4 août

Carême de la Dormition

Les sept dormants d’Éphèse : saints Maximilien, Jamblique, Martinien, Jean, Denis, Constantin et Antonin (vers 250) ; saint Éleuthère, martyr à Tharse (vers 310) ; sainte Eudocie, vierge, martyre en Asie Mineure (vers 364) ; saint Euphrone, évêque de Tours (573) ; saints nouveaux martyrs de Russie : moine Michel Jouka, martyrs Syméon Vorobiev et Démètre Vorobiev (1937) ; invention des reliques de saint Alexis de Bortsourmana (2000).

 LES SEPT DORMANTS D’ÉPHÈSE [1]

L’empereur Dèce (250), venu d’Occident, étant parvenu à Éphèse, donna l’ordre à toute la population de se réunir dans les temples pour offrir des sacrifices aux dieux. Le troisième jour des fêtes organisées à cette occasion, l’empereur ordonna d’arrêter tous les chrétiens. Les juifs et païens de la ville prêtèrent main-forte aux soldats pour traîner tous les fidèles qu’ils trouvaient sur la place publique, afin de les contraindre à sacrifier. Beaucoup cédèrent devant la perspective des tortures, tandis que ceux qui refusaient de se soumettre étaient mis à mort sans pitié. Devant ces démonstrations de cruauté, Maximilien, le fils du préfet de la ville et six autres jeunes gens des familles les plus renommées, qui servaient comme cadets dans l’armée , s’affligeaient et versaient des larmes, plus encore pour la perte des âmes des apostats que pour les souffrances des martyrs. Chaque fois qu’on annonçait la célébration d’un sacrifice, ils se retiraient dans l’église pour y prier ; mais cette attitude n’échappa pas à l’observation des païens, qui allèrent les dénoncer à l’empereur. Les yeux encore pleins de larmes et chargés d’entraves, ils furent traînés au palais. Maximilien prit la parole au nom de tous, pour répondre à l’empereur qui les interrogeait sur la raison de leur insubordination : « Nous avons, dit-il, un Dieu, dont la gloire remplit le ciel et la terre, et nous lui offrons le sacrifice secret de notre confession de foi et de nos prières continuelles ! » Dèce, courroucé, commanda de leur arracher leurs ceintures, signe de leur dignité, et, feignant de les prendre en pitié, il les fit débarrasser de leurs liens et leur donna quelques jours pour réfléchir, tandis qu’il serait absent de la cité. Après s’être concertés, les sept jeunes gens décidèrent d’aller se cacher dans une vaste grotte située à l’orient de la ville, afin de s’y préparer, dans la quiétude et la prière, à comparaître de nouveau devant le tyran. Pendant les jours qu’ils passèrent dans cette retraite, Jamblique, le plus jeune d’entre eux, se chargeait de l’approvisionnement et descendait pour cela de temps en temps en ville. Dès son retour à Éphèse, Dèce ordonna de faire comparaître les prisonniers chrétiens pour leur proposer de sacrifier aux idoles. Apprenant cette nouvelle, les sept jeunes gens redoublèrent leurs prières. Ils dépensèrent alors tant d’efforts que, le soir venu, ils s’assirent pour prendre le pain apporté par Jamblique et s’endormirent, accablés de sommeil. Par la providence de Dieu, ils rendirent ainsi leur âme, la prière aux lèvres. Furieux de ne point retrouver les jeunes chrétiens, Dèce fit interroger leurs parents qui révélèrent l’endroit de leur cachette, et il envoya des hommes avec ordre de boucher l’entrée de la grotte, pour que les saints y meurent étouffés. Les fonctionnaires chargés de cette tâche, Théodore et Barbos, qui étaient chrétiens en secret, exécutèrent l’ordre à contre cœur, puis ils firent graver le récit du martyre des sept jeunes gens sur des plaques de plomb placées dans un coffret qu’ils cachèrent à proximité. Environ deux cents ans plus tard, sous le règne de Théodose le Jeune (vers 446), une hérésie niant la résurrection des morts vint à déchirer l’Église. Suscitée par l’évêque d’Égée, Théodore, cette opinion entraînait de nombreuses âmes à la perdition, si bien que le pieux empereur Théodose