17 novembre

21ème dimanche après la Pentecôte

Carême de la Nativité – dispense de poisson

Saint Grégoire le Thaumaturge, évêque de Néocésarée (vers 270) ; saints Aciscle et Victoire, martyrs à Cordou (IVème s.) ; saint Gennade, patriarche de Constantinople (471) ; saint Aignan, évêque d’Orléans (453) ; saint Grégoire, évêque de Tours (594) ; saint Namace, évêque de Vienne (559) ; sainte Hilda, abbesse de Whitby en Angleterre (680) ; saint Lazare, iconographe à Constantinople (vers 857) ; saint Gobronne, au baptême Michel et ses 133 soldats, martyrs en Géorgie (914) ; saint Nicone, abbé de Radonège, disciple de saint Serge (1426).

SAINT GRÉGOIRE LE THAUMATURGE

Notre saint Père Grégoire vit le jour vers 213, au sein d’une illustre famille païenne de Néocésarée dans le Pont (auj. Niksar). Sa mère, restée seule responsable de l’éducation de ses trois enfants à la mort de son mari, se soucia de leur donner une éducation raffinée. Grégoire, alors nommé Théodore, manifestait non seulement de grands talents pour l’étude — en particulier pour la rhétorique —, mais aussi une profonde sagesse et une grande douceur. Dès l’âge de quatorze ans, il dédaignait les jeux turbulents de ses compagnons pour se livrer à la contemplation de la création et il en tira une vague idée de l’existence du seul Créateur. En effet, la foi chrétienne était presque inconnue dans cette région : on comptait en tout et pour tout dix-sept chrétiens à Néocésarée. Les compagnons du jeune homme, jaloux de le voir mener une vie si sage et si chaste, payèrent un jour une prostituée, pour qu’elle proclamât publiquement que Théodore s’était livré à la débauche avec elle. En entendant ces calomnies, le jeune garçon ne chercha pas à se justifier, ni ne se mit en colère contre ceux qui en étaient coupables, et il se contenta, pour avoir la paix, de renvoyer cette courtisane en lui donnant autant d’argent qu’elle en avait reçu pour répandre ses mensonges. Mais dès qu’elle eut pris en main cet argent, la femme s’affaissa à terre, en proie à de terribles convulsions suscitées par le démon. Et elle ne retrouva la paix que lorsque le saint eut prié pour elle.

La mère de Théodore avait décidé de l’envoyer, avec son frère Athénodore, poursuivre leurs études de droit dans la fameuse école de Béryte (Beyrouth) ; mais elle leur avait demandé d’accompagner auparavant leur sœur à Césarée de Palestine, afin qu’elle y retrouvât son époux, qui était conseiller juridique du gouverneur. C’est là que les deux jeunes gens firent la connaissance du grand Origène († 254), récemment venu d’Alexandrie pour y délivrer son enseignement. Fascinés, dès les premiers jours, par les paroles du maître qui avaient jeté dans leur âme, telle une étincelle, le feu de l’amour de Dieu, les deux jeunes gens décidèrent d’abandonner tout autre projet d’études, et ils suivirent avec avidité ses leçons pendant cinq ans (233-238). Passant en revue toutes les sciences du temps, ils furent initiés à la théologie chrétienne par le maître alexandrin, mais gardèrent suffisamment de discernement pour ne pas le suivre dans certaines spéculations trop audacieuses sur les mystères divins . Menant vie commune avec les autres élèves , ils passaient tout leur temps dans l’étude des Écritures, et regardaient leur maître comme un modèle de vertu et de piété. « Cet homme, dit-il, a reçu de Dieu le plus grand don et du ciel la plus belle part : il est l’interprète des paroles de Dieu auprès des hommes, il comprend les choses de Dieu comme si Dieu lui parlait, et il les explique aux hommes afin qu’ils les appliquent » .

Quittant la compagnie de son maître, une fois ses études achevées, comme s’il était expulsé du Paradis de délices, Grégoire revint dans sa patrie. Un grand nombre de notables l’assaillirent alors de propositions avantageuses pour l’engager comme précepteur de leurs enfants. Mais le jeune homme rejeta tous les attraits trompeurs du monde pour s’enfuir au désert, afin d’y vivre seul devant Dieu, dans l’ascèse et la prière. Or, l’archevêque d’Amasée, Phédime, ayant entendu parler de ses vertus et de ses dons pour l’art oratoire, essaya de l’attirer vers la métropole, pour l’y consacrer évêque de Néocésarée. Mais Grégoire refusa d’échanger sa retraite pour les troubles du monde. Phédime fit alors une chose inhabituelle — que seule permettait la souplesse canonique d’une Église encore toute jeune —, il ordonna Grégoire à distance, sans lui imposer les mains directement, et lui envoya une lettre attestant que, bon gré mal gré, il était désormais évêque de sa patrie. Grégoire, alors âgé d’environ trente ans, dut s’incliner devant la volonté de Dieu ; mais il ne quitta le désert qu’après avoir passé un grand nombre de jours et de nuits en prière, afin que Dieu l’affermît dans son œuvre pastorale.

