Carême des saints Apôtres
Saint Jude, frère du Seigneur, apôtre (vers 80) ; saint Zosime, martyr en Pisidie (IIème s.) ; saint Païssios le Grand, moine en Égypte (Vème s.) ; saint Innocent, évêque du Mans (543) ; saint Déodat (ou Dié, ou Didier), évêque de Nevers puis ermite dans les Vosges (679) ; saint Barlaam de Vaga (1462) ; saint Job, patriarche de Moscou (1607) ; Saint Jean de Changhaï (1966).
SAINT APÔTRE JUDE
Le saint Apôtre Jude était frère de Jacques, José et Simon, fils du premier mariage de Joseph (Mt 13, 55) ; il était par conséquent appelé « frère » de notre Seigneur. Compté au nombre des Douze Apôtres, il suivit le Christ pendant sa prédication, en Galilée et en Judée, et lors de la dernière Cène, il demanda au Seigneur : « Comment se fait-il Seigneur que Tu doives te manifester à nous et non pas au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera et nous viendrons vers lui et nous ferons notre demeure en lui » (Jn 14, 22). Après la Pentecôte, ayant reçu le Saint-Esprit et animé de zèle divin, Jude prêcha l’Évangile jusqu’en Mésopotamie. Il illuminait les âmes par sa parole et guérissait les corps par sa prière, pour attester que la puissance de Dieu était vraiment avec lui. Il poursuivit ses périples jusqu’en Arménie et, parvenu au mont Ararat, il fut pendu par les païens qui le percèrent de flèches, lui procurant ainsi la couronne de gloire du martyre. Dans son Épître, qui fut très tôt rangée parmi les Écritures canoniques, le saint Apôtre Jude stigmatise les faux docteurs et les hérétiques qui s’introduisaient dans les réunions des chrétiens pour y répandre leurs erreurs. Leur conduite débauchée était la meilleure preuve de la fausseté de leur enseignement, et l’Apôtre, annonçant qu’ils seront châtiés par Dieu, recommande aux fidèles de leur résister en se fondant sur la vraie foi transmise une fois pour toute par les Apôtres. Ainsi édifiés, priant dans le Saint-Esprit et gardant la charité, les chrétiens pourront, dans l’Église, recevoir la grâce de notre Seigneur Jésus-Christ pour la vie éternelle. La femme de saint Jude, Marie, lui donna une descendance, assurant ainsi la continuité de la lignée du Seigneur. On rapporte que l’empereur Domitien (96), voulant exterminer tous les descendants de David, afin que les Juifs n’eussent plus d’espérance en leur Messie, fit arrêter les deux petits-fils de Jude, sur la dénonciation des hérétiques. À la question de l’empereur sur leurs biens, ils répondirent qu’ils se partageaient une modeste terre, qu’ils cultivaient eux-mêmes et, pour attester leurs dires, ils montrèrent leurs mains calleuses et couvertes de durillons. Le souverain les interrogea ensuite sur le Christ et son royaume. Ils répliquèrent que ce Royaume n’est pas de ce monde, mais qu’il est céleste et qu’à la fin des siècles, le Christ reviendra en gloire pour en prendre possession et pour juger les vivants et les morts. Rassuré, Domitien les renvoya libres et fit cesser la persécution. Ces deux saints, honorés par la communauté chrétienne comme martyrs et parents du Seigneur, jouirent d’une grande autorité dans les premiers temps de l’Église, sans toutefois porter préjudice au pouvoir des évêques installés par les Apôtres ; ils vécurent jusque sous Trajan.
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire du saint apôtre ton 1
Te sachant de la famille du Christ, saint Jude, et son ferme Témoin, saintement nous te célébrons, toi qui as détruit l’erreur et gardé sans faille la foi; et nous trouvons par tes prières le pardon de nos péchés en ce jour où nous fêtons ta mémoire sacrée.
