Dimanche du Pharisien et du Publicain
Saint Mélèce, archevêque d’Antioche (381) ; sainte Eulalie de Barcelone (312) ; sainte Marie, appelée Marin, et son père, saint Eugène, moines (VIème s.) ; saint Rioc, moine en Bretagne (VIIème s.) ; saint Antoine II Cauléas, patriarche de Constantinople (895) ; saint Prochore le géorgien, restaurateur du monastère géorgien de la sainte Croix de Jérusalem (XIème s.) ; saint Luc de Jérusalem (Moukhaïze), martyr (1277) ; saint Nicolas (Dvali), martyr (1314) ; saint Alexis, métropolite de Moscou, thaumaturge (1378) ; saint Mélèce, archevêque de Kharkov (1840) ; saint Christos le jardinier, néo-martyr grec (1748) ; icône de la Mère de Dieu d’Iveron.
Saint Mélèce
Luminaire de l’orthodoxie et modèle de vie évangélique, homme de paix et de réconciliation, saint Mélèce fut un des principaux artisans de la restauration de l’unité de l’Église qui, malgré les décisions du Concile de Nicée (325), continua d’être douloureusement déchirée pendant tout le ive siècle par les séquelles de l’hérésie d’Arius.
Issu d’une noble famille de Mélitène, en Petite Arménie, il devint un prêtre honoré de tous pour sa vaste culture et sa vertu. Son application à l’observance rigoureuse des commandements de Dieu avait fait de lui un digne réceptacle du Saint-Esprit et une source de charité qui procurait la paix, la joie et la sérénité à ceux qui l’approchaient. Humble de cœur, doux comme David, sage comme Salomon, doté par Dieu d’une autorité spirituelle semblable à celle de Moïse, il enseignait la vraie doctrine avec mesure et pondération, de manière à rallier toutes les brebis du Christ dispersées dans d’innombrables partis. La douceur de son visage, délivré des passions, et l’attrait de son sourire étaient la preuve qu’il était l’authentique porte-parole de la vérité.
D’abord élu évêque de Sébaste, après la déposition d’Eustathe (358), il y avait trouvé un peuple indiscipliné et divisé par les factions, c’est pourquoi il fut bientôt obligé d’abandonner son siège pour se rendre à Bérée (Alep), en Syrie, sans pour cela se désintéresser des affaires de son Église. Après la déposition de l’arien Eudoxe, qui allait un peu plus tard usurper le siège de Constantinople, Mélèce fut élu archevêque d’Antioche, la plus grande métropole de l’Orient, qui se trouvait dans un état déplorable depuis l’exil de saint Eustathe [21 fév.]. Mélèce avait réuni tous les suffrages, car les ariens de différentes tendances, croyant qu’il était favorable à leur erreur, espéraient gagner par lui tout l’Orient ; et les orthodoxes, constatant ses vertus, avaient confiance qu’elles ne pouvaient être que l’expression de la pureté de sa foi. Réconciliant donc tout le peuple par sa présence, le nouvel évêque fut accueilli dans la ville par la foule en liesse, y compris juifs et païens, comme une véritable image vivante du Christ. L’intronisation eut lieu en présence de l’empereur Constance, favorable aux ariens, qui proposa avec fourberie à Mélèce et à d’autres évêques de commenter au peuple le verset de l’Écriture si controversé, que les ariens utilisaient pour nier la consubstantialité du Fils de Dieu : Le Seigneur m’a créé au commencement de ses voies… (Pr 8, 22). Prenant la parole après l’arien extrémiste Georges et le confus Acace de Césarée, Mélèce exposa avec clarté la vraie doctrine de l’Église. Il fut salué par les applaudissements des orthodoxes, à la confusion des hérétiques qui constataient l’échec de leurs espérances. L’archidiacre, un arien notoire, eut même l’audace de se précipiter sur le prélat pour lui fermer la bouche de la main ; mais Mélèce tendit alors sa main vers le peuple et joignit trois doigts puis en replia deux, afin de montrer que les trois Personnes de la Sainte Trinité sont égales en nature et ne font qu’un seul Dieu. Les ariens, furieux de leur échec, commencèrent aussitôt à comploter contre le nouvel évêque et convainquirent l’empereur de l’exiler à Mélitène pour mettre à sa place un sectateur d’Arius. Mais le peuple lui portait déjà une telle affection qu’il tenta de lyncher l’officier qui venait arrêter Mélèce. Le saint lui sauva la vie en le couvrant de son manteau, enseignant ainsi à tous la magnanimité à l’égard de nos ennemis. Une fois le prélat exilé, ses partisans se rendaient en foule jusqu’en Arménie pour lui rendre visite et pour entendre son enseignement. À Antioche, les orthodoxes donnaient son nom à leurs enfants, peignaient son image sur les murs de leurs maisons et se comportaient comme s’il était présent, sans accepter de communier avec l’intrus.
