De l’altération de la doctrine orthodoxe de l’Église dans les actes de la hiérarchie du Patriarcat de Constantinople et les discours de ses représentants (3/3)

Lors de la Conférence des évêques de l’Église orthodoxe russe qui s’est tenue le 19 juillet 2023 à la Laure de la Sainte-Trinité-Serge, le métropolite Hilarion de Hongrie et de Budapest a présenté le document intitulé « De l’altération de l’enseignement orthodoxe sur l’Église dans les actes de la hiérarchie du Patriarcat de Constantinople et les interventions de ses représentants ». Le document, rédigé par la Commission synodale de théologie biblique du Patriarcat de Moscou, a été approuvé par les participants à la conférence qui l’ont soumis à l’approbation du Saint-Synode.

Nous publions la troisième et la dernière parie de la traduction française de ce long document qui a pour but d’exprimer la critique de l’Église orthodoxe russe à l’égard de l’ecclésiologie du Patriarcat de Constantinople. L’introduction est disponible ICI, la première partie là et la deuxième partie ICI !

7. Révision unilatérale par le Patriarcat de Constantinople des actes ayant une signification juridiquement constitutive

Manifestant des prétentions quant à des pouvoirs particuliers dont il disposerait, le Patriarcat de Constantinople n’hésite pas à réviser unilatéralement des actes historiques ayant une signification juridiquement constitutive à l’égard des Églises orthodoxes locales et de leurs limites canoniques. Une telle approche entre en contradiction avec la Tradition canonique de l’Église, en transgressant, notamment, le 119e[1] (133e) canon du Concile de Carthage et le 17e canon du IVe Concile œcuménique[2]. Les canons mentionnés ne donnent pas la possibilité de réviser les limites ecclésiastiques [territoriales, ndt] établies, non contestées précédemment au cours d’une longue période. Un exemple des actions du Patriarcat de Constantinople transgressant les canons ecclésiastiques mentionnés est constitué par « la réactivation » du Tomos du Patriarche de Constantinople Mélétios IV du 7 juillet 1923[3], qui à l’insu du Patriarche de toute la Russie Tikhon et sans son accord, avait reçu l’Église orthodoxe autonome d’Estonie dans la juridiction du Patriarcat de Constantinople, alors qu’elle faisait partie du Patriarcat de Moscou. Après le rétablissement, en 1944, de la juridiction légitime du Patriarcat de Moscou, le Tomos de 1923 fut oublié. Le 3 avril 1978, par l’acte du Patriarche de Constantinople Dimitri et du Synode du Patriarcat de Constantinople, le Tomos a été déclaré « inactif » et l’activité de Constantinople en Estonie « terminée »[4].

Néanmoins, le 20 février 1996, le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople, sous la présidence du patriarche Bartholomée, a donné à cette décision une nouvelle interprétation, déclarant que, soi-disant, en 1978 « l’Église mère […] a déclaré le Tomos de 1923 inactif, c’est-à-dire ne pouvant opérer sur le territoire de l’Estonie à ce moment-là, alors qu’il faisait partie de l’Union soviétique, mais elle ne l’a pas aboli, invalidé, ni abrogé ». Maintenant, le patriarche Bartholomée et son Synode déclarent « la réactivation du Tomos patriarcal et synodal de 1923 »[5].

L’expansion anti-canonique du Patriarcat de Constantinople sur le territoire de l’Estonie a mené, en 1996, à la suspension temporaire de la communion eucharistique de l’Église orthodoxe russe avec le Patriarcat de Constantinople. La communion a repris par les décisions communes des Saint-Synodes des deux Églises du 16 mai 1996, selon les conditions des accords de Zurich qui n’ont jamais été respectés en intégralité par la partie constantinopolitaine.

En 2018 Le Patriarcat de Constantinople a abrogé unilatéralement l’acte de 1686 signé par Sa Sainteté le patriarche Denys IV de Constantinople et le Saint-Synode de l’Église de Constantinople, confirmant l’existence de la métropole de Kiev au sein du Patriarcat de Moscou. Comme cela a été mentionné dans la déclaration du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe du 15 octobre 2018, l’Acte de 1686 n’est pas susceptible de révision, sinon « Il serait possible de révoquer tout document définissant le territoire canonique et le statut d’une Église locale – indépendamment de son ancienneté, de son autorité et de sa reconnaissance par toute l’Église ».

