Avant-fête de la Théophanie
Saint Malachie, prophète (vers 450 av. J.-C.) ; saint Anthère, pape de Rome, martyr (236) ; saint Gordien, martyr à Césarée de Cappadoce (304) ; sainte Geneviève, vierge, patronne de Paris (vers 500) ; saint Florent, évêque de Vienne (IVème s.) ; saint Eustrade, abbé à Dijon (VIème s.) ; saint Constant, évêque de Gap (VIème s.) ; sainte Bertille, veuve à Marolles en Flandre (660) ; saint Blimond, moine fondateur de l’abbaye de Leucone (673) ; saint hiéromartyr Basile (Kholmogorov), prêtre (1938).
SAINTE GENEVIÈVE
Sainte Geneviève naquit en 422 au village de Nanterre, près de Paris. Elle avait à peine sept ans quand saint Germain d’Auxerre [31 juil.], en route vers l’Angleterre avec saint Loup de Troyes [29 juil.], discernant la faveur de Dieu sur l’enfant, annonça à ses parents qu’elle avait été choisie pour servir au salut d’un grand nombre. Il la bénit et lui remit une pièce de monnaie marquée d’une croix comme signe de sa consécration à Dieu. Dès lors l’enfant s’adonna de plus en plus aux exercices de la piété. Un jour, sa mère, agacée de la voir fréquenter trop souvent l’église, porta la main sur elle, mais elle fut aussitôt frappée par Dieu de cécité. Elle ne recouvra la vue que deux ans plus tard, en se frottant les yeux avec de l’eau que sa fille avait mêlée de ses larmes et marquée du signe de la Croix. Ne trouvant plus d’obstacle de la part des siens, Geneviève fut alors définitivement consacrée au Seigneur par l’évêque de Bourges, Vilicus ; mais elle continua sa vie ascétique dans la maison familiale, car les couvents n’existaient pas encore en Gaule. À la mort de ses parents, elle alla s’installer à Paris, chez sa marraine. Après avoir enduré avec patience une cruelle maladie, elle entreprit de très grandes austérités : priant sans cesse et ne sortant que pour servir les pauvres, elle ne se nourrissait que deux fois par semaine, d’un peu de pain et de fèves. Elle acquit ainsi la maîtrise sur les impulsions de la chair et une grande paix de l’âme, si bien qu’elle supporta avec patience les calomnies et les rumeurs répandues par des jaloux, jusqu’à ce que saint Germain d’Auxerre intervienne pour leur imposer le respect de la servante de Dieu. C’est ainsi que les Parisiens commencèrent à reconnaître sa sainteté et que des jeunes filles se groupèrent autour d’elle pour imiter son genre de vie. La réputation de sainte Geneviève se répandit même jusqu’en Orient, et l’on raconte que des marchands syriens ayant rapporté à saint Syméon le Stylite [1er sept.] les vertus de l’humble vierge de Paris, ce dernier chanta ses louanges et voulut se recommander à ses prières.
Sainte Geneviève avait une grande dévotion pour les saints qui avaient jeté les fondations de l’Église en Gaule. Elle fit construire la première basilique au-dessus de la sépulture de saint Denis de Paris [9 oct.] et inspira aux Parisiens la pieuse habitude d’y venir en pèlerinage, même par les plus mauvais temps. Un jour, elle se rendit à la basilique en pleine tempête, avec un cierge à la main, sans que la flamme ne s’éteigne. De même, elle contribua grandement au développement du culte de saint Martin à Tours, qui devait devenir un des plus grands lieux de pèlerinages d’Occident. Dans ses voyages, elle guérissait les malades et chassait les démons, servant pour tous d’instrument à la providence de Dieu.
Au début de 451, Attila et sa horde sauvage de Huns approchaient dangereusement de Paris, en pillant et ravageant tout sur leur passage. Les habitants de la cité, pris de panique, voulaient s’enfuir, seule Geneviève garda son sang-froid ; elle réunit les femmes dans les églises pour implorer l’assistance de Dieu dans le jeûne, les larmes et la prière, et s’efforça de rendre courage aux hommes. Mais certains s’opposèrent à elle et se préparaient même à la jeter à la Seine, lorsqu’un messager arriva de la part de saint Germain d’Auxerre, confirmant une fois de plus que Dieu avait élu Geneviève comme protectrice de la ville. De fait, conformément aux prédictions de la sainte, Attila se détourna bientôt de Paris, et, après avoir subi une cuisante défaite contre les Francs unis aux Gallo-romains, il s’éloigna.
Le roi des Francs, Childeric, exerça alors pendant une vingtaine d’années son hégémonie sur la région. Bien qu’encore païen, il montrait du respect pour l’Église et, sur les instances de la sainte, consentit à adoucir les peines des prisonniers. Les Francs furent cependant repoussés par les Romains et cherchèrent à regagner l’avantage en retenant le ravitaillement de Paris. La disette menaçait et le peuple perdait de nouveau confiance en Dieu. Geneviève réunit alors une flottille avec de hardis bateliers et, au prix de grands dangers de navigation, elle alla faire provision de grains à Arcis-sur-Aube, puis revint faire une distribution à tous les Parisiens, en privilégiant les plus pauvres.
En 481, Clovis devint roi des Francs et, sous l’influence de son épouse, sainte Clotilde [3 juin], il montrait un grand respect pour la sainte, écoutait ses conseils et n’hésitait pas à modifier sa politique par égard pour les malheureux. Tandis qu’il achevait de conquérir la Gaule, sainte Clotilde resta auprès de Geneviève à Paris, et saint Remi [1er oct.] venait parfois leur rendre visite pour s’entretenir des choses de Dieu. Trois saints veillaient alors sur la France naissante.