Une nuit, la Très Sainte Mère de Dieu et saint Jean le Théologien lui apparurent, et lui révélèrent avec clarté le mystère de l’unité de la nature divine et de la distinction de ses trois Personnes par ces mots : « Il est un seul Dieu, Père du Verbe vivant, de la Sagesse subsistante, de la Puissance et de l’Empreinte éternelle. Il est Générateur parfait du parfait engendré. Il y a un seul Seigneur, unique issu de l’Unique, Dieu issu de Dieu, empreinte et image de la Divinité, Verbe efficace. Fils véritable du Père véritable, invisible issu de l’Invisible, éternel issu de l’Éternel. Et il y a un seul Saint-Esprit, qui tient son existence de Dieu (le Père) et est révélé par le Fils. Il est cause de la vie, source sainte et principe de sanctification. En lui, se manifestent Dieu le Père, qui est au-dessus de tous et en tous, et Dieu le Fils, qui est à travers tous. Trinité parfaite. Dans la Trinité, il n’y a rien de créé ou d’esclave, rien qui n’eût existé auparavant et qui y aurait été introduit par la suite. Ainsi, ni le Fils n’a jamais manqué au Père, ni l’Esprit au Fils » .
Ainsi confirmé par la grâce du Saint-Esprit et devenu digne de recevoir, tel Moïse, la révélation des mystères directement de Dieu, Grégoire se montra un apôtre infatigable de la vraie foi dans toute la région de Néocésarée. Il convertissait aussi bien par sa parole que par ses nombreux miracles, démontrant ainsi de façon éclatante que la puissance de Dieu était avec lui et non du côté des démons impuissants des païens. C’est ainsi qu’il déplaça à plusieurs reprises le cours d’un fleuve en invoquant le Nom du Christ et assécha un étang qui était un objet de litige entre des frères cupides, qu’il arrêta une inondation du Lycos, qu’il exorcisa un jeune possédé et qu’il choisit sur un signe divin saint Alexandre comme évêque de Comane [12 août]. Saint Basile le Grand écrivait à son propos : « Ses prédictions furent telles qu’il ne le cède en rien aux grands prophètes ! Bref, il serait long d’exposer en détail les miracles de cet homme qui, en raison de la surabondance des dons de grâce que l’Esprit produisait en lui, en toute œuvre de puissance, en signes et en prodiges, était proclamé “second Moïse” par les ennemis mêmes de 1’Église. Ainsi, en chacune de ses paroles, en chaque acte qu’il accomplissait sous l’action de la grâce, il brillait comme une lumière, indice de la puissance céleste qui l’accompagnait invisiblement. » C’est à cause de ces miracles éclatants qu’il reçut bientôt le surnom de « Thaumaturge ».

En 250, lors de la violente persécution de Dèce, Grégoire et un grand nombre de ses fidèles préférèrent fuir dans les montagnes qui se trouvaient à proximité de Néocésarée, plutôt que de s’exposer inutilement à la mort. Quant à lui, le saint évêque était déjà mort au monde depuis longtemps, et partir de cette vie pour être avec le Christ était pour lui, comme pour saint Paul, la meilleure part (Phil 1, 24). Mais l’amour de ses fidèles et le souci de préserver l’Église en confirmant la foi des plus faibles l’avaient convaincu de préférer la fuite. De sa retraite, il priait cependant avec ardeur pour les martyrs qui offraient leur sang et décrivait à ses compagnons leurs combats, comme s’il les avait sous les yeux. Un jour, des soldats, ayant découvert leur cachette, s’apprêtaient à venir les arrêter ; mais, à la prière du saint, Dieu le rendit, lui et ses compagnons, invisibles à leurs poursuivants qui rentrèrent bredouilles. À la fin de la persécution, il fit recueillir les reliques des saints martyrs et ordonna de célébrer de grandes fêtes en leur honneur les jours mêmes où les païens avaient coutume de se livrer à leurs festivités, de sorte que toute la région devint profondément chrétienne et même ses mœurs les plus païennes furent bientôt transformées en réjouissances spirituelles. Vers 254, la province se trouva envahie et dévastée par les Goths et les Borades, et saint Grégoire fit tout ce qui était en son pouvoir pour soutenir son peuple éprouvé. En 264 (ou 265), il assista, avec son frère Athénodore, qui était devenu évêque d’une autre cité de la région, au premier synode d’Antioche, réuni contre Paul de Samosate, adversaire de la Sainte Trinité .

