismal). Tout comme la Russie a envahi l’Ukraine, le patriarcat de Moscou du patriarche Cyrille a envahi l’Église orthodoxe, par exemple en Afrique, provoquant des divisions et des conflits, avec des pertes incalculables non seulement concernant le corps, mais aussi pour l’âme, mettant en danger le salut des fidèles.

Devant l’enseignement du « Monde russe » qui dévaste et divise l’Église, nous nous inspirons de l’Évangile de Notre Seigneur Jésus-Christ et de la sainte tradition de son Corps vivant, l’Église orthodoxe, pour proclamer et confesser les vérités suivantes :

1.    « Mon royaume n’est pas de ce monde. Si mon royaume était de ce monde, mes gens auraient combattu pour que je ne sois pas livré aux Juifs. Mais mon royaume n’est pas d’ici. » (Jean 18, 36).

Nous affirmons que le but et l’accomplissement de l’histoire selon la volonté de Dieu, son telos, est la venue du Royaume de notre Seigneur Jésus-Christ, un Royaume de justice, de paix et de joie dans le Saint-Esprit, un Royaume attesté par la Sainte Écriture telle qu’elle est interprétée avec autorité par les Pères. C’est le Royaume auquel nous participons par l’avant- goût qui nous en est donné à chaque Sainte Liturgie : « Béni soit le Royaume du Père, du Fils et du Saint-Esprit, maintenant et toujours et dans les siècles des siècles ! » (Divine Liturgie). Ce Royaume est le seul fondement et la seule autorité des orthodoxes, voire de tous les chrétiens. Il n’y a pas de source distincte de révélation, pas d’autre fondement pour la communauté, la société, l’état, la loi, l’identité personnelle et l’enseignement, pour l’orthodoxie en tant que Corps du Christ vivant que ce qui est révélé dans, par et à travers Notre Seigneur Jésus-Christ et l’Esprit de Dieu.

Nous condamnons donc comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement qui cherche à remplacer le Royaume de Dieu contemplé par les prophètes, proclamé et inauguré par le Christ, enseigné par les apôtres, reçu comme sagesse par l’Église, énoncé comme dogme par les Pères, et expérimenté dans chaque Sainte Liturgie, par un royaume de ce monde, que ce soit la Sainte Rus’, la Sainte Byzance, ou tout autre royaume terrestre, qui usurperait ainsi la propre autorité du Christ remettant le Royaume à Dieu le Père (1 Corinthiens 15, 24) et nierait le pouvoir de Dieu d’essuyer toute larme de chaque œil (Apocalypse 21, 4). Nous condamnons fermement toute forme de théologie qui démentirait le fait que les chrétiens sont des migrants et des réfugiés dans ce monde (Hébreux 13, 14), c’est-à-dire le fait que « notre cité se trouve dans les cieux, d’où nous attendons ardemment comme Sauveur le Seigneur Jésus- Christ » (Philippiens 3, 20), et que les chrétiens « résident chacun dans sa propre patrie, mais

comme des étrangers domiciliés. Ils s’acquittent de tous leurs devoirs de citoyens, et supportent toutes les charges comme des étrangers. Toute terre étrangère leur est une patrie, et toute patrie leur est une terre étrangère. » (Épître à Diognète, 5).

2.   « Rendez donc à César ce qui est à César, et à Dieu ce qui est à Dieu. » (Matthieu 22, 21)

Nous affirmons qu’en prévision du triomphe final du Royaume de Dieu, nous reconnaissons la seule et ultime autorité de notre Seigneur Jésus-Christ. Dans notre régime d’existence présente, les dirigeants terrestres procurent la paix, afin que le peuple de Dieu puisse vivre

« une vie calme et paisible, en toute piété et sainteté » (Divine Liturgie). Pourtant, il n’y a pas de nation, d’état ou d’organisation de vie humaine qui puisse nous réclamer davantage que Jésus-Christ, au nom duquel « tout genou fléchira, dans les cieux, sur la terre et sous la terre » (Philippiens 2, 10).

Nous condamnons donc comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement qui subordonnerait le Royaume de Dieu, manifesté dans la Sainte Église de Dieu, à tout royaume de ce monde recherchant d’autres seigneurs ecclésiastiques ou séculiers susceptibles de nous justifier et de nous racheter. Nous rejetons fermement toutes les formes de gouvernement qui déifient l’état (théocratie) et absorbent l’Église, privant l’Église de sa liberté de se dresser prophétiquement contre toute injustice. Nous réprimandons également tous ceux qui soutiennent le césaropapisme, remplaçant leur obéissance la plus haute au Seigneur crucifié et ressuscité par une obéissance à n’importe quel dirigeant investi de pouvoirs civils et prétendant être l’oint de Dieu, qu’il soit connu sous le titre de « César », « empereur »,

« tsar », ou « président ».