Tropaire de saint Païssios le Grand, ton 4
L’apogée des moines, l’ange dans la chair, l’homme incorporel, ayant sa demeure dans les cieux, le divin Païssios, au jour de sa mémoire sacrée, célèbre cette fête avec nous, procurant divine grâce aux affligés; c’est pourquoi nous le glorifions de tout cœur.
Tropaire de saints Jean de Changhaï, ton 5
Ton soin pour ton troupeau en exil préfigura les prières que tu élèves pour le monde entier ; c’est ce que nous croyons en ayant connu ton amour, ô Jean saint hiérarque et thaumaturge. Tout sanctifié par Dieu, grâce à la célébration des très-purs Mystères par lesquels tu fus toujours affermi, tu t’es hâté vers ceux qui souffraient, ô guérisseur très-consolant. Hâte-toi aussi maintenant pour nous aider, nous qui te vénérons de tout notre cœur.
Kondakion du saint apôtre, ton 4
D’une illustre racine tu as surgi pour nous comme rameau par Dieu donné, Apôtre frère de Dieu, toi qui as vu le Seigneur de tes yeux et qui prêchas le Christ très sagement, nourrissant des fruits de ta parole le monde entier et enseignant, comme initié de la grâce, la véritable foi du Seigneur.
Kondakion de saint Païssios le Grand, ton 8
Comme parure du désert et son divin protecteur, comme cime des moines et modèle de sainteté nous te disons bienheureux, toi le serviteur de Dieu: dès l’enfance tout entier tu lui fus consacré et tu as vécu en conformité avec ta vocation; c’est pourquoi nous te chantons: réjouis-toi, vénérable Païssios.
Kondakion de saint Jean de Changhaï, ton 4
Toi qui suivis le Christ, le Chef des pasteurs, tu t’avéras très-excellent parmi les hiérarques, sauvant tes ouailles de la perdition athée, et leur préparant un havre serein ; ayant le souci constant de tes ouailles, tu soignas leurs maladies de l’âme et du corps, et pour nous qui maintenant accourons à tes vénérables reliques, ô père Jean, prie le Christ Dieu, afin que nous sauvions nos âmes dans la paix.
ÉPÎTRE DU JOUR
Rom. XI, 2-12
Dieu n’a point rejeté son peuple, qu’il a connu d’avance. Ne savez-vous pas ce que l’Écriture rapporte d’Élie, comment il adresse à Dieu cette plainte contre Israël : Seigneur, ils ont tué tes prophètes, ils ont renversé tes autels ; je suis resté moi seul, et ils cherchent à m’ôter la vie ?
Mais quelle réponse Dieu lui fait-il ? Je me suis réservé sept mille hommes, qui n’ont point fléchi le genou devant Baal. De même aussi dans le temps présent il y un reste, selon l’élection de la grâce. Or, si c’est par grâce, ce n’est plus par les œuvres ; autrement la grâce n’est plus une grâce. Et si c’est par les œuvres, ce n’est plus une grâce ; autrement l’œuvre n’est plus une œuvre. Quoi donc ? Ce qu’Israël cherche, il ne l’a pas obtenu, mais l’élection l’a obtenu, tandis que les autres ont été endurcis, selon qu’il est écrit : Dieu leur a donné un esprit d’assoupissement, Des yeux pour ne point voir, Et des oreilles pour ne point entendre, Jusqu’à ce jour. Et David dit : Que leur table soit pour eux un piège, Un filet, une occasion de chute, et une rétribution ! Que leurs yeux soient obscurcis pour ne point voir, Et tiens leur dos continuellement courbé ! Je dis donc : Est-ce pour tomber qu’ils ont bronché ? Loin de là ! Mais, par leur chute, le salut est devenu accessible aux païens, afin qu’ils fussent excités à la jalousie. Or, si leur chute a été la richesse du monde, et leur amoindrissement la richesse des païens, combien plus en sera-t-il ainsi quand ils se convertiront tous.
