Dans un monde saturé d’images, le père Michel Quenot nous propose une réflexion profonde sur leur impact dans notre société et notre spiritualité. Son nouvel ouvrage, « Les images en question – L’invisible devenu visible », aborde avec finesse la place prépondérante qu’occupent les images dans notre quotidien et leur influence sur notre perception du monde et du divin.
Un déluge visuel sans précédent
Notre époque se caractérise par une prolifération inédite d’images. Jamais dans l’histoire de l’humanité nous n’avons été confrontés à un tel flux visuel. Ce phénomène, amplifié par les technologies modernes, soulève des questions fondamentales sur notre rapport à l’image. Comme le souligne l’auteur, « l’être humain marche dans l’image qui le forme, l’habite et le transforme ». Cette omniprésence visuelle façonne notre conscience et notre mémoire d’une manière souvent imperceptible mais profonde.
L’image comme reflet et miroir
Le père Qunot explore la nature même de l’image – ce qu’elle est, comment elle s’infiltre en nous et comment elle peut être instrumentalisée. Il s’interroge sur la prétendue neutralité de l’image et dévoile ses pouvoirs transformateurs. L’ouvrage aborde également le rôle crucial de l’art comme révélateur de l’être et questionne la vision du monde offerte à notre regard.
Une attention particulière est portée à la question du visage humain, interface privilégiée de notre relation à l’autre. Dans une société où l’image est omniprésente, comment redécouvrir l’importance du visage et du regard authentique ?
L’image et la représentation du divin
La question centrale et peut-être la plus délicate que pose l’auteur est celle de la légitimité d’une représentation de Dieu. Comment justifier une image de l’invisible ? En quoi celle-ci façonne-t-elle notre perception du divin et influence-t-elle notre foi ?
Le père Quenot retrace l’histoire mouvementée de l’image sacrée dans les traditions chrétiennes d’Orient et d’Occident. Il analyse les querelles iconoclastes, la grande mutation de l’art chrétien et les conséquences de la divergence entre ces deux approches. De la Renaissance à nos jours, en passant par la Réforme, l’auteur met en lumière l’évolution de notre rapport à l’image sacrée.
L’icône, théologie en couleur
Pour le père Michel Quenot, l’icône occupe une place particulière dans cette réflexion. Témoignage de l’Incarnation, elle est décrite comme une « théologie en forme et en couleur » qui donne un visage aux sans visage. L’auteur présente l’icône comme une « présence au cœur de l’absence » qui a traversé les siècles et continue d’interpeller notre rapport aux images.
Dans un chapitre consacré à « l’image et la vie spirituelle », il examine comment l’icône, en tant qu’image liturgique et épiphanie de la Parole, peut nous aider à purifier notre regard et à discerner les images qui nous entourent.
Une expertise reconnue
Michel Qunot n’en est pas à son premier ouvrage sur le sujet. Auteur prolifique, il a publié de nombreux livres traduits en plusieurs langues, notamment « L’icône » (qui a connu cinq éditions), « Le retour glorieux du Dieu-homme », « Une autre vision de la femme », ou encore « Les Anges et leur icône ». Sa connaissance approfondie de l’art sacré et de la théologie de l’icône fait de lui une référence incontournable sur ces questions.
À travers cet ouvrage richement structuré, le père Quenot nous invite à un « arrêt sur image » salutaire dans un monde visuel en perpétuelle accélération. Une lecture essentielle pour comprendre comment, dans le flot incessant des images qui nous submergent, certaines peuvent encore nous ouvrir à l’invisible devenu visible.