3.   « Il n’y a ni Juif ni Grec, il n’y a ni esclave ni homme libre, il n’y a ni homme ni femme ; car tous vous ne faites qu’un dans le Christ Jésus. » (Galates 3, 28).

Nous affirmons que la division de l’humanité en groupes fondés sur la race, la religion, la langue, l’ethnie ou toute autre aspect secondaire de l’existence humaine est une caractéristique de ce monde imparfait et pécheur, qui, suivant la tradition patristique, est caractérisé comme « distinctions de la chair » (Saint Grégoire de Naziance, Discours 7, 23). L’affirmation de la supériorité d’un groupe sur d’autres est un mal caractéristique de telles divisions, qui sont entièrement contraires à l’Évangile, où tous sont un et égaux en Christ, tous doivent répondre de leurs actes devant lui, et tous ont accès à son amour et pardon, non pas en tant que membres de groupes sociaux ou ethniques particuliers, mais en tant que personnes créées et nées également à l’image et à la ressemblance de Dieu (Genèse 1, 26).

Nous condamnons donc comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement qui attribue une construction ou une autorité d’ordre divin, un caractère sacré ou une pureté particulière à une seule identité locale, nationale ou ethnique, ou qui caractérise une culture particulière comme spécialement ou divinement ordonnée, qu’elle soit grecque, roumaine, russe, ukrainienne, ou tout autre.

4.   « Vous avez entendu qu’il a été dit : Tu aimeras ton prochain et tu haïras ton ennemi. Eh bien ! moi je vous dis : Aimez vos ennemis, et priez pour vos persécuteurs, afin de devenir enfants de votre Père qui est aux cieux. » (Matthieu 5, 43-45).

Suivant le commandement de notre Seigneur, nous affirmons que, comme le déclare saint Silouane l’Athonite, « la grâce de Dieu n’est pas dans l’homme qui n’aime pas ses ennemis »,

et que nous ne pouvons connaître la paix tant que nous n’aimons pas nos ennemis. Dans cette perspective, faire la guerre est l’échec ultime de la loi d’amour du Christ.

Nous condamnons donc comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement qui encourage la division, la méfiance, la haine et la violence entre les peuples, les religions, les confessions, les nations ou les états. Nous condamnons en outre comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement qui diabolise ou encourage la diabolisation de ceux que l’état ou la société considère comme « autres », y compris les étrangers, les dissidents politiques et religieux et autres minorités sociales stigmatisées. Nous rejetons toute division manichéenne et gnostique qui élèverait une sainte culture orientale orthodoxe et ses peuples orthodoxes au-dessus d’un

« Occident » supposément avili et immoral. Il est particulièrement pervers de condamner d’autres nations par des demandes liturgiques spéciales de l’Église, élevant les membres de l’Église orthodoxe et de ses cultures comme spirituellement sanctifiés par rapport aux

« Hétérodoxes » perçus comme charnels et séculiers.

5.  « Allez donc apprendre ce que signifie : C’est la miséricorde que je veux, et non le sacrifice. En effet, je ne suis pas venu appeler les justes, mais les pécheurs. » (Matthieu 9, 13 ; voir Osée 6, 6, et Isaïe 1, 11-17).

Nous affirmons que le Christ nous appelle à exercer la charité personnelle et communautaire envers les pauvres, les affamés, les sans-abris, les réfugiés, les migrants, les malades et les souffrants, et à rechercher la justice pour les persécutés, les affligés et les nécessiteux. Si nous refusons d’entendre l’appel de notre voisin, en vérité si au lieu de cela nous battons et volons et laissons notre prochain souffrir et mourir sur le bord du chemin (Parabole du Bon Samaritain, Luc 10, 25-37), alors nous ne sommes pas en train de cheminer vers le Royaume de Dieu dans l’amour du Christ, mais nous nous sommes rendus ennemis du Christ et de son Église. Nous sommes appelés non seulement à prier pour la paix, mais à nous lever activement et prophétiquement pour condamner l’injustice, à faire la paix même au prix de nos vies.

