Le pape François a effectué une visite en Grèce sur l’invitation de la présidente de la République hellénique, Mme Ekaterini Sakellaropoulou. Le samedi 4 décembre 2021 après-midi, le pape François a rendu visite à l’archevêque d’Athènes et de toute la Grèce Jérôme. Étaient présents à l’entretien les métropolites Ignace de Dimitrias et Almyros, Chrysostome de Messénie, Gabriel de Néa Ionia et Philadelphia Gabriel, Agathange de Phanarion, directeur générale de l’Apostoliki Diakonia, l’évêque d’Oraia Philothée, secrétaire principale du Saint-Synode de l’Église de Grèce, l’archimandrite Barnabé Theokharis, chancelier de l’Archevêché, et le directeur de l’ONG « Apostoli », les directeurs des services de l’Archevêché. Les hiérarques présents ont été invités personnellement par l’Archevêque en raison de leurs implications dans le dialogue des deux Églises.
Dans son discours, l’archevêque a, entre autres, mentionné la visite conjointe à Lesbos, avec le patriarche œcuménique, qu’ils avaient accomplie il y a plusieurs années avec pour but l’éveil du monde entier au défi du problème des migrants et des réfugiés. L’archevêque a également parlé de la pandémie qui a changé et continue de changer les vies des hommes sur toute la planète, soulignant que différents problèmes sont apparus à la surface. La violence, l’insécurité et principalement le désespoir et la frustration ont dominé dans les cœurs des hommes, indépendamment de la couleur de leur peau, de la religion, de la langue et de la civilisation. Il a également évoqué la question des réfugiés et a noté la nécessité pour la communauté internationale de prendre des décisions audacieuses.
De son côté, le pape François a évoqué «les racines que nous partageons. Elles sont souterraines, cachées, souvent négligées, Plus tard, malheureusement, nous avons grandi loin les uns des autres. Les poisons du monde nous ont contaminés, et l’ivraie de la suspicion a accru notre distance, et nous avons cessé de cultiver la communion », a regretté le Pape. « À notre honte », a-t-il poursuivi, « je le reconnais au nom de l’Église catholique – des actions et des choix qui ont peu ou pas de rapport avec Jésus et l’Évangile, mais plutôt avec une soif de profit et de pouvoir, ont flétri la communion. Nous avons ainsi laissé les divisions compromettre la fécondité. L’histoire a du poids, et je ressens aujourd’hui le besoin de renouveler ma demande de pardon à Dieu et à mes frères pour les erreurs commises par beaucoup de catholiques. C’est cependant un grand réconfort d’être certains de savoir que nos racines sont apostoliques et que, malgré les déformations du temps, la plante de Dieu pousse et porte du fruit dans le même Esprit. Et c’est une grâce que les uns reconnaissent les fruits des autres et d’en remercier ensemble le Seigneur. L’Esprit nous appelle, aujourd’hui plus encore qu’hier, à panser les plaies de l’humanité avec l’huile de la charité. Le Christ lui-même a demandé aux siens, à l’heure de l’angoisse, la consolation de leur proximité et de leur prière. L’image de l’huile nous conduit donc au Jardin des Oliviers. « Restez ici et veillez » (Mc 14, 34), dit Jésus. Sa requête aux Apôtres était au pluriel. Aujourd’hui encore, il veut que nous veillions et priions : pour apporter la consolation de Dieu au monde et pour guérir nos relations blessées, la prière les uns pour les autres est nécessaire. Elle est indispensable afin d’arriver à la nécessaire purification de la mémoire historique. Avec la grâce de l’Esprit Saint, les disciples du Seigneur, animés par l’amour, par le courage de la vérité, ainsi que par la volonté sincère de se pardonner mutuellement et de se réconcilier, sont appelés à reconsidérer ensemble leur passé douloureux et les blessures qu’il continue malheureusement à provoquer aujourd’hui encore ».
En outre, il a parlé des immigrés, des migrants, qui ne peuvent « être abandonnés dans l’indifférence et considérés uniquement comme un fardeau à gérer ou, pire encore, à déléguer à d’autres ».
La presse a relevé que, lors de son arrivée à l’Archevêché d’Athènes, un prêtre orthodoxe s’est écrié à trois reprises : « Pape, tu es un hérétique » (voir vidéo ci-dessous). Le prêtre a été maîtrisé par la police et éloigné des lieux.