Les lecteurs de notre site se souviennent du papa Tychon dans un article précédent consacré au papa Photis, ce fol-en-Christ de Lesbos. Dans ce nouvel article, nous aimerions attirer l’attention du lecteur sur un point fondamental de la spiritualité de ce saint vieillard de Kapsala.
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Outre le fait que le papa Tychon avait le don de la prière du cœur, il disait en effet : « Je pense que Dieu va me faire miséricorde parce que comme moine — mon enfant — durant soixante ans, je disais continuellement le « Seigneur Jésus-Christ, aie pitié de moi » ». Outre aussi le fait que ce saint ermite, selon le témoignage de ceux qui l’ont connu, récitait chaque jour les Salutations à la Mère de Dieu, il avait aussi et plus encore une fervente dévotion à la Croix.
Dans sa cellule était suspendue une grande croix. Un jour, comme son disciple revenait d’une commission, le vieillard se trouvait à l’intérieur de sa chambre et ce jeune moine, par curiosité, voulait voir ce que le père Tychon faisait. Or, il le vit prosterné devant la croix, baisant les pieds du Christ et versant d’abondantes larmes. Sa piété pour la croix l’a même poussé à composer une prière dédiée au Golgotha. Bien sûr, pour ce père, le Golgotha est lié à la croix puisque c’est là où celle du Sauveur a été élevée.
[Suit la prière « Gloire au Golgotha du Christ »]
Sa dévotion du Golgotha n’est pas doloriste ou sentimentale. Elle révèle le cœur endolori d’un moine, mais combien débordant d’amour pour celui qui a souffert et est mort pour nous ! Cet aspect de la spiritualité du papa Tychon n’est pas étranger à un trait très personnel de la spiritualité des moines de Scété, comme le souligne le père Placide Deseille dans son introduction (p. 45) des Homélies spirituelles de saint Macaire le Grand.
Voici, en raccourci, ce qu’il écrit après avoir cité un paragraphe du volume H II édité par le père V. Desprez, dans SC 275, pp. 87 et 91, où saint Macaire exprime son profond désir de se trouver près de la croix :
« Nous avons ici, écrit le père Placide, l’un des aspects les plus personnels de Macaire, l’un des plus profonds aussi. On en trouve comme un écho, à Scété, même dans le récit de l’abbé Poemen transmis dans les apophtegmes : « Ma pensée était là où sainte Marie, Mère de Dieu, se tenait en pleurs tout près de la croix du Sauveur ; et moi, je voudrais toujours pleurer ainsi ». » (Poemen 144)
En terminant, on ne peut faire mieux que de reprendre les mots de saint Paul : « Soyez mes imitateurs ! »
Maintenant, étant dans la période avant Pâques, imitons, nous aussi, l’amour du papa Tychon pour la croix plantée sur le Golgotha, car, à travers elle, nous avons été rachetés de la malédiction de la Loi par le précieux sang du Christ, lui qui était suspendu sur la croix… (apolitikion du Grand Vendredi)