« Heureux les artisans de paix, car ils seront appelés fils de Dieu. » (Matthieu 5, 9). Offrir le sacrifice de la liturgie et de la prière tout en refusant d’agir de manière sacrificielle constitue un sacrifice pour notre condamnation en contradiction avec ce qui est offert en Christ (Matthieu 5, 22-26, et 1 Corinthiens 11, 27-32).

Nous condamnons donc comme  non-orthodoxes et rejetons  toute promotion  du

« quiétisme » spirituel parmi les fidèles et le clergé de l’Église, du plus haut patriarche au plus humble laïc. Nous réprimandons ceux qui prient pour la paix tout en omettant de faire activement la paix, que ce soit par peur ou par manque de foi.

6.   « Si vous demeurez dans ma parole, vous êtes vraiment mes disciples, et vous connaîtrez la vérité, et la vérité vous libérera. » (Jean 8, 31-32).

Nous affirmons que Jésus appelle ses disciples non seulement à connaître la vérité, mais à dire la vérité : « Que votre langage soit : « Oui ? oui », « Non ? non » : ce qu’on dit de plus vient du Mauvais. » (Matthieu 5, 37). Une invasion à grande échelle d’un pays voisin par la deuxième puissance militaire mondiale n’est pas simplement une « opération militaire spéciale », des

« événements » ou un « conflit » ni tout autre euphémisme choisi pour nier la réalité de la situation. Il s’agit plutôt d’une invasion militaire à grande échelle qui a déjà entraîné de nombreux morts civils et militaires, la perturbation violente de la vie de plus de quarante- quatre millions de personnes et le déplacement et l’exil de plus de deux millions de personnes (au 8 mars 2022). Cette vérité doit être dite, aussi douloureuse soit-elle.

Nous condamnons donc comme non-orthodoxe et rejetons tout enseignement ou action qui refuse de dire la vérité, ou censure activement la vérité concernant les maux qui sont perpétrés contre l’Évangile du Christ en Ukraine. Nous condamnons totalement tout discours de « guerre fratricide », de « répétition du péché de Caïn, qui a tué son propre frère par envie », si un tel discours ne reconnaît pas explicitement l’intention meurtrière et la culpabilité d’une partie sur une autre (Apocalypse 3, 15-16).

Nous déclarons que les vérités que nous avons affirmées et les erreurs que nous avons condamnées comme non-orthodoxes et rejetées sont fondées sur l’Évangile de Jésus-Christ et la Sainte Tradition de la foi chrétienne orthodoxe. Nous appelons tous ceux qui acceptent cette déclaration à garder à l’esprit ces principes théologiques dans leurs décisions en matière de politique ecclésiale. Nous supplions tous ceux que cette déclaration concerne de revenir à

« l’unité de l’Esprit par le lien de la paix » (Éphésiens 4, 3). Dimanche de l’Orthodoxie, le 13 mars 2022.

Traduction : Paul Ladouceur et Olga Lossky. Signataires originaux :