La mort ayant frappé l’empereur hérétique d’un juste châtiment (361), son successeur, Julien l’Apostat, publia un édit permettant le libre exercice de toutes les religions dans l’Empire, dans le but de préparer la restauration du paganisme. Mélèce put donc regagner son siège épiscopal, avec tous les autres évêques orthodoxes qui avaient été exilés par Constance. La population orthodoxe se précipita comme un seul homme à la rencontre de son évêque pour lui baiser les mains et les pieds, comme une vivante icône du Seigneur, et recevoir au contact de ce corps porteur du Saint-Esprit, la bénédiction de Dieu. Sa vue seule était suffisante pour instruire le peuple sur toutes les vertus évangéliques, et le son de sa voix faisait clairement résonner la doctrine de la vérité.
Une fois passée cette réception enthousiaste, Mélèce constata que les orthodoxes de la cité étaient eux-mêmes divisés. Les uns lui étaient restés fidèles, mais les autres, qui mettaient en doute la validité de son élection à laquelle avaient participé des ariens et qui étaient restés étroitement attachés à la lettre du Concile de Nicée ainsi qu’à la mémoire de saint Eustathe, refusaient de l’accepter comme évêque légitime, et ils firent élire le prêtre Paulin. Ce schisme, soutenu par les occidentaux, au sein même de l’Église Orthodoxe, au moment où la plus grande solidarité était nécessaire, dura quatre-vingt-cinq ans, jusqu’en 414, et retarda lamentablement la victoire de l’Orthodoxie sur l’hérésie arienne, malgré les tentatives patientes de saint Basile pour convaincre les évêques d’Occident de rentrer en communion avec Mélèce. Le saint archevêque essaya, quant à lui, de collaborer charitablement avec Paulin et de fortifier son peuple dans la vraie foi pour résister à la menace grandissante de la persécution païenne de Julien. Ayant renvoyé le saint en exil, l’empereur ne tarda pas à mourir, en laissant le trône au pieux Jovien qui rappela Mélèce et les autres évêques exilés.
Mais l’empereur orthodoxe étant subitement décédé au bout de huit mois seulement de règne (364), le pouvoir tomba entre les mains de Valens, partisan fanatique du parti arien et cruel persécuteur des orthodoxes. Pour la troisième fois, Mélèce dut prendre le chemin de l’exil avec tous les autres confesseurs chassés de leur siège par le souverain. Retiré dans une de ses propriétés, située aux confins de l’Arménie et de la Cappadoce, il eut alors de nombreuses occasions de rencontrer saint Basile, dont il partageait pleinement la doctrine, et qui devint l’un de ses partisans les plus actifs pour son rétablissement sur le trône épiscopal d’Antioche. En quittant sa cité, l’évêque avait laissé des fidèles disciples, ardents défenseurs de l’Orthodoxie, tels Diodore, devenu plus tard évêque de Tarse, Flavien son successeur sur le trône d’Antioche et surtout saint Jean Chrysostome, auquel il avait administré le baptême et qu’il avait tiré des études profanes pour l’appliquer à l’étude de la sainte Écriture, avant de l’ordonner diacre. Animé de zèle par l’exemple de leur saint pasteur et par les admonitions des anachorètes qui descendaient des montagnes voisines pour l’encourager, le peuple d’Antioche était prêt à souffrir toutes persécutions pour la cause de la Vérité, et il resta inébranlable aux menaces de l’empereur jusqu’au retour du saint après la mort de Valens (378) et la publication d’un décret sur la liberté religieuse par le nouvel empereur d’Occident, Gratien, qui était disciple de saint Ambroise. Mélèce réunit alors sans tarder un concile de cent cinquante évêques qui confessèrent sans équivoque la doctrine de Nicée et condamnèrent toutes les hérésies en proclamant une la règle de foi (automne 379).
