L’évêque Alexis de Sitka et d’Alaska a accordé une interview à Alexandra Kalinovskaïa, du site russe Pravoslavie.ru au cours de laquelle il a donné des conseils spirituels et évoqué son cheminement ainsi que la situation de l’Église orthodoxe en Alaska. Nous publions ci-après cette interview dans son intégralité.
L’évêque de Sitka et d’Alaska Alexis (Trader) est né en 1965. Il prononça ses vœux monastiques au monastère Saint-Tikhon, qui dépend de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA). Il passa ensuite plusieurs années sur la Sainte Montagne de l’Athos au monastère de Karakalou, où il fut ordonné prêtre et reçut le grand-habit monastique. Il servit ensuite longtemps dans un couvent féminin en Grèce. Il y a deux ans, il a été nommé à la tête du diocèse d’Alaska de l’Église orthodoxe en Amérique (OCA). L’évêque Alexis a accepté aimablement de répondre aux questions du site Pravoslavie.ru.
– Monseigneur, bénissez. Ma première question est la suivante : il est parfois difficile pour les fidèles de trouver un père spirituel, nombre d’entre eux n’en ont pas, que conseilleriez-vous à ces gens ? Comment faire son salut de cette façon ?
– Je leur conseillerais d’aller se confesser à tout prêtre qui est disponible, et de bien se confesser. Il y a de nombreux livres sur la confession, on peut les trouver et les lire. Il est important de se préparer à la confession : prier, examiner sa vie depuis la dernière confession, comment cette vie s’est déroulée à l’égard du prochain, de Dieu et de soi-même. Ce que j’ai fait, a-t-il été agréable à Dieu ou non ? L’homme remarque ainsi ce qui est nécessaire à confesser, chacune de ses blessures spirituelles. Lorsqu’il écrit ce qu’il veut dire pour ne rien oublier et qu’il le confesse, il reçoit la grâce de Dieu au moment où le prêtre lui lit la prière d’absolution. Aussi, la première chose que l’on peut dire est de se confesser le mieux que l’on peut. On peut aller vers tout prêtre qui est disponible. Il est important de vouloir changer et de prier que Dieu éclaire le prêtre auprès duquel on se confesse et lui donne la parole nécessaire pour vous. Parfois, il ne dit rien, si ce n’est « patiente et prie ». Mais le plus important dans la confession est que vous recevez la grâce divine et que vos péchés sont pardonnés. Cela doit vous inciter à ne pas vous arrêter sur la voie du salut, mais à aller de l’avant. Bien sûr, c’est une grande bénédiction pour l’homme d’avoir un bon père spirituel. Mais, même si l’on ne peut en trouver un, il est possible pour les fidèles de mener une vie spirituelle sérieuse en Christ, une vie pleine de grâce, lorsque l’on change du pire vers le meilleur, une vie par laquelle on ressent l’avant-goût du ciel.
– Si la personne a néanmoins un père spirituel, comment construire ces relations spirituelles afin qu’elles soient justes, agréables à Dieu ?
– Il me semble que tout père spirituel doit considérer celui qui vient à lui dans une perspective définie. Celle-ci consiste à voir l’homme non pas seulement comme il est à ce moment, mais comment il peut devenir avec la grâce de Dieu, lorsqu’il surmonte ses passions. L’homme change s’il observe les commandements divins, s’il vit de la vie de l’Église. Il faut regarder l’homme depuis cette perspective. Comment Dieu Lui-même regarde-t-Il l’homme ? Comme Son image. Dieu veut de nous que nous révélions Son image en nous. Et c’est notre point de départ. Le père spirituel voit ce que l’homme peut devenir, et sa tâche fondamentale est de le soutenir, de l’encourager à vivre de la vie de l’Église. Une telle vie implique la participation régulière au sacrement de la confession, de la communion avec la bénédiction du prêtre, le travail sur ses passions, l’aspiration à acquérir l’humilité. Et lorsque tout cela est présent dans la vie de l’homme, de telles relations spirituelles, en définitive, transforment sa vie et deviennent pour lui une bénédiction.
– Monseigneur, vous avez étudié la Patristique et la psychologie à l’Université de Thessalonique, et vous y avez défendu une thèse de doctorat. Quelle est la cause fondamentale de la survenance d’une dépression chez nos contemporains ? Comment peuvent-ils se délivrer d’un tel état ?