suppliait Dieu avec larmes de manifester la vérité. C’est alors que le propriétaire du terrain où se trouvait la grotte des Sept martyrs, un certain Adatios, décida d’y construire un enclos pour ses troupeaux. Comme il extrayait des pierres, il dégagea l’entrée de la grotte, et aussitôt les sept jeunes gens reprirent vie, comme s’ils s’étaient endormis la veille, sans avoir du tout changé ni avoir souffert de ce long sommeil. Leur conversation revint immédiatement à la persécution et à la perspective du sacrifice public ordonné par Dèce. Maximilien prit la parole, disant : « Allons, mes frères, que Dèce nous prenne ! Tenons-nous donc vaillamment devant les persécuteurs, et ne trahissons pas notre foi par lâcheté. Toi, Jamblique, prends ces pièces de monnaie, et va en ville acheter du pain. Prends-en un peu plus qu’à l’ordinaire, car nous avons bien faim, et profites-en pour apprendre ce qu’il en est des recherches que l’empereur fait à notre sujet. » Parvenu à l’entrée de la ville, Jamblique fut tout d’abord stupéfait de voir le signe de la Croix sur toutes les portes. Ne reconnaissant plus ni les gens ni les bâtiments, il se demanda s’il rêvait ou s’il était entré dans une autre ville. Au marché il acheta du pain, mais quand il présenta sa monnaie au boulanger, celui-ci le considéra avec attention et lui demanda s’il n’avait pas trouvé un vieux trésor, car ces pièces portaient l’effigie d’un empereur d’autrefois. À ces mots, Jamblique se mit à trembler de peur, et, pensant qu’on allait le livrer à l’empereur, il voulut prendre la fuite. Mais les commerçants le retinrent et menacèrent de le tuer s’il ne partageait pas avec eux son trésor et, lui attachant une corde au cou, ils le traînèrent sur l’agora. À ce moment, la troupe rencontra le proconsul qui se rendait chez l’évêque Étienne. Informé de la raison de cette agitation, le magistrat demanda à Jamblique comment il avait trouvé ce trésor et où il le cachait. Le jeune garçon répondit qu’il n’avait rien trouvé, mais qu’il tenait ces pièces de monnaie de ses parents. Comme on le questionnait sur sa patrie et sa parenté, il répondit : « Je suis d’ici, si cette ville est bien Éphèse, et mes parents sont un tel et une telle. » Ces noms étant inconnus du proconsul et de plus inaccoutumés, il se mit en colère et accusa Jamblique de vouloir le tromper, alors que ces pièces, vieilles de deux cents ans, témoignaient bien qu’il avait trouvé un trésor. Jamblique, tomba à ses pieds et le supplia de lui révéler où se trouvait l’empereur Dèce. Quand on lui eut répondu que ce dernier était mort depuis de longues années, il proposa au proconsul de le suivre jusqu’à la grotte, afin de lui montrer qu’il était bien parti s’y réfugier avec ses compagnons pour échapper à la persécution de Dèce. Le proconsul, accompagné de l’évêque et d’une foule nombreuse, se rendit donc à la grotte, où l’on découvrit les tablettes de plomb portant les noms des saints jeunes gens. Tous reconnurent la vérité du miracle et poussèrent des cris d’actions de grâces. Le proconsul et l’évêque écrivirent ensuite à l’empereur Théodose que la manifestation miraculeuse de ces sept jeunes gens morts depuis longtemps était une preuve manifeste de la résurrection des corps. L’empereur se précipita à Éphèse, rendit visite aux saints enfants et baigna leurs pieds de ses larmes. Après avoir longuement narré leur histoire au souverain et aux évêques présents, Maximilien et ses compagnons s’affaissèrent doucement à terre et s’endormirent définitivement du sommeil de la mort. Théodose donna l’ordre de confectionner sept sarcophages d’or et d’honorer les saints jeunes gens par de grandes fêtes, auxquelles il convia tous les habitants d’Éphèse, riches et pauvres. Mais la nuit suivante, les saints lui apparurent pour lui demander de laisser leurs corps à même la terre dans leur grotte, en attente de la résurrection .

