Michel Quenot nous offre une nouvelle étude, avec un bel ouvrage sur saint Jean-Baptiste, « Le plus grand parmi les enfants des femmes », comme cela nous est dit dans l’évangile de Luc [1] . L’auteur explicite les raisons pour lesquelles le Christ a énoncé un tel jugement. Il suit, pour ce faire, les informations rapportées par l’évangéliste et, surtout, nourrit l’ensemble de ses développements en s’appuyant sur l’abondante richesse des textes liturgiques, pour les nombreuses fêtes consacrées à ce prophète. Cela le conduit à évoquer le contexte spirituel et historique dans lequel évolue le Baptiste, le milieu sacerdotal qui est le sien, et bien sûr, l’ensemble de ces événements, relatés dans le Nouveau Testament, qui, de l’annonce de sa naissance jusqu’à sa décollation, tissent la vie terrestre du précurseur. Des réflexions propres à l’essayiste trouvent leur place au sein d’une érudition patristique et liturgique : contre la doxa du jour, il se plait à nous faire remarquer combien la parole adressée à Zacharie par « l’ange de Dieu » : « Il sera rempli de l’Esprit-saint dès le sein de sa mère »[2] atteste de l’importance qu’il convient d’apporter au fœtus, ce que confirme encore, lors de la Visitation, le tressaillement d’allégresse éprouvé par Jean dans le sein de sa mère[3]. Quant au portrait spirituel du prodrome, il met en lumière son humilité, son effacement volontaire devant Celui qu’il annonce, ainsi que l’importance donnée au repentir, véritable leitmotiv de sa prédication : « Fondement solide sur lequel s’édifie toute vie spirituelle, le repentir (…) évince la fierté et démasque l’hypocrisie de la fausse humilité. On n’est jamais si libre que lorsque l’on pardonne ou demande pardon.[4] » Quenot insiste enfin sur le franc-parler de cet homme réfractaire aux compromis, qui n’hésite pas à dénoncer « le poison du nationalisme, les idéologies, le conformisme et l’émancipation totale[5]. » Les dernières pages de l’ouvrage reviennent encore sur la virulence contestataire de ce prophète, pour nous rendre attentifs à l’actualité de ses imprécations, dans cette sorte de désert idolâtre qu’est devenu notre monde ambiant. On sent bien que l’auteur aurait aimé pouvoir exposer et développer davantage ses propres analyses du temps présent.
[1] Lc 7, 28
[2] Lc 1, 15
[3] Lc 1, 44
[4] P 65
[5] P 56
Jean-Marie Gobert
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