Grégoire continua de briller par ses miracles et sa prédication de la foi orthodoxe pendant de nombreuses années. Quelques jours avant de partir vers les Demeures éternelles (vers 275), il demanda à ses proches combien il restait de païens dans son diocèse. On lui apprit que ceux-ci n’était plus que dix-sept : le nombre exact des chrétiens de Néocésarée lorsque il l’avait prise en charge . Il s’endormit alors dans la paix et la joie du serviteur qui a accompli fidèlement l’œuvre que lui avait confiée son Maître.

(Tiré du Synaxaire du hiéromoine Macaire de Simonos Petras)

TROPAIRES ET KONDAKIA DU JOUR

Tropaire du dimanche, ton 4

Les saintes femmes, disciples du Seigneur, ayant appris de l’Ange la radieuse nouvelle de la Résurrection, rejetèrent la condamnation des premiers parents, et, pleines de fierté, dirent aux Apôtres : « La mort a été dépouillée, le Christ est ressuscité, donnant au monde la grande miséricorde ! »

Tropaire de saint Grégoire, ton 8

Vigilant dans la prière et assidu à l’œuvre des miracles, tu as mérité par ces vertus le nom que tu portai s; Père Grégoire, prie le Christ notre Dieu d’illuminer nos âmes, pour que nous évitions de nous endormir dans le péché qui mène à la mort.

Kondakion de saint Grégoire, ton 2

Très-sage Grégoire ayant reçu le pouvoir de nombreux miracles, tes prodiges ont effrayé les démons et tu éloignas des hommes les maladies ; c’est pourquoi de Thaumaturge tu reçus, à cause de tes œuvres, l’appellation bien méritée.

Kondakion du dimanche, 4ème ton

Mon Sauveur et mon Rédempteur, au sortir du Tombeau, a libéré les humains de leurs chaînes et a fracassé les portes de l’enfer ; en Maître, Il est ressuscité le troisième jour.

ÉPITRE DU JOUR

Gal. II, 16-20

Sachant que ce n’est pas par les œuvres de la loi que l’homme est justifié, mais par la foi en Jésus Christ, nous aussi nous avons cru en Jésus Christ, afin d’être justifiés par la foi en Christ et non par les œuvres de la loi, parce que nulle chair ne sera justifiée par les œuvres de la loi. Mais, tandis que nous cherchons à être justifié par Christ, si nous étions aussi nous-mêmes trouvés pécheurs, Christ serait-il un ministre du péché ? Loin de là ! Car, si je rebâtis les choses que j’ai détruites, je me constitue moi-même un transgresseur, car c’est par la loi que je suis mort à la loi, afin de vivre pour Dieu. J’ai été crucifié avec Christ ; et si je vis, ce n’est plus moi qui vis, c’est Christ qui vit en moi ; si je vis maintenant dans la chair, je vis dans la foi au Fils de Dieu, qui m’a aimé et qui s’est livré lui-même pour moi.

ÉVANGILE DU JOUR

Lc VIII, 5-15

Un semeur sortit pour semer sa semence. Comme il semait, une partie de la semence tomba le long du chemin : elle fut foulée aux pieds, et les oiseaux du ciel la mangèrent. Une autre partie tomba sur le roc : quand elle fut levée, elle sécha, parce qu’elle n’avait point d’humidité. Une autre partie tomba au milieu des épines : les épines crûrent avec elle, et l’étouffèrent. Une autre partie tomba dans la bonne terre : quand elle fut levée, elle donna du fruit au centuple. Après avoir ainsi parlé, Jésus dit à haute voix : Que celui qui a des oreilles pour entendre entende ! Ses disciples lui demandèrent ce que signifiait cette parabole. Il répondit : Il vous a été donné de connaître les mystères du royaume de Dieu ; mais pour les autres, cela leur est dit en paraboles, afin qu’en voyant ils ne voient point, et qu’en entendant ils ne comprennent point. Voici ce que signifie cette parabole : La semence, c’est la parole de Dieu. Ceux qui sont le long du chemin, ce sont ceux qui entendent ; puis le diable vient, et enlève de leur cœur la parole, de peur qu’ils ne croient et soient sauvés. Ceux qui sont sur le roc, ce sont ceux qui, lorsqu’ils entendent la parole, la reçoivent avec joie ; mais ils n’ont point de racine, ils croient pour un temps, et ils succombent au moment de la tentation. Ce qui est tombé parmi les épines, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole, s’en vont, et la laissent étouffer par les soucis, les richesses et les plaisirs de la vie, et ils ne portent point de fruit qui vienne à maturité. Ce qui est tombé dans la bonne terre, ce sont ceux qui, ayant entendu la parole avec un cœur honnête et bon, la retiennent, et portent du fruit avec persévérance.

À propos de l'auteur

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Jivko Panev

Jivko Panev, cofondateur et journaliste sur Orthodoxie.com. Producteur de l'émission 'Orthodoxie' sur France 2 et journaliste.
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