– Le dépressif voit la vie en noir. Tout est sombre autour de lui. Son avenir lui semble sombre et sans espoir. Une telle personne se voit elle-même aussi en noir, ne voit rien de bien en elle. Or, pour le chrétien, s’il l’est véritablement, s’ouvre une autre perspective pour se regarder soi-même et le monde. Bien sûr, les passions restent dans les chrétiens, et ils s’efforcent de s’en débarrasser, mais ils voient aussi en eux les vertus qu’il faut développer, une perspective de développement. Lorsque le chrétien regarde autour de lui, il voit ses frères et sœurs, il voit chacun et chacune d’entre eux comme l’image de Dieu. Il va à l’église et embrasse les saintes icônes. Et il comprend qu’il n’est pas seul dans ce monde, mais qu’il y a autour de lui « une nuée de témoins » (Hébr. XII, 1), véritablement une immense multitude de saints témoins. Lorsque le chrétien regarde devant, vers son avenir, il voit la possibilité d’entrer dans le Royaume céleste, de demeurer éternellement avec le Christ, avec notre Reine, la Très sainte Mère de Dieu, et avec tous les saints. Dans un tel cas, il est déjà très difficile de rester dans un état dépressif. Je pense que, pour les chrétiens orthodoxes, il est très bien de toujours se rappeler les exemples des saints martyrs, qui restèrent fidèles à la sainte foi orthodoxe jusqu’à la fin et reçurent ainsi leurs couronnes. Ces saints martyrs ont triomphé dans leur patience pour le Christ et, à ce moment, comme dans le lisons dans leurs vies, ils étaient joyeux. Ils savaient qu’ils seraient torturés, qu’ils devraient subir de nombreuses souffrances physiques. Les gens qui les entouraient les haïssaient, se moquaient d’eux, et ils le supportaient avec fermeté. En définitive, avec les tortures de différentes sortes, tout se terminait par la mort physique. Si vous regardez l’exploit des martyrs du point de vue séculier, ils auraient dû être les gens les plus dépressifs du monde. Mais que voyons-nous ? Ils sont restés joyeux. Et tout cela parce qu’ils dirigeaient leur regard sur le Christ et ressentaient qu’Il était avec eux dans toute Sa puissance. Il me semble que la solution du problème de la dépression réside dans le changement du regard que porte l’homme sur le monde, une sorte de metanoia. Il faut le changer, depuis le regard séculier, mondain, privé de spiritualité, jusqu’au regard spirituel et commencer à regarder le monde avec les yeux de la foi. Bien sûr, il existe des cas de dépression clinique, lorsque la cause de la dépression est un déséquilibre chimique dans le cerveau humain. Mais, indubitablement, un tel état est souvent conditionné, précisément, par la façon dont l’homme regarde le monde. Le regarde-t-il dans la perspective de l’Évangile et des saints Pères ? Ou bien ce regard est-il athée, comme si Dieu n’existait pas dans ce monde ? Dans le dernier cas, nous devons reconnaître qu’il s’agit du regard d’un insensé : « L’insensé dit dans son cœur : il n’y a pas de Dieu » (Ps. 13,1). Il y a beaucoup de gens qui, extérieurement, semblent croyants. Ils vont à l’église, vénèrent les icônes, se signent, mais leur foi est faible, ce sont eux que le Seigneur appelle dans l’Évangile « hommes de peu de foi » (Matth. VI,30). Que faut-il pour l’homme peu croyant ? Il faut prier : « Seigneur donne-moi plus de foi, une foi forte comme chez les saints ». Et si nous avons la foi, comme chez les saints, si nous avons l’amour du Christ, comme chez les saints, alors nous aurons la même joie que chez les saints. Alors, nous comprendrons ce que les saint apôtre Paul voulait dire par ses paroles : « Soyez toujours joyeux » (I Thess. V, 16). Et c’est précisément ce qu’il nous faut, à nous chrétiens.
– Est-il possible, pour l’homme contemporain, d’acquérir une foi aussi forte que chez les saints ?