La charte synodale de 1686 et d’autres documents se rapportant à cette question ne disent rien sur le caractère temporaire du transfert de la métropole de Kiev à la juridiction du Patriarcat de Moscou, et n’établissent pas, en outre, la possibilité d’abroger cet acte.

L’absence de fondement de l’abrogation de l’acte de 1686 est soulignée par le fait qu’au niveau panorthodoxe, pendant plus de trois siècles, personne n’a jamais mis en doute l’appartenance des chrétiens orthodoxes d’Ukraine au troupeau de l’Église russe, et non à l’Église de Constantinople[6]. En outre, le Patriarcat de Constantinople passe sous silence le fait que la métropole de Kiev de 1686, dont Constantinople déclare maintenant le retour, ne couvrait qu’une petite partie seulement du territoire de l’Église orthodoxe ukrainienne contemporaine, qui a été formée par la suite dans le cadre de l’Église russe autocéphale.

Le 8e canon du IIIe Concile œcuménique[7] interdit aux évêques d’étendre leur pouvoir sur les territoires ecclésiastiques d’autrui. En instituant sa « stavropégie » à Kiev sans le consentement de la hiérarchie canonique de l’Église orthodoxe ukrainienne, le Patriarcat de Constantinople a fait irruption dans les limites appartenant à une autre Église, ce qui tombe sous la condamnation du canon mentionné.

Le Patriarcat de Constantinople a transformé la menace d’abrogation de ses décisions précédentes en procédé pour exercer une pression sur les Églises orthodoxes locales. Par exemple, le patriarche Bartholomée de Constantinople dans une lettre datée du 4 févier 2012 à l’ancien primat des orthodoxes Église des Terres tchèques et Slovaquie, le métropolite Christophore, menaçait d’abolir l’autocéphalie de cette Église[8].

Il convient de souligner que les tentatives du patriarche Bartholomée de Constantinople d’imposer au monde orthodoxe le soi-disant droit du siège de Constantinople d’abroger unilatéralement à sa guise des décisions conciliaires ou synodales de toute ancienneté ne correspondent pas à l’ordre canonique de l’Église et précipitent les relations inter-ecclésiales dans un état d’anarchie chaotique.

8. Revendications du Patriarcat de Constantinople au droit exclusif de juridiction ecclésiastique dans la diaspora

Les revendications du Patriarcat de Constantinople au droit exclusif de juridiction ecclésiastique dans tous les pays de la diaspora orthodoxe a pris forme dans les années vingt du XXe siècle. Précédemment, l’Église de Constantinople soutenait des points de vue différents sur cette question. En particulier, elle reconnaissait : 1) la juridiction de l’Église orthodoxe russe sur l’Amérique; 2) la charge pastorale de la diaspora orthodoxe en Australie et en Nouvelle-Zélande par le Patriarcat de Jérusalem ; 3) l’administration canonique de la diaspora orthodoxe russe en Europe occidentale par le métropolite de Saint-Pétersbourg ; 4) Le droit de l’Église de Grèce à l’administration des paroisses grecques de la diaspora, confirmé par le Tomos patriarcal et synodal du 18 mars 1908, signé par le Patriarche Joachim III de Constantinople et les membres du Saint-Synode de l’Église constantinopolitaine.

L’auteur de la nouvelle théorie sur la subordination absolue et obligatoire de toute la diaspora orthodoxe au Trône de Constantinople fut le patriarche Meletios IV (Metaxakis) qui occupa le siège de Constantinople dans les années 1921-1923. La théorie était basée sur le concept de la transformation du Patriarcat de Constantinople en une Église mondiale, organisée sur le principe d’une juridiction extraterritoriale, une sorte de « Vatican orthodoxe »[9]. Par la décision synodale du 1er mars 1922, les dispositions du Tomos de 1908 furent abrogées. En outre, si le premier document concernait exclusivement les paroisses grecques de la diaspora, la nouvelle décision, par contre, annonçait le droit de Constantinople à la « supervision et l’administration directes de toutes les paroisses orthodoxes sans exception se trouvant en dehors des limites des Églises orthodoxes locales, en Europe, en Amérique et autres lieux »[10].