Jude 1-10 (apôtre)
Jude, serviteur de Jésus Christ, et frère de Jacques, à ceux qui ont été appelés, qui sont aimés en Dieu le Père, et gardés pour Jésus Christ : que la miséricorde, la paix et la charité vous soient multipliées ! Bien aimés, comme je désirais vivement vous écrire au sujet de notre salut commun, je me suis senti obligé de le faire afin de vous exhorter à combattre pour la foi qui a été transmise aux saints une fois pour toutes. Car il s’est glissé parmi vous certains hommes, dont la condamnation est écrite depuis longtemps, des impies, qui changent la grâce de notre Dieu en dissolution, et qui renient notre seul maître et Seigneur Jésus Christ. Je veux vous rappeler, à vous qui savez fort bien toutes ces choses, que le Seigneur, après avoir sauvé le peuple et l’avoir tiré du pays d’Égypte, fit ensuite périr les incrédules ; qu’il a réservé pour le jugement du grand jour, enchaînés éternellement par les ténèbres, les anges qui n’ont pas gardé leur dignité, mais qui ont abandonné leur propre demeure ; que Sodome et Gomorrhe et les villes voisines, qui se livrèrent comme eux à l’impudicité et à des vices contre nature, sont données en exemple, subissant la peine d’un feu éternel. Malgré cela, ces hommes aussi, entraînés par leurs rêveries, souillent pareillement leur chair, méprisent l’autorité et injurient les gloires. Or, l’archange Michel, lorsqu’il contestait avec le diable et lui disputait le corps de Moïse, n’osa pas porter contre lui un jugement injurieux, mais il dit : Que le Seigneur te réprime ! Eux, au contraire, ils parlent d’une manière injurieuse de ce qu’ils ignorent, et ils se corrompent dans ce qu’ils savent naturellement comme les brutes.
ÉVANGILE DU JOUR
Matth. XI, 20-26
Alors le Seigneur se mit à faire des reproches aux villes dans lesquelles avaient eu lieu la plupart de ses miracles, parce qu’elles ne s’étaient pas repenties. Malheur à toi, Chorazin ! Malheur à toi, Bethsaïda! Car, si les miracles qui ont été faits au milieu de vous avaient été faits dans Tyr et dans Sidon, il y a longtemps qu’elles se seraient repenties, en prenant le sac et la cendre. C’est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, Tyr et Sidon seront traitées moins rigoureusement que vous. Et toi, Capernaüm, seras-tu élevée jusqu’au ciel ? Non. Tu seras abaissée jusqu’au séjour des morts; car, si les miracles qui ont été faits au milieu de toi avaient été faits dans Sodome, elle subsisterait encore aujourd’hui. C’est pourquoi je vous le dis: au jour du jugement, le pays de Sodome sera traité moins rigoureusement que toi. En ce temps-là, Jésus prit la parole, et dit: Je te loue, Père, Seigneur du ciel et de la terre, de ce que tu as caché ces choses aux sages et aux intelligents, et de ce que tu les as révélées aux enfants. Oui, Père, je te loue de ce que tu l’as voulu ainsi.
Jn XIV,21-24 (apôtre)
En ce temps-là, Jésus déclara : « Celui qui a mes commandements et qui les garde, c’est celui qui m’aime ; et celui qui m’aime sera aimé de mon Père, je l’aimerai, et je me ferai connaître à lui. » Jude, non pas l’Iscariote, lui dit : « Seigneur, d’où vient que tu te feras connaître à nous, et non au monde ? » Jésus lui répondit : « Si quelqu’un m’aime, il gardera ma parole, et mon Père l’aimera ; nous viendrons à lui, et nous ferons notre demeure chez lui. Celui qui ne m’aime pas ne garde point mes paroles. Et la parole que vous entendez n’est pas de moi, mais du Père qui m’a envoyé. »