Le vendredi 1er septembre 2023, conformément à l’ordre et à la tradition ecclésiastiques de longue date, le début de la nouvelle année ecclésiastique a été célébrée avec une grande splendeur. Depuis 1989, le Patriarcat œcuménique consacre également cette journée à la prière pour la protection de l’environnement naturel.
Sa Sainteté le patriarche œcuménique Bartholomée a présidé la Divine Liturgie, assisté de métropolite Épiphane de Kiev et des hiérarques du trône œcuménique dont le métropolite Démétrios de France.
Dans son message, le patriarche œcuménique, lu par le secrétaire en chef du Saint et Sacré Synode, l’archimandrite Grégoire, a exprimé sa satisfaction « parce que le lien direct entre les problèmes écologiques et sociaux a été définitivement compris, à savoir que la destruction de l’environnement naturel affecte en premier lieu les pauvres de la terre. La combinaison de l’action environnementale et sociale est un espoir pour l’avenir, car ce n’est qu’ainsi qu’il peut y avoir un développement durable et un progrès, lorsque nous nous soucions en même temps de l’intégrité de la création et de la protection de la dignité et des droits de l’homme ».
Sa Sainteté a noté ensuite :
« Il est caractéristique que l’on insiste aujourd’hui sur la nécessité d’une « expansion écologique » des droits de l’homme. La lutte pour les droits de l’homme ne peut ignorer le fait qu’ils sont menacés par le changement climatique, par le manque d’eau douce, de sols fertiles et d’air pur, et plus généralement par la « dégradation de l’environnement ». Les conséquences de la crise écologique doivent être traitées au niveau des droits de l’homme. Il va de soi que ceux-ci, dans tous leurs aspects et dimensions, forment un tout indissociable et que leur protection est indivisible ».
Le patriarche a évoqué les effets de la guerre en cours en Ukraine sur l’écosystème local et l’environnement naturel en général, appelant une fois de plus à la fin immédiate de la guerre.
« C’est dans ce contexte que nous devons faire face aux souffrances causées par l’attaque de la Russie contre l’Ukraine, qui est liée à de terribles catastrophes écologiques. Tout acte de guerre est aussi une guerre contre la création, une grave menace pour l’environnement naturel. La pollution de l’atmosphère, de l’eau et du sol par les bombardements, le risque d’holocauste nucléaire, l’émission de radiations dangereuses par les centrales nucléaires, la poussière cancérigène des bâtiments bombardés, la destruction des forêts et la dévastation des terres agricoles, tout cela témoigne du fait que le peuple et l’écosystème de l’Ukraine ont subi et continuent de subir des pertes incalculables. Nous le répétons : Que la guerre cesse immédiatement et qu’un dialogue sincère commence ! ».
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Lors de la réception organisée dans la salle du Patriarcat, Sa Sainteté a chaleureusement accueilli la délégation de l’Assemblée interparlementaire de l’orthodoxie (AIPO) en présence du métropolite Épiphane, du vice-ministre des affaires étrangères de Grèce et d’autres dignitaires.
Dans son discours, Sa Sainteté a évoqué les initiatives et les efforts du Patriarcat œcuménique pour renforcer l’unité et la coopération des Églises orthodoxes autocéphales, dont le fruit a été la convocation du Saint et Grand Synode de l’Église orthodoxe en Crète en 2016.
« Malheureusement, cet effort d’unité et de coopération a été détruit ces dernières années par une nouvelle ecclésiologie, qui vient du Nord, et par une nouvelle théologie, la théologie de la guerre. C’est cette théologie que l’Église sœur de Russie a commencé à enseigner, essayant de justifier une guerre injustifiée, impie, non provoquée et maléfique contre un pays souverain et indépendant, l’Ukraine. Depuis près de deux ans, nous assistons à une tragédie. Non seulement dans les relations entre deux Églises orthodoxes, mais aussi au cœur de l’Europe, nous assistons à un bain de sang quotidien. Cent cinquante mille, peut-être deux cent mille soldats russes ont été tués dans cette guerre, environ cent mille soldats ukrainiens et d’innombrables civils. Je répète que c’est une tragédie. Naturellement, cela a aussi un impact sur les relations entre les Églises sœurs orthodoxes respectives, aujourd’hui appelées par euphémisme « sœurs ». L’interruption de la communion par l’Église de Russie aux dépens du patriarcat œcuménique, comme l’a dit le président, est inacceptable, inexplicable. Nous ne pouvons pas utiliser l’Eucharistie pour faire pression les uns sur les autres et forcer les autres Églises à se conformer à cette nouvelle ecclésiologie. Le frère métropolite de Kiev et de toute l’Ukraine est un souffrant. Il voit son troupeau décimé, les villes et les villages détruits, les églises, les écoles et les hôpitaux rasés… ».
Et le patriarche de poursuivre :
« Face à cette tragédie, nous en appelons à la participation de l’Assemblée interparlementaire de l’orthodoxie pour tenter de rétablir la situation.
Pour notre part, nous faisons ce que nous croyons juste. Plusieurs Églises sœurs nous mettent au défi et nous invitent à demander au Patriarcat œcuménique de convoquer à nouveau une conférence panorthodoxe ou une synaxe des primats orthodoxes pour traiter de la question ecclésiastique ukrainienne, mais notre Patriarcat rejette ces propositions parce qu’il n’est pas prêt à soumettre au jugement des autres Églises un acte canonique qu’il a lui-même accompli. Et je dis acte canonique, parce que l’octroi de l’autocéphalie à l’Église d’Ukraine, avec ses 44 millions de croyants, s’est fait dans le cadre des droits et des responsabilités diaconales du Patriarcat œcuménique. À l’exception des anciens patriarcats d’Orient, toutes les nouvelles Églises orthodoxes, l’Église de Russie étant la première, ont reçu l’autocéphalie de Constantinople. Pourquoi l’Ukraine n’aurait-elle pas pu l’obtenir également ? Telle est la question, très simple et très claire. Eh bien, nous n’allons pas convoquer un synode panorthodoxe, ni une synaxe des primats, parce que nous ne souhaitons pas soumettre les décisions et les initiatives du Patriarcat œcuménique au jugement de la nouvelle ecclésiologie ».
Il a conclu en félicitant l’AIPO pour les trente années de coopération harmonieuse entre les députés orthodoxes de différents parlements.
« Je vous souhaite de célébrer encore de nombreux anniversaires et de contribuer à la coopération harmonieuse non seulement des députés orthodoxes, mais aussi des parlementaires en général des pays respectifs », a déclaré Sa Sainteté, soulignant que les membres de l’AIPO sont toujours les bienvenus au Patriarcat œcuménique, qui continuera d’envoyer ses représentants aux assemblées générales de cette organisation internationale. « Nous serons toujours à vos côtés, tout comme vous êtes aux côtés du Patriarcat œcuménique », a-t-il ajouté.
Le patriarche a également félicité le métropolite Ignace de Démétrias et d’Almyrus, car, comme il l’a dit, dès que la guerre a éclaté, il a « ouvert ses bras, ouvert les portes de sa métropole, accueilli de jeunes enfants d’Ukraine et leur a donné l’hospitalité. Et cela, se répète chaque année. Nous le remercions et le félicitons car il est un exemple à suivre pour toutes les saintes métropoles de Grèce », a conclu Sa Sainteté.