Sainte Geneviève parvint ainsi à l’âge de quatre-vingts ans. Elle remit son âme au Seigneur, dans la paix, entourée de l’amour et de la dévotion de tout le peuple. Elle ne cessa pas toutefois de montrer au cours des siècles sa protection sur la ville de Paris et ses habitants. Ses précieuses reliques, déposées dans l’église Sainte-Geneviève, sur la colline appelée depuis du même nom, accomplirent d’innombrables guérisons. Lors des grands périls : guerres, sièges, épidémies, famines, inondations ou incendies, le peuple venait en foule auprès de sa sainte. On faisait alors de grandes processions, la châsse des reliques en tête, et Dieu ne manquait pas de montrer sa bienveillance par des miracles, en réponse aux prières de sainte Geneviève et à la foi du peuple de Paris. Ces reliques furent brûlées pour leur plus grande partie et jetées à la Seine par les révolutionnaires, en 1793 ; mais la sainte ne cesse pas d’être bien vivante pour ceux qui savent l’invoquer avec foi.
(Tiré du Synxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)
Lectures de Prime
Lecture de la Prophétie d’Isaïe (35, 1-10)
Ainsi parle le Seigneur: Réjouis-toi, terre déserte et assoiffée; exulte le désert, qu’il fleurisse comme un lis! Le désert du Jourdain se couvrira d’abondantes fleurs et jubilera de joie; la gloire du Liban lui sera donnée, ainsi que la splendeur du Carmel; et mon peuple verra la gloire du Seigneur, la magnificence de Dieu. Fortifiez les mains défaillantes, affermissez les genoux chancelants, dites aux coeurs bouleversés: Courage, ne craignez pas; voici, notre Dieu va rendre justice et rétribuer, c’est lui qui viendra nous sauver. Alors se dessilleront les yeux des aveugles, et s’ouvriront les oreilles des sourds. Alors le boiteux bondira comme un cerf, et la langue des muets retentira clairement; car l’eau jaillira au désert, le torrent dans la terre assoiffée. Les domaines sans eau deviendront des prairies, au pays de la soif il y aura des sources d’eau. Les oiseaux s’y ébattront, ce sera un séjour enchanteur, avec des lacs et des roseaux. Un chemin pur s’y trouvera, qu’on nommera chemin de sainteté; aucun impur n’y passera, point de chemin pour l’impur; même les simples y marcheront sans s’égarer. Là, point de lion, nulle bête féroce ne le prendra, aucune ne s’y montrera; mais les rachetés y marcheront, par là reviendront ceux que rassemble le Seigneur. Ils iront à Sion jubilant d’allégresse, la tête couronnée d’une joie éternelle; sur leur visage, liesse et jubilation, l’allégresse les comblera, tandis que cessera tout gémissement, toute peine et tout chagrin.
Actes des Apôtres (XIII, 25-33)
En ces jours-là, lorsque Jean achevait sa course, il disait : Je ne suis pas celui que vous croyez; mais voici venir après moi celui dont je ne suis pas digne de délier la sandale. Frères, vous les enfants de la race d’Abraham, et vous tous qui craignez Dieu, c’est à vous qu’est envoyé ce message de salut. En effet, les habitants de Jérusalem et leurs chefs ont accompli sans le savoir les oracles des Prophètes qu’on lit chaque sabbat. Sans trouver d’accusation qui lui valut la mort, ils le condamnèrent et demandèrent à Pilate de le faire périr. Et lorsqu’ils eurent accompli tout ce qui était écrit de lui, ils le descendirent de la croix et le mirent au tombeau. Mais Dieu l’a ressuscité des morts. Pendant de nombreux jours il est apparu à ceux qui étaient montés avec lui de Galilée à Jérusalem, ceux-là mêmes qui devant le peuple sont maintenant ses témoins. Nous aussi, nous vous annonçons cette bonne nouvelle, que la promesse faite à nos Pères, Dieu l’a accomplie envers nous, leurs enfants: il a ressuscité Jésus.
Évangile selon saint Matthieu (III, 1-11)
En ce temps-là parut Jean le Baptiste, prêchant dans le désert de Judée et disant: Repentez-vous, car il est proche, le royaume des cieux! Jean est celui qu’avait désigné cet oracle du prophète Isaïe: «Voix de celui qui crie dans le désert: Préparez le chemin du Seigneur, aplanissez ses sentiers.» Lui-même, il portait un vêtement fait de poils de chameau et une ceinture de cuir autour des reins; il se nourrissait de sauterelles et de miel sauvage. Alors s’en allaient vers lui les gens de Jérusalem, et toute la Judée, et toute la région du Jourdain; et, confessant leurs péchés, ils se faisaient baptiser par lui dans les eaux du Jourdain. Mais, voyant venir à son baptême beaucoup de pharisiens et de sadducéens, il leur dit: Races de vipères, qui vous a appris à fuir la colère à venir? Produisez donc du fruit digne de la repentance, et ne prétendez pas dire en vous-mêmes: Nous avons Abraham pour père! Car je vous déclare que de ces pierres-ci Dieu peut susciter des enfants à Abraham. Déjà la cognée est mise à la racine des arbres: tout arbre donc qui ne produit pas de bons fruits sera coupé et jeté au feu. Moi, je vous baptise d’eau, pour vous amener à la repentance; mais celui qui vient après moi est plus puissant que moi, et je ne suis pas digne de porter ses souliers. Lui, il vous baptisera du Saint Esprit et de feu.