Saint Épiphane, évêque de Salamine à Chypre (403) ; saint Savin, archevêque de Chypre (Vème s.) ; saint Polybius de Chypre, évêque de Rinokyr en Égypte (Vème s.) ; saint Mondry, moine près de Blois (VIème s.) ; sainte Rictrude, veuve, abbesse de Marchiennes (688) ; saint Germain, patriarche de Constantinople, confesseur (740) ; saint Denis de Radonège (1633) ; saint Jean de Valachie, martyr (1662) ; saint Pierre (Popov) (1937) ; sainte martyre Eudocie (Martirchkine) (1938).
SAINT ÉPIPHANE DE SALAMINE

Notre Père saint Épiphane naquit vers l’an 315 (ou 308) dans une modeste famille juive du village de Bésandouch, près d’Éleuthéropolis en Palestine. À la mort de son père, il fut adopté par un docteur de la Loi, Tryphon, qui projetait de lui donner sa fille en mariage. Animé depuis son enfance d’un grand zèle pour l’étude, Épiphane étudia à ses côtés l’Écriture sainte et les institutions juives, et acquit la connaissance de cinq langues : le grec, le latin, l’hébreu, le syriaque et le copte, chose fort rare à l’époque.
À la mort de Tryphon, il hérita de toute sa fortune. Un jour, alors qu’il était en train de visiter ses terres et passait à cheval à côté d’un moine chrétien, nommé Lucien, ce dernier, rencontrant un pauvre et n’ayant pas d’argent, se dépouilla de son vêtement pour le lui donner, et aussitôt une robe d’une blancheur resplendissante descendit du ciel pour le couvrir. Ce signe vint confirmer l’admiration qu’Épiphane entretenait pour les chrétiens depuis que, dans son enfance, il avait été sauvé miraculeusement par l’un d’eux de sa monture emballée. Tombant alors aux pieds de Lucien, il le supplia de le baptiser et de l’accepter dans l’ordre angélique. Baptisé, avec sa sœur, par l’évêque de la cité, il distribua tous ses biens et devint disciple de saint Hilarion [21 oct.], dont il suivit avec exactitude, pendant tout le reste de sa vie, la stricte discipline ascétique. Les mystères et les figures de l’Ancien Testament prenant tout leur sens dans la lumière du Christ, il s’adonna avec encore plus d’ardeur à l’étude et, avide de connaître le mode de vie des moines d’Égypte, il entreprit un long voyage dans cette terre d’élection de la vie ascétique. Il s’informa aussi sur les doctrines professées par diverses sectes et hérésies qui y pullulaient, rassemblant ainsi les éléments de son traité monumental contre toutes les hérésies, qu’il rédigera au soir de sa vie. Ayant échappé de peu aux entreprises des manichéens, il rentra en Palestine, après quatre années, et fonda un monastère près de son village natal, qu’il dirigea en toute sagesse pendant trente ans. On raconte que, par sa prière, il fit jaillir de l’eau de la terre desséchée et que les cellules des moines furent construites par des Bédouins qui avaient été témoins de ses miracles. Par l’invocation du Nom du Christ et grâce à son don de clairvoyance, Épiphane chassait les démons qui tourmentaient les villageois et certains de ses moines. Il délivra aussi la contrée d’un lion redoutable mangeur d’hommes et il répandait largement les aumônes ; mais c’était surtout par son charisme d’enseignement et d’interprétation des Écritures qu’il brillait comme un astre sur toute l’Église.
Ayant réalisé le danger que représentait pour l’Église la sagesse hellénique, source des multiples hérésies, il s’employa pendant toute sa vie à lutter pour la défense de la vraie foi. On raconte qu’un philosophe célèbre vint d’Édesse au monastère de saint Épiphane pour discuter des saintes Écritures. Ils débattirent longtemps sur les mystères de la création, Épiphane tenant en main la sainte Bible et le philosophe les écrits d’Hésiode, et bien que la lumière de la vérité fût éclatante, ce dernier restait obstiné. Mais lorsqu’il vit Épiphane guérir un possédé par l’invocation du Nom du Christ, renonçant à la vaine sagesse, il demanda à être baptisé. Il fut ensuite ordonné prêtre et devint le successeur du saint à la tête du monastère.
Ayant quitté son monastère pour échapper aux honneurs des hommes et parvenu à Chypre, où il eut la grande joie de retrouver saint Hilarion, Épiphane accepta, sur la pression de ce dernier, d’être consacré évêque du siège métropolitain de Constantia (l’ancienne Salamine), vers 367. Il voyait dans cette élévation non pas une occasion de vaine gloire, mais plutôt un moyen d’échapper aux entreprises des hérétiques semi-ariens fort influents en Palestine. Pendant vingt-six ans, il montra un zèle exemplaire dans le gouvernement de son diocèse et la confirmation de la foi orthodoxe, tant à Chypre que dans le reste du monde. De nombreux miracles vinrent confirmer de manière éclatante ses vertus pastorales et son amour paternel pour ses ouailles. Sa générosité et ses interventions en faveur de ceux qui étaient victimes de l’injustice lui attirèrent toutefois la haine d’une partie de son clergé, menée par le diacre Carin, qui l’accusa de dilapider l’argent de l’Église. Malgré toutes les entreprises de ce dernier pour diffamer le saint, Épiphane lui montrait toujours la même bienveillance, et Carin fut finalement châtié par Dieu et périt misérablement.