  1. Dr. Theofilos Abatzidis (Volos Academy, Greece)
    1. Revd. Dr. Christophe D’Aloisio (Institut Orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien & Université catholique de Louvain, Brussels, Belgium)
    1. V. Revd. Robert M. Arida (Boston, MA, USA)
    1. Dr. Antoine Arjakovsky (Collège des Bernardins, Paris, France)
    1. Prof. Susan Ashbrook Harvey (Brown University, RI, USA)
    1. Dr. Nikolaos Asproulis (Volos Academy, Greece)
    1. V. Revd. John Behr (University of Aberdeen, UK)
    1. Dr. Ionut Biliuta (Gh. Sincai Institute, Romanian Academy, Romania)
    1. Dr. Lori Branch (University of Iowa, IA, USA)
    1. Revd. Dr. Radu Bordeianu (Duquesne University, Pittsburgh, PA, USA)
    1. Revd. Dr. Ciprian Burlacioiu (University of Munich, Germany)
    1. Sergei Chapnin (Artos Fellowship, Moscow, Russia)
    1. Revd. Dr. John Chryssavgis (Sydney College of Divinity, Australia)
    1. Dr. Helen Creticos Theodoropoulos (Chicago, IL, USA)
    1. Nayla Debs, M.S., M.A. (France/Lebanon)
    1. Prof. George E. Demacopoulos (Fordham University, New York, NY, USA)
    1. Revd. Dr. Nicholas Denysenko (Valparaiso University, IN, USA)
    1. Dr. Philip Dorroll (Wofford College, SC, USA)
    1. Costis Drygianakis, M.A. (Volos Academy, Greece)
    1. Revd. Dr Brandon Gallaher (University of Exeter, UK)
    1. Prof. Paul Gavrilyuk (Founding President, International Orthodox Theological Association, St. Thomas University, MN, USA)
    1. Dr. Tamara Grdzelidze (Ilia State University, Tbilisi, Georgia)
    1. Rev. Dr. Perry Hamalis (North Central College, Naperville, IL, USA)
    1. Dr. David Bentley Hart (University of Notre Dame, IN, USA)
    1. Archim. Prof. Cyril Hovorun (Stockholm School of Theology, Sweden)
    1. V. Revd. Dr. John A. Jillions (Institute for Orthodox Christian Studies, Cambridge, UK)
    1. Dr. Pantelis Kalaitzidis (Volos Academy, Greece)
    1. Prof. Christos Karakolis (National and Kapodistrian University of Athens, Greece)
  • Prof. Dr. Assaad Elias Kattan (University of Münster, Germany/Lebanon)
    • Dr. Nikos Kouremenos (Volos Academy, Greece)
    • Prof. Paul Ladouceur (Trinity College, University of Toronto, ON, Canada)
    • Dr. Sr. Vassa Larin (Coffee with Sister Vassa Catechetical Programs, Vienna, Austria)
    • Dr. Lucian N. Leustean (Aston University, Birmingham, UK)
    • Inga Leonova (The Wheel, Boston, MA, USA)
    • Olga Lossky-Laham (Paris, France)
    • Daniel Lossky (Institut Orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien, Brussels, Belgium)
    • V. Revd. Prof. Andrew Louth, FBA (Durham University, UK and St Irenaeus Orthodox Theological Institute, Radbout University, Nijmegen, Netherlands)
    • Prof. Vasilios Makrides (University of Erfurt, Germany)
    • Dr. Ina Merdjanova (Trinity College Dublin, Ireland)
    • Prof. Paul Micevych (University of California Los Angeles, CA, USA)
    • Dr. Alexandra de Moffarts (Institut Orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien, Brussels, Belgium)
    • Prof. Dimitrios Moschos (National and Kapodistrian University of Athens, Greece)
    • Dr. Hermina Nedelescu (Scripps Research, CA, USA)
    • Prof. Michael Ossorgin (Fordham University, New York, NY, USA)
    • Dr. Paul Meyendorff (St Vladimir’s Orthodox Theological Seminary, NY, USA).
    • Prof. Aristotle Papanikolaou (Fordham University, New York, NY, USA)
    • V. Revd. Prof. Michael Plekon (The City University of New York – Baruch College, NY, USA)
    • Dr. Ashley Purpura (Purdue University, IN, USA)
    • Dr. Teva Regule (President, Orthodox Theological Society of America, USA)
    • V. Revd. Richard René (University of Toronto, ON, Canada)
    • Prof. Svetoslav Riboloff (Sofia University « St. Kliment of Ochrid », Bulgaria)
    • Dr. Sarah Riccardi-Swartz (Arizona State University, AZ, USA)
    • Revd. Dr. Anthony Roeber (St. Vladimir’s Orthodox Theological Seminary, New York, NY, USA)
    • Dr. Robert Saler (Christian Theological Seminary, Indianapolis, IN, USA)
    • Prof. Kerry P. C. San Chirico (Villanova University, PA, USA)
    • Prof. Stephen J. Shoemaker (University of Oregon, Eugene, OR, USA)
    • Dr. Constantin Sigov (National University of Kyiv-Mohyla Academy and “Dukh i Litera” [Spirit and Letter] Research and Publishing Association, Kyiv, Ukraine)
    • Dr. Cyrille Sollogoub (Institut Orthodoxe Saint-Jean-le-Théologien, Brussels, Belgium)
    • Prof. Katerina Tsalampouni (Aristotle University of Thessaloniki, Greece)
    • Prof. Lucian Turcescu (Concordia University, Montreal, QC, Canada)
    • Georgios Vlantis, M.Th. (Volos Academy, Greece/Germany)
    • Archim. Anton C. Vrame, PhD (Holy Cross Greek Orthodox School of Theology, MA, USA)
    • Prof. Gayle Woloschak (Northwestern University, Chicago, IL, USA)
    • Dr. Nathaniel Wood (Fordham University, New York, NY, USA)
    • Revd. Dr. Victor Yudin (Leuven, Belgium)

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