Le pieux empereur Théodose le Grand (379-395) avait eu, juste avant son avènement, une vision dans laquelle il avait vu saint Mélèce le revêtir de la pourpre impériale et lui poser la couronne sur la tête. Comme il avait formé le projet de mettre fin une fois pour toutes aux divisions provoquées par l’arianisme et les autres hérésies, en réunissant à Constantinople un grand concile œcuménique qui viendrait confirmer les décisions du Concile de Nicée, il convoqua Mélèce dans la capitale, le reçut avec de grands égards et le chargea de présider le Second Concile Œcuménique (mai 381).
Après avoir réuni les suffrages des Pères sur le bien-fondé du transfert de saint Grégoire le Théologien de Sasimes à Constantinople pour le bien de l’Église [25 janv.], Mélèce tomba malade et rendit son âme à Dieu au cours des sessions du Concile. Ses funérailles solennelles réunirent tout le peuple de la capitale autour de l’empereur et des Pères du Concile. Saint Grégoire de Nysse prononça alors un discours émouvant, dans lequel il pleurait la perte de celui qui avait été pour l’Église d’Antioche, pour le Concile et pour tout l’Orient, le médecin des âmes, le stratège de l’armée du Christ et le pilote du vaisseau de l’Église livrée à la tempête des hérésies. Ses saintes reliques, après avoir reçu dans toutes les villes qu’elles traversaient l’accueil réservé aux généraux triomphants, furent transférées en grande pompe à Antioche, où elles furent déposées dans le tombeau de saint Babylas.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du dimanche du 5ème ton
Fidèles, chantons et adorons le Verbe coéternel au Père et à l’Esprit, né d’une Vierge pour notre salut : car il Lui a plu, en Sa chair, de monter sur la Croix, de subir la mort et de relever les défunts par Sa glorieuse Résurrection !
Kondakion du dimanche du 5ème ton
Ô mon Sauveur, Tu es descendu aux enfers, brisant ses portes comme Tout-Puissant; et avec Toi, Créateur, Tu ressuscitas les morts, brisant l’aiguillon de la mort et libérant Adam de la malédiction, ô Ami des hommes ! Aussi, tous nous Te clamons : Seigneur, sauve-nous!
Kondakion du dimanche du pharisien et du publicain, ton 4
Fuyons la jactance du pharisien et apprenons du publicain la sublimité d’un langage humble, criant dans le repentir : « Sauveur du monde, purifie Tes serviteurs ».
ÉPITRE DU JOUR
II Tim. III, 10-15
Mon enfant Timothée, tu m’as suivi dans mon enseignement, dans ma conduite et mes projets, dans la foi, la patience, dans l’amour du prochain et la constance, dans les persécutions et les souffrances qui me furent infligées à Antioche, à Iconium et à Lystres. Quelles persécutions n’ai-je pas eu à subir! Et de toutes le Seigneur m’a délivré. D’ailleurs, tous ceux qui veulent vivre avec piété dans le Christ Jésus seront persécutés ; tandis que les méchants et les imposteurs feront toujours plus de progrès dans le mal, séduisant les autres et s’égarant eux-mêmes tout à la fois. Mais toi, demeure ferme dans ce que tu as appris et dont tu as acquis la certitude, puisque tu sais de qui tu le tiens et que depuis l’enfance tu connais les saintes Écritures : elles sont à même de te procurer la sagesse qui conduit au salut par la foi dans le Christ Jésus.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc. XVIII, 10-14
Deux hommes montèrent au temple pour prier ; l’un était pharisien, et l’autre publicain. Le pharisien, debout, priait ainsi en lui-même : O Dieu, je te rends grâces de ce que je ne suis pas comme le reste des hommes, qui sont ravisseurs, injustes, adultères, ou même comme ce publicain; je jeûne deux fois la semaine, je donne la dîme de tous mes revenus. Le publicain, se tenant à distance, n’osait même pas lever les yeux au ciel ; mais il se frappait la poitrine, en disant : O Dieu, sois apaisé envers moi, qui suis un pécheur. Je vous le dis, celui-ci descendit dans sa maison justifié, plutôt que l’autre. Car quiconque s’élève sera abaissé, et celui qui s’abaisse sera élevé.