Première et deuxième invention du chef du saint prophète, précurseur et baptiste Jean ; saint Erasme des Grottes de Kiev (1160) ; saint Prétextât, évêque de Rouen, martyr (586)
Invention du chef du saint prophète, précurseur et baptiste Jean
Le banquet d’Hérode ayant été arrosé par le sang du plus grand des prophètes et Précurseur du Christ, les disciples de Jean allèrent ensevelir son corps (Mt 14, 11), tandis que la perfide Hérodiade, s’étant saisie de la tête sanglante qu’on lui avait présentée sur un plateau, la faisait enterrer profondément dans un lieu indigne, proche du palais d’Hérode à Machéronte.
Bien longtemps après, deux moines venus d’Orient arrivèrent en Palestine pour vénérer les Lieux saints. Le saint Précurseur leur apparut de nuit, à l’un et à l’autre séparément, et leur dit : « Rendez-vous au palais d’Hérode, vous y trouverez là ma tête qui gît sous terre. » Guidés par la grâce divine, ils n’eurent pas de peine à découvrir l’endroit où était enfouie la précieuse relique, et, rendant grâce à Dieu, ils la mirent dans un sac et prirent le chemin du retour.
Sur la route, ils rencontrèrent un potier, originaire d’Émèse, qui, réduit à la misère, avait quitté sa patrie en quête d’un sort meilleur. À la suite d’une nouvelle révélation nocturne du Précurseur, il s’empara de la sainte relique et rentra à Émèse, où il connut dès lors une grande prospérité. Lorsqu’il fut sur le point de quitter cette vie, il mit ce trésor inestimable dans un coffre et le légua à sa sœur, en lui recommandant de ne pas l’ouvrir sans en avoir reçu l’ordre de celui qui s’y cachait, et de le transmettre à son tour, lorsque le temps viendrait, à un homme pieux et ami de Dieu. Le chef du Précurseur passa ainsi de l’un à l’autre et parvint finalement à un moine et prêtre, du nom d’Eustathe, qui pratiquait l’ascèse dans une grotte non loin de la ville d’Émèse, mais qui professait en secret l’hérésie d’Arius. Emporté par l’orgueil, celui-ci s’attribuait à lui-même les guérisons qui s’accomplissaient en abondance auprès de ce précieux trésor, et tirait un honteux profit de la grâce divine. Son hérésie et ses méfaits ayant été bientôt dévoilés, il fut chassé par les orthodoxes, et la vénérable tête du Précurseur resta cachée dans la grotte jusqu’au temps où le pieux Marcel, homme cher à Dieu et ami de la vertu, fut désigné comme supérieur du monastère qui avait été fondé près de la grotte, sous le règne de l’empereur Marcien (450-457) et l’épiscopat de l’illustre Ouranios, évêque d’Émèse.
Le saint Précurseur apparut alors à plusieurs reprises à Marcel et lui témoigna sa faveur en l’embrassant affectueusement et en lui donnant un vase plein de miel. Puis, guidé, sur son ordre, par un astre qui s’arrêta au-dessus d’une niche de la grotte, Marcel se mit à creuser, après avoir encensé l’endroit. Il découvrit alors, sous une plaque de marbre, la sainte relique cachée dans une amphore, et il la vénéra avec des larmes de joie. Cette insigne relique, conservée dans un reliquaire de verre, fut déposée par la suite (761) dans l’église principale d’Émèse et devint pour la cité une source de bénédictions et de bienfaits de toutes sortes, jusqu’au temps de son transfert à Comanes en Cappadoce, sous la menace de l’invasion arabe (810-820).
(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR
Tropaire de saint Jean Baptiste, ton 4
S’étant levé de terre, le chef du Précurseur * irradie comme un soleil sur les croyants * la lumière de l’incorruptible condition * et les grâces des guérisons; * il rassemble la multitude des Anges dans le ciel * et sur terre convoque le genre humain * pour rendre gloire, d’un même chœur, au Christ notre Dieu.
Kondakion de saint Jean Baptiste, ton 2
Prophète de Dieu et Précurseur de la grâce, * nous qui sur terre avons cueilli ta tête comme rose sacrée, * par elle nous recevons en tout temps les guérisons, * car tu continues de prêcher au monde, comme jadis, la conversion.