– Pour acquérir une telle foi, cette prière est nécessaire et importante : « Seigneur Jésus-Christ, Fils de Dieu, aie pitié de moi pécheur ». La prière est nécessaire, avant de s’endormir, à notre réveil, pendant toute la journée. L’amour du Christ est important. Il faut chercher des possibilités de Lui être agréable. Dans chaque situation, nous avons un choix : agir selon les passions ou agir comme cela est agréable à Dieu. Nous devons toujours nous demander : « Quelle est ma réaction à telle ou telle situation qui sera la plus agréable à mon bien-aimé Seigneur Jésus-Christ ? » Il faut agir en conséquence. Et alors, le Christ, chaque fois, nous enverra un peu de Sa grâce. Si nous acquérons graduellement la grâce divine dans notre cœur, c’est cela précisément qui aidera la graine de la foi de grandir dans notre cœur. Et de cette graine peut apparaître une magnifique fleur parfumée. Chez chacun de nous, il y a un cœur vivant qui bat, aime et souffre. Et il faut que nous nous efforcions à aimer plus le Christ, croître dans l’amour envers Lui, aimer plus la Mère de Dieu, s’efforcer d’être plus obéissant aux commandements du Christ. Certains décrivent cette croissance comme une échelle, certains comme l’ascension d’une montagne. Mais l’essence ne change pas, il s’agit de la croissance spirituelle. Et il n’est pas nécessaire que ce soit brusque, saccadé, non. Doucement, pas à pas. Rappelez-vous ce qu’a dit le Sauveur : « Quiconque donnera seulement un verre d’eau froide à l’un de ces petits parce qu’il est mon disciple, je vous le dis en vérité, il ne perdra point sa récompense » (Matth. X,42). Les petits pas que les chrétiens accomplissent parce qu’ils sont chrétiens et qu’ils veulent montrer à Dieu qu’ils l’aiment s’additionneront en quelque chose de plus grand. Et à la fin, l’homme deviendra un saint. Encore une fois, je voudrais insister sur le fait qu’il s’agit d’une question de foi. Nous avons des exemples de saints, dont des saints contemporains, qui montrent par leur vie que l’on peut atteindre la sainteté.
– Monseigneur, dites, je vous en prie, avez-vous vous-même rencontré des gens que l’on pourrait appeler « saints » ? Ne pourriez-vous pas parler de vos contacts avec eux ?
– Oui. Je vais en nommer quelques-uns, connus de tous. Par exemple, le saint ancien Éphrem de Katounakia. Une fois, je suis monté dans sa cellule à Katounakia (sur le Mont Athos), qui était située dans un endroit difficile d’accès. Mais j’étais jeune à l’époque, et j’étais capable de le faire. Il était vieux et aveugle et ne pouvait rien voir. Il était entouré de disciples. Il m’a béni. Et moi, jeune garçon inexpérimenté, j’ai senti à ce moment-là que j’étais en présence d’un héros spirituel d’une puissance impressionnante, un prophète de l’Ancien Testament semblable au prophète Moïse. C’est la sainteté que l’on peut littéralement ressentir autour de telles personnes. J’ai également rencontré l’Ancien Païssios du Mont Athos. Que puis-je me rappeler à son sujet ? – Son extrême bonté, sa simplicité et sa très grande humilité. À cette époque, je n’étais qu’un simple novice, disons-le, rien du tout. Mais ce saint homme vint à moi et me demanda ma bénédiction (prévoyant probablement par son don de clairvoyance que celui-ci deviendrait évêque, NdlR). Il manifesta envers moi une énorme humilité. J’ai encore rencontré l’Ancien Aimilianos (Vafeidis), du monastère de Simonos Petra. Probablement, cette rencontre fut l’une des plus importantes de ma vie. Je suis allé à Simonos Petra avec un hiéromoine de mes connaissances. L’Ancien commença à parler à ce dernier, et moi, qui étais novice, je me contentais d’observer. Bien sûr, c’était la bonne chose à faire de la part de l’Ancien. En général, quand je suis venu pour la première fois au Mont Athos, je rêvais de voir particulièrement cet Ancien. J’avoue que j’étais un peu contrarié à ce moment-là qu’il ne me manifeste aucune attention, mais qu’il communique seulement avec mon compagnon. J’ai commencé à prier. Et à un moment donné, l’un des moines s’est approché de moi et m’a dit : « L’Ancien veut te parler. » Je suis immédiatement allé le voir. Comme je l’ai déjà mentionné, cette rencontre a été l’une des plus importantes de ma vie. L’Ancien m’a dit beaucoup de choses qui m’arriveraient plus tard. Il m’a donné quelques conseils sur la façon de garder dans mon cœur le feu de la foi et la joie du Christ. Mais en plus de ses paroles, j’ai aussi été impressionné par le fait de sa présence à mes côtés, son doux sourire qui ne quittait jamais ses lèvres. Et peut-être devrais-je aussi mentionner l’higoumène du monastère de Karakalou, où je vivais à cette époque, l’archimandrite du grand-habit Philothée. Il était un disciple de l’Ancien Éphrem du monastère athonite de Philothéou. J’ai été subjugué par sa bonté et son amour. Je me souviens d’un épisode où il priait. J’étais à côté de lui à ce moment-là et j’avais l’impression que le soleil brillait à côté de moi, il était tout rayonnant… Toutes ces personnes étaient unies par un amour sincère pour tout et pour tous, par la simplicité dans la communication et par une foi fervente en Dieu.