Selon la nouvelle théorie, les structures du Patriarcat de Constantinople ont été établies en 1922 en Europe occidentale, en Amérique du Nord et du Sud, et en 1924 en Australie et en Océanie, et également en Europe centrale. La création des structures du Patriarcat de Constantinople dans d’autres régions de la diaspora s’est poursuivie au cours des années suivantes. Ce faisant, Constantinople, là où cela était possible, faisait obstacle à la création ou au rétablissement dans la diaspora des juridictions d’autres Églises locales[11].

Les revendications de Constantinople sur l’ensemble de la diaspora reposent principalement sur une compréhension du 28e canon du IVe Concile œcuménique qui n’est pas partagée par le plérôme de l’Église orthodoxe. Ce canon dispose : « C’est pourquoi, les métropolites du Pont, de l’Asie et de la Thrace, et eux seuls, ainsi que les évêques des parties de ces diocèses situées dans les régions barbares, seront ordonnés par le très saint siège de l’Église de Constantinople ». Cette règle s’applique à des régions concrètes de l’Empire romain, où la propagation du christianisme était liée aux efforts missionnaires de l’Église de Constantinople.

Dans l’Église de Constantinople actuelle, les revendications – se référant au canon susmentionné – sont avancées sur toute la diaspora orthodoxe en général, y compris l’Amérique du Nord et du Sud, l’Amérique occidentale, l’Europe, l’Asie, l’Australie et l’Océanie. Dans ces régions ne peut exister que la juridiction de l’Église de Constantinople seulement, et les autres Églises locales y sont présentes illégalement. Qui plus est, si, par exemple, un évêque ou un clerc d’une quelconque Église locale accomplissant son ministère dans la diaspora souhaite passer au Patriarcat de Constantinople, alors il n’a soi-disant pas besoin d’une lettre de congé canonique, parce qu’en fait et avant son passage, il était déjà évêque ou clerc de Constantinople, sans en être conscient[12].

Les revendications du Patriarcat de Constantinople couvrent également les pays où il n’y a pas et n’a jamais existé de structures de ce Patriarcat et où les missionnaires de l’Église de Constantinople n’ont jamais prêché, par exemple, le Japon et la Chine.

La formation de l’Orthodoxie au Japon, comme on le sait, est liée exclusivement à l’exploit du saint isapostole Nicolas du Japon et d’autres missionnaires éminents de l’Église orthodoxe russe. En 1970, l’Église orthodoxe du Japon a reçu l’autonomie du Patriarcat de Moscou. Or Constantinople non seulement n’a pas reconnu cet acte, mais a également déclaré ses droits sur ce territoire. À ce propos, en 1971, le locum tenens du trône patriarcal, le métropolite Pimène (plus tard patriarche de Moscou et toute la Russie) dans une lettre au patriarche Athénagoras a mentionné « la contradiction fondamentale de l’acte en question du Saint-Synode du Patriarcat œcuménique avec le droit canonique orthodoxe et la pratique des Églises orthodoxes locales »[13]. Malgré cela, en 2004, le Patriarcat de Constantinople a attribué à son métropolite de Corée le titre d’« Exarque du Japon », malgré l’absence totale de son propre troupeau dans ce pays.

À la théorie du droit exclusif du Patriarcat de Constantinople de prendre la charge pastorale de la diaspora orthodoxe, est liée la décision du Synode de l’Église de Constantinople concernant l’inclusion de la République populaire de Chine dans les limites de la métropole de Hong Kong (en 1996 lors de sa création, tout comme en 2008, lors du détachement de la métropole de Singapour de celle-ci), malgré l’existence sur le territoire de la Chine de l’Église orthodoxe autonome dans la juridiction du Patriarcat de Moscou. Le Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe a déclaré le 15 avril 2008: « Les liens spirituels séculaires de l’Église orthodoxe russe avec la Chine où, par ses labeurs, ont été construites des dizaines d’églises orthodoxes, ont été traduits en chinois des livres saints et liturgiques, ont été élevés dans la piété orthodoxe des fidèles, qui sont devenus des témoins de notre Seigneur Jésus-Christ jusqu’à la mort, contraignent maintenant le Saint-Synode [de l’Église orthodoxe russe, ndt] à défendre les droits du troupeau aimé de Dieu de l’Église orthodoxe chinoise, affaibli par les lourdes épreuves qu’il a endurées, et à déclarer l’injustice et l’illégalité canonique de la décision du siège de Constantinople, qui inflige des dommages à la  paix et la stabilité des saintes Églises de Dieu »[14].