On raconte que, lorsque le saint célébrait la Divine Liturgie, il voyait visiblement le Saint-Esprit descendre sur les dons pour les sanctifier. Un jour, il fut privé de cette vision, à cause de l’indignité de l’un de ses concélébrants. Après l’avoir écarté, saint Épiphane supplia Dieu avec larmes et ne continua la célébration qu’à la suite d’une nouvelle manifestation de la gloire divine. Très attentif à l’intégrité morale de son clergé, le saint prélat voulait que ses clercs fussent par leurs vertus un digne ornement pour l’Épouse du Christ ; aussi avait-il transformé son palais épiscopal en monastère, où il menait la vie commune avec plus de soixante-dix clercs.
En 382, laissant le gouvernement de son diocèse à saint Philon de Carpathos [24 janv.], Épiphane se rendit à Rome, en compagnie de saint Jérôme [15 juin] et de Paulin d’Antioche, dans le but de résoudre en faveur de ce dernier le schisme d’Antioche. Ils résidèrent dans la demeure de sainte Paule [26 janv.], et le biographe du saint rapporte qu’il fit là d’éclatants miracles et guérit la sœur des co-empereurs Arcade et Honorius. De retour à Chypre, lors d’une terrible famine, il distribua à la population le blé qu’il avait acheté aux accapareurs, avec de l’or reçu à la suite d’une vision.
Dans son zèle pour extirper de la théologie chrétienne toute trace d’hellénisme, saint Épiphane concentra particulièrement ses efforts contre les doctrines d’Origène, alors très en faveur chez les moines de Palestine. En 393, prenant la parole à Jérusalem à l’occasion de la fête de la Dédicace de la basilique de la Résurrection, il proclama qu’Origène était le père de l’arianisme et de toutes les hérésies. Le soir même, le patriarche Jean, auquel Épiphane reprochait sa sympathie à l’égard des origénistes, répliqua en attaquant les « anthropomorphistes », c’est-à-dire les adversaires de l’exégèse allégorique de l’Écriture, prônée par le grand docteur alexandrin. La querelle s’envenima et prit une large ampleur, surtout lorsque saint Jérôme se rangea aux côtés d’Épiphane contre le patriarche Jean et son ancien ami, Rufin d’Aquilée. S’éloignant de la cité tourmentée, Épiphane se rendit quelque temps dans son monastère d’Éleuthéropolis, puis retourna dans son diocèse, sans pour autant abandonner un combat, au cours duquel son caractère ardent et sa simplicité l’avaient porté à des prises de position extrémistes.
Le flambeau de la lutte anti-origéniste passa alors à l’archevêque d’Alexandrie Théophile (401) qui, précédemment disciple d’Origène, en était devenu un ennemi féroce et implacable, en vue d’assouvir sa rancune contre quatre frères de noble origine (appelés les « Frères Longs », à cause de leur haute taille) qui, préférant l’hésychia aux dignités ecclésiastiques, avaient quitté son clergé sans l’autorisation de Théophile pour devenir moines à Nitrie. Poursuivis par l’archevêque, ils se réfugièrent à Constantinople, dans l’espoir d’obtenir gain de cause auprès de saint Jean Chrysostome. Utilisant cette occasion pour accuser saint Chrysostome, qu’il jalousait, d’être le protecteur de l’hérésie origéniste, Théophile s’adressa à Épiphane. Mal informé de la situation et des motifs réels de Théophile, le vieil évêque, pensant partir à la défense de l’orthodoxie, se rendit à Constantinople, après avoir condamné l’origénisme dans un synode des évêques de Chypre. Accueilli avec révérence par saint Chrysostome, Épiphane refusa ces marques d’honneur ; il alla demeurer dans une maison privée et procéda à l’ordination d’un diacre dans un monastère. Saint Chrysostome lui fit savoir qu’il était très affligé d’apprendre que son frère dans l’épiscopat avait agi ainsi contre les saints Canons et agitait sans raison le peuple contre son pasteur. Saint Épiphane décida alors de prendre le chemin du retour, afin de ne pas être davantage cause de discorde, et il quitta la capitale peu avant le sinistre Synode du Chêne qui déposa de manière inique saint Jean Chrysostome (403). Il remit son âme à Dieu pendant la traversée (12 mai 403), après avoir exhorté ses disciples à préserver la pureté de la foi, et à se garder de l’attrait des richesses et de la calomnie. À l’arrivée du navire à Salamine, une foule immense, tenant des cierges en main, accueillit son pasteur et l’accompagna avec larmes jusqu’à l’église, où pendant sept jours une grande partie de la population de Chypre vint le vénérer.