– Vous avez servi au couvent Saint-Dimitri à Nea Kerdillia, en Grèce. Pensez-vous qu’il y a une différence entre le monachisme masculin et le monachisme féminin ? Pourquoi y a-t-il si peu de femmes parmi celles qui sont canonisées par l’Église comme saintes ?
– Bien sûr, l’essence de la vie monastique est la même pour tous dans n’importe quel monastère. Les hommes, d’ailleurs, remarquent souvent que les femmes réussissent mieux à organiser leurs monastères. Les moniales sont meilleures cuisinières, meilleures jardinières, et elles décorent généralement les couvents plus joliment que les moines. La principale différence, à mon avis, est le plus grand raffinement de l’âme féminine, qui est juste visible à travers ces manifestations extérieures. Le mode de vie monastique est le même pour tous, mais l’atteinte de la sainteté se produit différemment chez tous. Les moniales essaient de plaire humblement à Dieu, d’accomplir la volonté de Dieu dans leur vie, tandis que les moines s’efforcent de devenir des athlètes spirituels, s’épuisant avec les jeûnes et la quantité de prosternations. Je pense aussi que les moines essaient d’acquérir d’une manière ou d’une autre dans leur cœur une goutte de la tendresse inhérente à la Mère de Dieu, car par nature les hommes sont moins enclins à le faire. Et les moniales contemplent l’exploit des martyrs et essaient d’acquérir plus de masculinité et de force d’âme comme vertu. Ce sont là les différences, à mon avis. Mais le but de tous les moines et moniales est le même : vivre en Christ. C’est le but commun et le plus important. Pour ce qui concerne les saints, nous avons la Sainte la plus importante, la Très sainte Mère de Dieu. S. Nicodème l’Hagiorite a dit qu’Elle est la deuxième dans le Royaume de Dieu après la sainte Trinité. Vous rappelez-vous, nous avons, après la Pentecôte, l’office de tous les saints, lorsque nous honorons les saints, connus et inconnus. Honnêtement, je ne suis pas certain qu’il y ait plus de saints masculins, que féminins, dans le Royaume des cieux. La seule chose, me semble-t-il, est que l’on remarque plus sur la terre un saint homme qu’une sainte femme. Peut-être est-ce là la raison pour laquelle il y a plus d’hommes dans le ménologe.
– Vous avez traduit du grec en anglais des livres au sujet de saint Païssios du Mont Athos. Pourriez-vous en parler ?
– J’ai traduit deux livres sur lui, par obéissance à mon higoumène. Le premier avait pour auteur le hiéromoine Isaac (Attalah), il s’agissait de la biographie de l’Ancien Païssios. Le deuxième livre s’appelait « Le gourou, le jeune homme et l’Ancien Païssios ». On y parlait d’un jeune homme qui avait rendu visite à l’Ancien Païssios. Mais, continuant sa recherche de la vérité, il partit en Inde, visitant les ashrams. La demande de traduction de ce livre vint d’Australie, où il y avait beaucoup de jeunes gens qui étaient également allés en Inde et recherchant la vérité dans l’Hindouisme. J’ai donc traduit le livre depuis le début. Il y a, entre autres, des passages intéressants sur l’Ancien Païssios, sa sainteté et sa simplicité. Je reconnais qu’il ne m’était pas facile de travailler sur ce livre, mais je sais qu’en fin de compte il a été utile pour beaucoup de gens.
– Parlez de votre ministère en Alaska. Quelles sont vos difficultés et vos joies ?