Il est absolument impossible d’approuver les revendications du Patriarcat de Constantinople au droit exclusif d’assumer la charge pastorale des fidèles orthodoxes de la diaspora. Aucune Église n’a de droits juridictionnels particuliers, exclusifs et globaux sur toute la diaspora orthodoxe. Au contraire, chaque Église locale porte la responsabilité pastorale de ses enfants dans la diaspora, s’ils résident en dehors des limites canoniques d’autres Églises locales. Conformément au 99e (112e) canon du Concile de Carthage, « les évêques […] qui auront fait revenir à l’unité catholique les peuples qu’ils avaient jusque-là devront les garder »[15].

Le nouvel enseignement de Constantinople sur ses droits exclusifs dans la diaspora est devenu une source de conflits au sein de l’Église du Christ. Pour cette raison, dès le début, dans le cadre de la préparation du Concile panorthodoxe, la question de la diaspora a également été incluse parmi les sujets. Lors de la réunion préconciliaire panorthodoxe de 2009, il a été décidé d’établir dans chacune des régions des pays de la diaspora des Assemblées épiscopales de « tous les évêques canoniquement reconnus de la région donnée, qui continueront à être soumis aux juridictions canoniques auxquelles ils appartiennent »[16]. Les réunions doivent se dérouler sous la présidence du premier des hiérarques parmi ceux qui sont subordonnés à l’Église de Constantinople et, en cas d’absence de celui-ci, du plus ancien des hiérarques des Églises locales selon l’ordre des diptyques.

L’Église orthodoxe russe considérait les Assemblées épiscopales dans la diaspora comme des organes consultatifs, appelés à coordonner les actions des hiérarques des différentes Églises orthodoxes locales sans aucunement amoindrir leur autonomie[17]. Cependant, pour Constantinople, la création d’Assemblées épiscopales constitue un pas vers l’abolition de la présence des Églises locales dans la diaspora. Dans toute une série de pays, les représentants du Patriarcat de Constantinople ont pris sur eux la fonction de représenter toutes les Églises locales auprès de l’État, de faire des déclarations publiques en leur nom, souvent sans leur accord.

9. Conclusion

Les idées de nouveau concept ecclésiologique du Patriarcat de Constantinople entrent en contradiction évidente avec la Tradition orthodoxe et les dispositions canoniques et, par voie de conséquence, cela oblige le Patriarcat de Constantinople à remettre en question cette Tradition elle-même et exiger sa révision. Le Patriarche Bartholomée a déclaré : « Nous, orthodoxes, devons nous soumettre à l’autocritique et réviser notre ecclésiologie si nous ne voulons pas devenir une fédération d’Églises de type protestant »[18]. Pour éviter cette menace manifestement absurde, il faut, selon lui, d’urgence, reconnaître « que dans l’Orthodoxie universelle indivisible, il y a un « Premier », non seulement d’honneur, mais aussi « Premier » avec des devoirs particuliers et des pleins pouvoirs canoniques conférés par les Conciles œcuméniques »[19].

Nous condamnons et n’acceptons pas les dispositions théoriques de la nouvelle conception ecclésiologique du Patriarcat de Constantinople, ainsi que actes pratiques illicites et iniques entrepris dans le cadre de l’application de ce concept dans la vie ecclésiale actuelle. Ces dispositions et ces actions ne correspondent pas à la Tradition orthodoxe, détruisent les fondements canoniques de l’Église universelle et causent un grave préjudice à l’unité des orthodoxes locaux Églises.

