Le métropolite du Donbass et de Marioupol Hilarion (Église orthodoxe ukrainienne, sous l’omophore du métropolite de Kiev Onuphre) a publié l’appel suivant, en date du 19 février 2022 :
« Bien-aimés dans le Seigneur évêques vicaires, membres du clergé, moines et moniales, frères et sœurs,
À nouveau, nos cœurs sont serrés par la douleur insupportable de nos inquiétudes pour notre terre natale, pour nos familles et nos maisons. À nouveau, nous nous trouvons dans la totale incertitude pour le lendemain, pour ce que nous apportera l’inconnu. Que nous est-il advenu de supporter pendant les années de cette terrible guerre impitoyable ?
Notre Donbass a pleinement senti le marteau de celle-ci peser sur lui, tous les malheurs qui lui sont propres, toutes les privations et les afflictions. Les blessures des affrontements armés sanglants qui ont lourdement frappé la population civile ordinaire. Les maisons détruites de nos compatriotes ne sont pas encore reconstruites, les sanctuaires profanés de notre diocèse ne sont pas restaurés. Les tombes de ceux dont la vie a été tragiquement emportée par cette tourmente fratricide sont encore fraîches.
Combien de larmes ont été versées par les mères, les épouses et les enfants inconsolables des disparus ? Quelles afflictions ont traversé et traversent notre peuple, qui cherche refuge contre les bombardements constants dans les abris et les caves, s’efforçant de rétablir, ne serait-ce que partiellement, après chaque vague de conflit militaire, la vie professionnelle simple et pacifique ? « Des villes où vivent ces hommes sortent des gémissements, et l’âme des blessés à mort crie » (Job 24,12).
Néanmoins, notre région, connue dans le monde entier pour sa force de travail, a montré en ces années de troubles et de catastrophes, que ce n’est absolument pas en vain que nous nous appelons « Donbass orthodoxe ». Comme cela a été dit naguère : « Le Donbass sait travailler, le Donbass sait aussi prier ! » Au cours de tout ce temps de conflit armé dans notre région, les gens se sont aidés les uns les autres de façon désintéressée, les monastères ont offert un toit à ceux qui étaient contraints de fuir et aux sinistrés, le clergé et les laïcs ont prié le Seigneur pour que la paix s’instaure rapidement, pour que la haine soit surmontée et que règne la compréhension mutuelle.
Malgré toutes les privations, nous nous tenons fermement ensemble, en maintenant un lien spirituel fort malgré la division qui est intervenue dans notre région. Grâce à une foi inébranlable en Dieu, nous répétons encore et encore l’affirmation de l’apôtre Paul : « Je puis tout par le Christ qui me fortifie » (Phil. 4,13). Cependant, la menace d’une reprise des combats à grande échelle est revenue dans notre maison. À nouveau, des flots de réfugiés fuient les affrontements probables. À nouveau, les larmes de chagrin et l’incertitude tourmentent nos cœurs épuisés.
La situation est aggravée par la situation sanitaire et épidémiologique difficile. De nombreux habitants sont malades de l’infection du coronavirus. Beaucoup parmi eux ont besoin de soins et de traitements spéciaux, d’accompagnement spirituel. Il ne faut pas oublier non plus ceux qui, au cours de l’épidémie, ont perdu des membres de leurs familles et des proches, et il y en a des centaines et des milliers !
À cet égard, en tant qu’évêque du diocèse de Donetsk, je m’adresse au clergé, aux moines et moniales ainsi qu’aux laïcs en leur demandant de renouveler les prières pour la paix dans notre région. Aujourd’hui, notre prière devant la Face de Dieu est absolument nécessaire ! Nous ne sommes pas en mesure de changer la réalité, cela dépasse nos forces.
Mais le Seigneur Dieu Tout-Puissant le peut ! Notre Créateur, qui se préoccupe constamment de Son peuple, peut tout changer en un clin d’œil. En même temps, en méditant sur la Providence Divine, écoutons les paroles de saint Éphrem le Syrien : « Tout vient de Dieu, et le bien, et l’affligeant, et l’indigne ; mais l’un se produit par bienveillance, l’autre, par le plan divin et le troisième par permission ».
Aussi, pour notre bien commun, nous trouvons devant le seuil du Grand Carême, je vous appelle tous à un repentir fervent. En nous changeant nous-mêmes vers ce qu’il y a de meilleur, en corrigeant nos péchés, nous serons capables – je le crois – de changer la réalité amère qui nous entoure.
Compte tenu des circonstances humanitaires actuelles, je m’adresse à tous les supérieurs et higoumènes des monastères : vous avez l’expérience de l’hospitalité, exercez-la à nouveau, en ouvrant les portes des monastères aux nécessiteux, à ceux qui veulent un toit au-dessus de leurs têtes, qui ont besoin de nourriture et de réconfort.
Je demande à tous ceux qui entendent ou qui lisent cet appel, à ne pas être indifférents au prochain, à donner un coup de main si nécessaire, à montrer activement leur appartenance au Christ, en observant son commandement sur l’amour ! Nous tous sommes une seule famille ecclésiale et croyons et espérons le meilleur. Notre foi est forte, et notre espoir est indestructible.
Nous ne voulons pas la guerre, nous, en tant qu’enfants de l’Église du Christ, dans de telles situations agissons comme pacificateurs, appelant à la raison ceux dont cela dépend à prendre des décisions menant à la paix, la prospérité et la compréhension mutuelle.
Je prie pour vous tous notre Seigneur et Dieu Jésus-Christ. Je remercie les membres du clergé qui, quoi qu’il en coûte, continuent avec zèle à accomplir leur ministère salvifique pour Dieu et pour les hommes. Je crois sincèrement que nous vivrons heureux dans notre beau Donbass orthodoxe, un et laborieux. « Gloire, honneur et paix pour quiconque fait le bien ! » (Rom. 2,10).
+ Hilarion, métropolite de Donetsk et de Marioupol, archimandrite de la Laure de la Dormition de Sviatogorsk ».