Les récits concernant la naissance de Jésus présentent un intérêt avant tout théologique plutôt qu’historique. Ces récits soulignent le caractère extraordinaire de l’enfantement de Jésus par la Vierge, en situant cet événement en dehors du cadre de l’histoire humaine ordinaire.
La généalogie de Jésus, les apparitions des anges, les rêves de Joseph et d’autres détails illustrent le message central : Dieu est intervenu dans l’histoire de l’humanité en envoyant sur terre le Messie, dont la venue a exaucé les espérances du peuple élu de Dieu.
Dans le récit de l’arrivée des mages à Bethléem, il convient de signaler l’imprécision dont fait preuve l’évangéliste pour décrire leur provenance et leur métier. Le terme « mages » (en grec : μάγοι) était d’un emploi assez courant dans la littérature antique. Il pouvait désigner des prêtres zoroastriens ou des astrologues babyloniens, ou encore, dans un sens plus large, des devins.
Le récit mentionne que ces mages venaient « d’Orient ». Compte tenu de la situation géographique de Bethléem, il est probable qu’ils soient venus de Perse ou de Babylone. Cependant, Justin le Philosophe (IIe siècle) estimait que les mages étaient venus « d’Arabie ». Mais à l’époque de Justin, le terme « Orient » était souvent utilisé pour désigner de manière générale l’Arabie dite « pierreuse », une région située en dehors de la péninsule Arabique.
De nombreuses hypothèses ont été émises concernant l’étoile aperçue par les mages.
En 1614, l’astronome allemand Johannes Kepler suggéra que l’astre mentionné dans l’Évangile de Matthieu était une conjonction des planètes Jupiter et Saturne dans la constellation des Poissons, en l’an 7 av. J.-C. D’autres théories, telles que l’explosion d’une supernova, ont également été avancées.
Cependant, il est possible que les mages aient observé une comète, dont l’orientation aurait guidé leur chemin. Des archives chinoises mentionnent le passage de trois comètes en l’an 12, en l’an 5 et en l’an 4 av. J.-C. La comète de l’an 5, visible entre le 6 mars et le 9 avril dans la constellation du Capricorne, pourrait être celle aperçue par les mages.
En tout cas, déjà dans l’Église primitive, l’apparition de l’étoile annonçant la naissance de Jésus et l’adoration des mages étaient interprétées comme le symbole de la victoire à venir du christianisme sur le paganisme et la magie. Dans ce sens, Ignace d’Antioche, dans ses Lettres, considère l’Étoile de Bethléem:
«Un astre brilla dans le ciel plus que tous les autres astres, et sa lumière était indicible, et sa nouveauté étonnait, et tous les autres astres avec le soleil et la lune se formèrent en chœur autour de l’astre, et lui projetait sa lumière plus que tous les autres. Et ils étaient troublés, se demandant d’où venait cette nouveauté si différente d’eux-mêmes. Alors était détruite toute magie, et tout lien de malice aboli, l’ignorance était dissipée, et l’ancien royaume ruiné, quand Dieu apparut en forme d’homme, “pour une nouveauté de vie” éternelle, ce qui avait été décidé par Dieu commençait à se réaliser.»Ignace d’Antioche, Lettres, Martyre de Polycarpe, SC n° 10 ter, p. 90-91.
Cet article fait partie de la série basée sur les six volumes de “Jésus-Christ. Vie et Enseignement” par le métropolite Hilarion Alfeyev, disponible tous les vendredis sur cette page. Pour obtenir votre exemplaire du premier volume, “Début de l’Évangile”, visitez le site des Éditions des Syrtes.