ÉPÎTRE DU JOUR
II Tim. 2, 11-19
Cette parole est certaine : Si nous sommes morts avec lui, nous vivrons aussi avec lui ; si nous persévérons, nous régnerons aussi avec lui ; si nous le renions, lui aussi nous reniera ; si nous sommes infidèles, il demeure fidèle, car il ne peut se renier lui-même. Rappelle ces choses, en conjurant devant Dieu qu’on évite les disputes de mots, qui ne servent qu’à la ruine de ceux qui écoutent. Efforce-toi de te présenter devant Dieu comme un homme éprouvé, un ouvrier qui n’a point à rougir, qui dispense droitement la parole de la vérité. Évite les discours vains et profanes ; car ceux qui les tiennent avanceront toujours plus dans l’impiété, et leur parole rongera comme la gangrène. De ce nombre sont Hyménée et Philète, qui se sont détournés de la vérité, disant que la résurrection est déjà arrivée, et qui renversent le foi de quelques uns. Néanmoins, le solide fondement de Dieu reste debout, avec ces paroles qui lui servent de sceau : Le Seigneur connaît ceux qui lui appartiennent ; et : Quiconque prononce le nom du Seigneur, qu’il s’éloigne de l’iniquité.
2 Cor. IV, 6-15 (S. Jean Baptiste)
Dieu, qui a dit : « La lumière brillera du sein des ténèbres ! » a fait briller la lumière dans nos cœurs pour faire resplendir la connaissance de la gloire de Dieu sur la face de Christ. Nous portons ce trésor dans des vases de terre, afin que cette grande puissance soit attribuée à Dieu, et non pas à nous. Nous sommes pressés de toute manière, mais non réduits à l’extrémité ; dans la détresse, mais non dans le désespoir ; persécutés, mais non abandonnés ; abattus, mais non perdus ; portant toujours avec nous dans notre corps la mort de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre corps. Car nous qui vivons, nous sommes sans cesse livrés à la mort à cause de Jésus, afin que la vie de Jésus soit aussi manifestée dans notre chair mortelle. Ainsi la mort agit en nous, et la vie agit en vous. Et, comme nous avons le même esprit de foi qui est exprimé dans cette parole de l’Écriture : J’ai cru, c’est pourquoi j’ai parlé ! Nous aussi nous croyons, et c’est pour cela que nous parlons, sachant que celui qui a ressuscité le Seigneur Jésus nous ressuscitera aussi avec Jésus, et nous fera paraître avec vous en sa présence. Car tout cela arrive à cause de vous, afin que la grâce en se multipliant, fasse abonder, à la gloire de Dieu, les actions de grâces d’un plus grand nombre.
ÉVANGILE DU JOUR
Lc XVIII, 2-8
Jésus leur adressa une parabole, pour montrer qu’il faut toujours prier, et ne point se relâcher. Il dit: Il y avait dans une ville un juge qui ne craignait point Dieu et qui n’avait d’égard pour personne. Il y avait aussi dans cette ville une veuve qui venait lui dire : Fais-moi justice de ma partie adverse. Pendant longtemps il refusa. Mais ensuite il dit en lui-même : Quoique je ne craigne point Dieu et que je n’aie d’égard pour personne, néanmoins, parce que cette veuve m’importune, je lui ferai justice, afin qu’elle ne vienne pas sans cesse me rompre la tête. Le Seigneur ajouta : Entendez ce que dit le juge inique. Et Dieu ne fera-t-il pas justice à ses élus, qui crient à lui jour et nuit, et tardera-t-il à leur égard ? Je vous le dis, il leur fera promptement justice. Mais, quand le Fils de l’homme viendra, trouvera-t-il la foi sur la terre ?
Matth. XI, 2-15 (S. Jean Baptiste)
Jean, ayant entendu parler dans sa prison des œuvres du Christ, lui fit dire par ses disciples: Es-tu celui qui doit venir, ou devons-nous en attendre un autre? Jésus leur répondit: Allez rapporter à Jean ce que vous entendez et ce que vous voyez: les aveugles voient, les boiteux marchent, les lépreux sont purifiés, les sourds entendent, les morts ressuscitent, et la bonne nouvelle est annoncée aux pauvres. Heureux celui pour qui je ne serai pas une occasion de chute! Comme ils s’en allaient, Jésus se mit à dire à la foule, au sujet de Jean: Qu’êtes-vous allés voir au désert? Un roseau agité par le vent? Mais, qu’êtes-vous allés voir? Un homme vêtu d’habits précieux? Voici, ceux qui portent des habits précieux sont dans les maisons des rois. Qu’êtes-vous donc allés voir? un prophète? Oui, vous dis-je, et plus qu’un prophète. Car c’est celui dont il est écrit: Voici, j’envoie mon messager devant ta face, Pour préparer ton chemin devant toi. Je vous le dis en vérité, parmi ceux qui sont nés de femmes, il n’en a point paru de plus grand que Jean Baptiste. Cependant, le plus petit dans le royaume des cieux est plus grand que lui. Depuis le temps de Jean Baptiste jusqu’à présent, le royaume des cieux est forcé, et ce sont les violents qui s’en s’emparent. Car tous les prophètes et la loi ont prophétisé jusqu’à Jean; et, si vous voulez le comprendre, c’est lui qui est l’Élie qui devait venir. Que celui qui a des oreilles pour entendre entende.