Le culte de saint Épiphane se répandit rapidement et son tombeau reste un des lieux de pèlerinage les plus vénérés de l’île, dont il est le saint patron, avec saint Barnabé.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du dimanche du 3ème ton
Que les cieux soient dans l’allégresse, que la terre se réjouisse, car le Seigneur a déployé la force de Son bras. Par Sa mort, Il a vaincu la mort ! Devenu le Premier-né d’entre les morts, du sein de l’enfer, Il nous a rachetés, accordant au monde la grande miséricorde.
Tropaire des saints Épiphane et Germain, ton 4
Dieu de nos Pères, * dont la clémence agit toujours envers nous, * n’éloigne pas de nous ta miséricorde, * mais par leurs supplications * gouverne notre vie dans la paix.
Kоndakion des saints Épiphane et Germain, ton 4
Ces deux pontifes si dignes d’admiration, * fidèles, acclamons-les comme il se doit, * car Épiphane et Germain * ont fait brûler la langue des impies * en exposant la doctrine sacrée * pour tous les orthodoxes chantant * à jamais le grand mystère de la foi.
Kondakion du paralytique, ton 3
Par Ta divine sollicitude, Seigneur, relève mon âme cruellement paralysée par toutes sortes de péchés et d’actions insensées, de même que jadis Tu as relevé le paralytique, afin que sauvé, je Te clame : ô Christ miséricordieux, gloire à Ta Puissance.
ÉPITRE DU JOUR
Actes X, 1-16
Il y avait à Césarée un homme nommé Corneille, centenier dans la cohorte dite italienne. Cet homme était pieux et craignait Dieu, avec toute sa maison ; il faisait beaucoup d’aumônes au peuple, et priait Dieu continuellement. Vers la neuvième heure du jour, il vit clairement dans une vision un ange de Dieu qui entra chez lui, et qui lui dit : Corneille ! Les regards fixés sur lui, et saisi d’effroi, il répondit : Qu’est-ce, Seigneur ? Et l’ange lui dit : Tes prières et tes aumônes sont montées devant Dieu, et il s’en est souvenu. Envoie maintenant des hommes à Joppé, et fais venir Simon, surnommé Pierre ; il est logé chez un certain Simon, corroyeur, dont la maison est près de la mer. Dès que l’ange qui lui avait parlé fut parti, Corneille appela deux de ses serviteurs, et un soldat pieux d’entre ceux qui étaient attachés à sa personne ; et, après leur avoir tout raconté, il les envoya à Joppé. Le lendemain, comme ils étaient en route, et qu’ils approchaient de la ville, Pierre monta sur le toit, vers la sixième heure, pour prier. Il eut faim, et il voulut manger. Pendant qu’on lui préparait à manger, il tomba en extase. Il vit le ciel ouvert, et un objet semblable à une grande nappe attachée par les quatre coins, qui descendait et s’abaissait vers la terre, et où se trouvaient tous les quadrupèdes et les reptiles de la terre et les oiseaux du ciel. Et une voix lui dit : Lève-toi, Pierre, tue et mange. Mais Pierre dit : Non, Seigneur, car je n’ai jamais rien mangé de souillé ni d’impur. Et pour la seconde fois la voix se fit encore entendre à lui : Ce que Dieu a déclaré pur, ne le regarde pas comme souillé. Cela arriva jusqu’à trois fois ; et aussitôt après, l’objet fut retiré dans le ciel.
ÉVANGILE DU JOUR
Jn VI, 56-69
Le Seigneur dit : celui qui mange ma chair et qui boit mon sang demeure en moi, et je demeure en lui. Comme le Père qui est vivant m’a envoyé, et que je vis par le Père, ainsi celui qui me mange vivra par moi. C’est ici le pain qui est descendu du ciel. Il n’en est pas comme de vos pères qui ont mangé la manne et qui sont morts: celui qui mange ce pain vivra éternellement. Jésus dit ces choses dans la synagogue, enseignant à Capernaüm. Plusieurs de ses disciples, après l’avoir entendu, dirent: Cette parole est dure; qui peut l’écouter? Jésus, sachant en lui-même que ses disciples murmuraient à ce sujet, leur dit: Cela vous scandalise-t-il? Et si vous voyez le Fils de l’homme monter où il était auparavant?… C’est l’esprit qui vivifie; la chair ne sert de rien. Les paroles que je vous ai dites sont esprit et vie. Mais il en est parmi vous quelques-uns qui ne croient point. Car Jésus savait dès le commencement qui étaient ceux qui ne croyaient point, et qui était celui qui le livrerait. Et il ajouta: C’est pourquoi je vous ai dit que nul ne peut venir à moi, si cela ne lui a été donné par le Père. Dès ce moment, plusieurs de ses disciples se retirèrent, et ils n’allaient plus avec lui. Jésus donc dit aux douze: Et vous, ne voulez-vous pas aussi vous en aller? Simon Pierre lui répondit : Seigneur, à qui irions-nous? Tu as les paroles de la vie éternelle. Et nous avons cru et nous avons connu que tu es le Christ, le Saint de Dieu.