Élevant une prière pour la préservation dans l’unité et la vraie foi de l’Église orthodoxe, présente dans le monde entier, nous, hiérarques de  l’Église orthodoxe russe, nous faisons appel à Leurs Saintetés et Leurs Béatitudes les Primats des Saints Églises de Dieu, à nos confrères les hiérarques orthodoxes, les prêtres et diacres aimant Dieu, les vénérables moines et les pieux laïcs, qui constituent ensemble le Plérôme de l’Église universelle du Christ, pour qu’ils prient avec ferveur le Seigneur Jésus, l’unique et véritable Chef de Son Église, afin que selon la volonté du Père céleste et par la grâce du Très Saint-Esprit Il rassemble dans l’unité ceux qui sont dispersés, qu’Il repousse toutes les hérésies et tous les schismes de l’enceinte de la Sainte Orthodoxie, qu’Il abolisse l’inimitié et couvre de honte tout mensonge, afin que soit glorifié d’une seule bouche et d’un seul cœur, dans l’Église Une, Sainte, Catholique et Apostolique, le Très Saint Nom du Père, du Fils et du Saint-Esprit. Amen. »


[1] « Si quelqu’un… convertit une localité à l’unité catholique et la possède pendant trois ans sans réclamation de personne, on ne la lui réclamera désormais plus, à condition cependant, que dans ces trois ans il y eût un évêque qui devait la réclamer et n’en fit rien » [il s’agit des Donatistes revenus à l’Orthodoxie en Afrique, ndt].

[2] « Les paroisses appartenant à chaque diocèse… doivent rester immuablement sous l’autorité des évêques qui les possèdent, surtout s’ils les ont administrées sans conteste depuis trente ans ».

[3] Tomos du Patriarche de Constantinople Mélétios IV, in Православие в Эстонии. Исследования и документы [L’Orthodoxie en Estonie. Recherches et documents], Moscou, Encyclopédie orthodoxe (en russe), 2010, tome 2, pp. 42-45.

[4] Acte du patriarche Dimitri de Constantinople et du Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople du 3 avril 1978 sur la cessation de la validité du Tomos du Patriarche de Constantinople Mélétios IV de 1923, in Православие в Эстонии [L’Orthodoxie en Estonie], pp. 207-208. Message du 3 mai 1978 du Patriarche Dimitri de Constantinople au métropolite Paul de Suède et de toute la Scandinavie in Православие в Эстонии [L’Orthodoxie en Estonie], pp. 208-209.

[5] Acte patriarcal et synodal du Patriarcat de Constantinople sur la réactivation du Tomos patriarcal et synodal de 1923 concernant la métropole orthodoxe d’Estonie, in Православие в Эстонии [L’Orthodoxie en Estonie], pp. 314-317.

[6] Cf. Nicéphore, métropolite de Kykkos et Tylliria, Современный украинский вопрос и его разрешение согласно божественным и священным канонам [la question ukrainienne actuelle et sa résolution conformément aux canons divins et sacrés], Moscou, Poznanie, 2021, p. 32. De nombreux témoignages y sont mentionnés concernant une telle reconnaissance de la part de l’Église de Constantinople (pp. 32-42).

[7]« Qu’aucun des évêques aimés de Dieu ne s’empare d’une autre province… afin que les canons des Pères ne soient pas enfreints, ni que sous le prétexte d’actes sacrés ne s’insinue l’orgueil de la puissance mondaine et que sans nous en rendre compte, nous perdions peu à peu la liberté, que nous a donnée par son propre sang Jésus-Christ notre Seigneur ».

