Le Verbe s’est fait chair et il a habité parmi nous (Jn 1, 14)
Au clergé et au peuple fidèle,
Chers enfants dans le Seigneur,
I Ces paroles résument et expriment le sens de la fête de Noël de la manière la plus profonde et la plus parfaite. Si nous nous concentrons pour comprendre l’importance de ce grand mystère, dans lequel le Fils et Verbe du Père s’est incarné et s’est fait homme, alors nous pourrons participer à la célébration et à la joie spirituelle, et nous ressentirons en nous la puissance transformatrice de l’expérience de cet événement. L’Incarnation n’est pas simplement un miracle ou un mystère digne d’admiration ; c’est le plus grand don qui puisse être accordé à l’humanité. Le Fils et Verbe de Dieu s’incarne et descend auprès de la souffrance humaine, touche la déformation de notre nature pour la redresser, nous révélant la profondeur de sa compassion et de son humilité profonde, qui naît de son amour infini pour le monde entier. Saint Athanase le Grand exprime cette vérité bouleversante de manière laconique : « Le Fils de Dieu s’est fait homme, afin que nous devenions dieux. »
Tandis que nous continuons à nous préparer pour la célébration de Noël, il nous est utile de nous rappeler que cette grande fête ne concerne pas la naissance d’un maître, d’un prophète ou d’un législateur. Le Dieu éternel intervient dans l’histoire et se fait homme, sans cesser d’être pleinement Dieu, pour nous amener à sa sainteté, pour nous rendre participants de la nature divine (2 P 1, 4), pour guérir, ressusciter et accomplir notre humanité déchue et déformée. Par la présence de son énergie divine, le Christ, le Dieu-homme, active, fortifie et vivifie notre nature humaine et nous unit à Dieu, ce qu’aucun maître, prophète ou législateur n’aurait jamais pu faire.
II Noël nous invite à nous joindre à l’appel des anges, pour le louer nous aussi avec eux : « Gloire à Dieu au plus haut des cieux, et paix sur la terre aux hommes de bonne volonté » (Lc 2, 14). Mais l’annonce de la Naissance du Christ ne s’est pas faite de la même manière pour tous : aux humbles bergers vint un ange, car leur cœur était humble et ouvert. Aux mages d’Orient, qui avaient soif de recherche, fut donnée une étoile et encore un ange pour les guider. Quant aux dirigeants orgueilleux et rusés, la nouvelle ne leur apporta pas la joie, mais la peur, les ténèbres et le refus, et ils voulurent tuer l’enfant nouveau-né. L’événement est offert à tous, mais ne porte du fruit que chez ceux qui ont le désir, l’humilité et une bonne intention. « Il est venu chez les siens, et les siens ne l’ont pas reçu ; mais à tous ceux qui l’ont reçu… il leur a donné le pouvoir de devenir enfants de Dieu », écrit saint Jean (Jn 1, 11-12).
Pour chaque personne qui cherche la paix intérieure, la vérité et la plénitude, la fête joyeuse et lumineuse de Noël vient comme un rayon d’espérance, de consolation et de paix. Dans l’une de ses homélies, saint Jean Chrysostome dit : « Alors, qu’est-ce qui peut égaler cette bonne nouvelle ? Dieu sur la terre, l’homme au Ciel ; et tous furent unis… et la réconciliation s’accomplit entre Dieu et notre nature… la mort fut anéantie, le paradis fut ouvert, la malédiction fut effacée, le péché fut écarté du chemin, l’erreur fut chassée, la vérité revint, la parole de la piété fut semée partout et fleurit dans sa croissance, la société du Ciel fut transférée sur la terre, ou plutôt, les choses de la terre furent liées à celles du Ciel » (Homélie sur Noël).
III Chers frères et sœurs ! Nous devons proclamer avec joie cette bonne nouvelle et témoigner avec zèle et sans relâche que désormais Dieu habite parmi nous. « Un témoin véritable sauve des vies », dit le sage Salomon (Pr 16, 6). C’est le devoir de chaque chrétien de répandre et de partager cette lumière avec le monde entier, car ce n’est qu’en la partageant avec les autres que la lumière peut être préservée et grandir, sinon elle s’affaiblira et finira par disparaître. Aujourd’hui, plus que jamais, le monde a besoin de la lumière du Christ. Elle est nécessaire, car une vie sans la présence du Seigneur devient misérable, se transforme en une vie sans amour, sans joie, sans lumière : une vie dans les ténèbres. Seule sa présence peut illuminer nos cœurs et nos âmes et peut donner à notre vie lumière et joie. Il est la lumière dans nos ténèbres et son enseignement, dit le psalmiste, est une lampe pour notre voyage dans cette vie.
Pour célébrer spirituellement la Naissance du Christ, veillons durant ces jours de fête à vivre plus profondément la sainteté et la grandeur de ce don divin. Nous pouvons y parvenir en purifiant notre cœur de toute méchanceté et en le remplissant d’amour et d’humilité envers tous les hommes, surtout envers ceux qui sont dans le besoin – dans la pauvreté, la maladie, le désespoir et la solitude. Le Seigneur s’identifie lui-même avec les personnes dans le besoin, en nous disant : « Car j’ai eu faim et vous m’avez donné à manger ; j’ai eu soif et vous m’avez donné à boire ; j’étais étranger et vous m’avez accueilli ; nu et vous m’avez vêtu ; j’étais malade et vous êtes venus me voir ; j’étais en prison et vous êtes venus vers moi… En vérité, je vous le dis, chaque fois que vous l’avez fait à l’un de ces plus petits de mes frères, c’est à moi que vous l’avez fait » (Mt 25, 35-40). Ce n’est qu’en faisant cela que Noël aura un sens véritable et que tout en nous sera illuminé par le Verbe fait chair.