[1] Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras.

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire des saints Dormants d’Éphèse, ton 4

Prodigieux miracle de la foi : dans une grotte comme en la chambre du Roi sont demeurés les sept jeunes gens qui moururent sans que leur corps fût corrompu et se levèrent longtemps après comme au sortir d’un sommeil pour confirmer notre foi en l’universelle résurrection. Par leurs prières aie pitié de nous, ô Christ notre Dieu.

Kondakion des saints Dormants d’Éphèse, ton 4

Ceux qui méprisèrent comme périssables les biens d’ici-bas et reçurent les incorruptibles dons de l’au-delà, sans se corrompre, sont restés dans la mort d’où ils surgissent après de longues années pour ensevelir toute incroyance des impies; et nous fidèles, en ce jour chantant leur louange, célébrons le Christ notre Dieu.

ÉPITRE DU JOUR

1 Cor. XI, 31-XII, 6

Si nous nous jugions nous-mêmes, nous ne serions pas jugés. Mais quand nous sommes jugés, nous sommes châtiés par le Seigneur, afin que nous ne soyons pas condamnés avec le monde. Ainsi, mes frères, lorsque vous vous réunissez pour le repas, attendez-vous les uns les autres. Si quelqu’un a faim, qu’il mange chez lui, afin que vous ne vous réunissiez pas pour attirer un jugement sur vous. Je réglerai les autres choses quand je serai arrivé. Pour ce qui concerne les dons spirituels, je ne veux pas, frères, que vous soyez dans l’ignorance. Vous savez que, lorsque vous étiez païens, vous vous laissiez entraîner vers les idoles muettes, selon que vous étiez conduits. C’est pourquoi je vous déclare que nul, s’il parle par l’Esprit de Dieu, ne dit : Jésus est anathème ! Et que nul ne peut dire : Jésus est le Seigneur ! Si ce n’est par le Saint Esprit. Il y a diversité de dons, mais le même Esprit ; diversité de ministères, mais le même Seigneur ; diversité d’opérations, mais le même Dieu qui opère tout en tous.

ÉVANGILE DU JOUR

Matth. XVIII, 1-11 En ce moment, les disciples s’approchèrent de Jésus, et dirent: Qui donc est le plus grand dans le royaume des cieux? Jésus, ayant appelé un petit enfant, le plaça au milieu d’eux, et dit: Je vous le dis en vérité, si vous ne vous convertissez et si vous ne devenez comme les petits enfants, vous n’entrerez pas dans le royaume des cieux. C’est pourquoi, quiconque se rendra humble comme ce petit enfant sera le plus grand dans le royaume des cieux. Et quiconque reçoit en mon nom un petit enfant comme celui-ci, me reçoit moi-même. Mais, si quelqu’un scandalisait un de ces petits qui croient en moi, il vaudrait mieux pour lui qu’on suspendît à son cou une meule de moulin, et qu’on le jetât au fond de la mer. Malheur au monde à cause des scandales! Car il est nécessaire qu’il arrive des scandales; mais malheur à l’homme par qui le scandale arrive! Si ta main ou ton pied est pour toi une occasion de chute, coupe-les et jette-les loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie boiteux ou manchot, que d’avoir deux pieds ou deux mains et d’être jeté dans le feu éternel. Et si ton œil est pour toi une occasion de chute, arrache-le et jette-le loin de toi; mieux vaut pour toi entrer dans la vie, n’ayant qu’un œil, que d’avoir deux yeux et d’être jeté dans le feu de la géhenne. Gardez-vous de mépriser un seul de ces petits; car je vous dis que leurs anges dans les cieux voient continuellement la face de mon Père qui est dans les cieux. Car le Fils de l’homme est venu sauver ce qui était perdu.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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