[8] Extrait de la lettre N°102 du 4 février 2012 du Patriarche Bartholomée de Constantinople au métropolite Christophore des Terres tchèques et de Slovaquie (le motif de cette lettre était la célébration à Prague du soixantenaire de l’autocéphalie [accordée par le Patriarcat de Moscou, ndt] de l’Église orthodoxe des Terres tchèques et de Slovaquie) : « En cas de répétition de manifestations analogues de la célébration de l’acte du Patriarcat de Moscou octroyant l’autocéphalie imposée à l’Église des Terres tchèque et de Slovaquie considérée [par le Patriarcat de Constantinople, ndt] comme non avenue et dès de début reconnue comme nulle, le Patriarcat de Constantinople sera malheureusement contraint d’abroger l’autocéphalie canonique qui a été octroyée à votre Église il  y a quatorze ans, de rendre à l’Église des Terres tchèques et de Slovaquie le statut en vigueur jusqu’à cet acte d’Église autonome, de la rayer des saintes Diptyques des Églises orthodoxes autocéphales, où elle occupe le quatorzième rang et d’informer de cet acte toutes les Églises orthodoxes sœurs ».

[9] Anastassiadis A. Un « Vatican anglicano-orthodoxe » à Constantinople ? : Relations interconfessionnelles, rêves impériaux et enjeux de pouvoir en Méditerranée orientale а la fin de la Grande Guerre // Voisinages fragiles: Les relations interconfessionnelles dans le Sud-Est européen et la Méditerranée orientale 1854-1923 : Contraintes locales et enjeux internationaux / Éd. A. Anastassiadis. Athènes, 2013. P. 283-302.

[10] Ἐκκλησιαστικὴ Ἀλήθεια. 1922. p. 130.

[11] En particulier, en 1993, lorsque le Patriarcat de Jérusalem a décidé de restaurer son diocèse existant antérieurement en Australie et d’y nommer un exarque, cette décision a provoqué une réaction extrêmement vive de la part du Patriarcat de Constantinople : lors d’une réunion du Synode élargi de l’Église de Constantinople, qui s’est tenue à Istanbul les 30 et 31 juillet 1993, avec la participation des primats des Églises d’Alexandrie et de Grèce, ainsi que des représentants de l’Église de Chypre, deux évêques du Patriarcat de Jérusalem ont été destitués de leur rang sacerdotal, et le Patriarche Diodore de Jérusalem a été condamné pour « transgression blasphématoire » des saints canons, et pour scandale et division dans le peuple grec. Sa commémoration dans les diptyques de l’Église de Constantinople a été interrompue, mais par « miséricorde et humanité », on lui a donné le temps de se repentir et d’annuler la décision d’établir la juridiction du Patriarcat de Jérusalem en Australie, sous peine d’être privé de sa dignité dans le cas contraire. Dans ces circonstances, le patriarche Diodore a été contraint d’abandonner l’organisation d’un exarchat en Australie et dans d’autres pays de la diaspora, après quoi sa commémoration dans les diptyques de l’Église de Constantinople a repris et les hiérarques destitués ont été rétablis dans leur dignité. Voir : Константинопольская Православная Церковь [Église orthodoxe de Constantinople] // Encyclopédie orthodoxe. Мoscou 2015. tome 37. p. 289.

[12] Une telle logique a été appliquée par Constantinople, en particulier, lors du passage de l’ex-évêque Basile (Osborne) de Serguiev Possad, reçu au sein du Patriarcat de Constantinople en 2006 sans congé canonique de l’Église orthodoxe russe (en 2010, le Saint-Synode du Patriarcat de Constantinople l’a destitué de son rang sacerdotal et monacal après sa décision de se marier).

[13] Lettre N°85 du 14 janvier 1971 du Locum Tenens du Trône patriarcal de Moscou, le métropolite Pimène, au Patriarche Athénagoras de Constantinople,  

[14] Déclaration du 15 avril 2008 du Saint-Synode de l’Église orthodoxe russe.

[15] Il s’agit des fidèles qui avaient quitté le schisme donatiste en Afrique à la suite de leur évêque (ndt).

[16] Document de la IVème conférence préconciliaire, La diaspora orthodoxe. Décision, Chambésy 2009.

[17] La participation des hiérarques de l’Église orthodoxe russe à ces assemblées a été suspendue conformément à la Déclaration du Saint-Synode du 14 septembre 2018, en raison de l’intrusion illégale du Patriarche de Constantinople sur le territoire de l’Église orthodoxe russe.

[18] Interview du patriarche de Constantinople Bartholomée in Ethnikos Kyrix, 13 novembre 2020.

[19] Id.

Pour lire la suite :

Introduction ; 1re partie et 2e partie

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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