– L’Alaska est un endroit merveilleux, où vivent des gens magnifiques ! Je n’ai jamais pensé que je deviendrai évêque dans cet État. Je vois en cela la Providence divine. Vous savez, il y a même quelque chose de commun entre la Grèce, où j’ai servi longtemps, et l’Alaska. Ici, il y a de nombreux villages orthodoxes. Et c’est pour moi une grande joie que de nombreux habitants locaux s’identifient comme orthodoxes. Ils ne sont pas russes, mais chez beaucoup d’entre eux, il y avait des ancêtres russes, peut-être des arrière-grands-pères ou des arrière-grands-mères. Et c’est assez courant. En grande partie, cela est dû aux mariages entre Russes et autochtones qu’en son temps, l’Alaska était devenu orthodoxe. Même jusqu’à ce jour, on peut percevoir ici de nombreux échos de la culture russe. C’est une grande joie pour moi que de visiter les paroisses orthodoxes locales. Mais, naturellement, il y a également les difficultés. Lorsque la Russie, au XIXème siècle, a vendu l’Alaska à l’Amérique, le gouvernement américain commença à exercer une grande pression sur les orthodoxes. Des protestants, baptistes, méthodistes, presbytériens et des représentants des autres dénominations ont été envoyés ici. Ceux qui étaient au pouvoir avaient pour idée de faire disparaître complètement l’Église russe de cette terre alaskienne. Ils fermèrent alors les écoles paroissiales russes dans tout l’Alaska, parce que l’on y parlait russe. Qui plus est, ils tentèrent de supprimer les langues indiennes parlées ici, c’est-à-dire qu’ils voulaient anéantir aussi la culture locale. Nous avons maintenant peu de prêtres ici. 80 paroisses sont directement rattachées à moi, et il y a en tout 25 prêtres desservant celles-ci. Un siècle entier après ces événements, l’existence de l’Église orthodoxe en Alaska est un miracle de Dieu. En effet, elle pouvait être complètement éradiquée par les missionnaires américains des autres dénominations qui étaient venus ici avec la Bible dans les mains. Récemment, nous avons fêté la Nativité du Christ, et mes paroissiens ont chanté le tropaire « Ta Nativité ô Christ notre Dieu ». Mon cœur se réjouit de tout cela. J’étais dans une paroisse dans une petite localité appelée Atka, et les fidèles locaux ont chanté pour moi le tropaire de la Nativité en slavon. Ils sont fiers de le savoir jusqu’à maintenant, depuis que l’Église orthodoxe y fonctionne puis le XIXème siècle. Ils n’ont pas de prêtre permanent depuis ce temps. Et quand nous avons célébré là-bas, tout le village est venu. Je dis franchement que je considère cela comme de petits miracles contemporains se produisant avec mon troupeau alaskien. Sans aucun doute, se trouver ici est pour moi une bénédiction divine. Oui, cela est très difficile, mais c’est réellement une bénédiction. Tout prêtre de Russie qui arrive jusqu’à ces lieux, peu sans obstacles y célébrer la Liturgie. Nous en serons très heureux. Les prêtres de notre diocèse regardent la Russie avec beaucoup d’amour. En général, les gens en Alaska ont gardé un amour chaleureux envers les prêtres russes. C’est parce que lorsque les chrétiens russes sont venus ici, dès le XVIIIème siècle, ils n’ont rien détruit et, au contraire, ils ont soutenu la population indienne locale. Qu’ont-ils fait ? Ils ont ajouté à la culture locale la foi dans notre Seigneur Jésus-Christ et la beauté de la foi orthodoxe. Lorsque, à leur tour, son arrivés les Américains des autres États, ils ont tenté de détruire tant la foi que la culture des peuples autochtones, souhaitant en faire des Américains moyens. C’est tellement merveilleux ici, et je suis très heureux et reconnaissant à Dieu de me trouver et de servir en Alaska.
– Monseigneur, vous avez visité la Russie. Partagez, je vous en prie, vos impressions sur notre pays.
– Cela a été une grande joie pour moi de séjourner en Russie et à Moscou. J’ai été très ému par la beauté des églises russes, des magnifiques offices, de la profonde piété des Russes, de leur hospitalité chaleureuse. Je prie que le Seigneur me donne l’occasion de séjourner à nouveau dans votre pays.
– Que souhaiteriez-vous dire aux fidèles russes, alors que nous allons nous séparer ?
– Je ne ferais que leur rappeler ce qu’ils savent déjà. Les croyants orthodoxes se trouvent dans la foi véritable, et il n’y a pas d’autre Vérité : « Je suis le chemin, la vérité, et la vie » (Jn XIV,6). La sainte Orthodoxie est le trésor par excellence. C’est pourquoi il faut garder la foi de la sainte Église orthodoxe, participer régulièrement aux Sacrements de l’Église, lire la vie des saints, accomplir la prière de Jésus, tant sur les lèvres que dans le cœur. Efforcez-vous de rétablir tout ce qui était saint et sacré dans la sainte Russie, observez les jeûnes et les fêtes de l’Église. Et alors les fidèles russes, comme de petits lumignons constituerons la lumière de la Russie. Et elle deviendra ce qu’elle doit être, la lumière pour tout le reste du monde, glorifiant Dieu. Amen.